Mords-moi Noé | Vanoé

II

NdA : j'espère que l'histoire vous plait jusque là ! C'est dans cette partie qu'il y a le plus gros de l'angst ; vous êtes prévenus !

J'espère qu'elle vous plaira, et joyeux Halloween ;)

...

« Mords-moi, Noé.

- Non, Vanitas. »

Les y voilà. Si intérieurement, l'humain était absolument outragé d'essuyer un tel refus, brisé par un rejet si catégorique, il fut trop médusé pour pouvoir répondre quoi que ce soit. 

« Ne bouge plus, et ne parle plus tant que je ne te l'aurais pas dit. »

Et le revoilà, le ton chaleureux qui le rendait docile comme un bon toutou. Que pouvait faire Vanitas contre ça ? Il ne voulait pas gâcher le tableau, voilà des heures qu'ils y travaillaient tous les deux, à leur façon. Quand Noé se fut rassis, deux réalisations frappèrent l'esprit encore un peu embrumé de Vanitas. La première était qu'il faisait de nouveau un peu frais. Ce n'était pas très grave, la cheminée gardait la température de la pièce confortable. La deuxième, c'était qu'il y avait une chose sous le satin qui était bien réveillée. Voilà un long moment qu'elle ne dormait plus, mais maintenant, elle était fièrement dressée, au garde-à-vous, et elle tentait capricieusement de se faire remarquer pour qu'on s'occupât d'elle.

Vanitas pria silencieusement pour que Noé ne l'ait pas remarquée, il pria pour qu'elle ne dérange pas les plis du satin, et ne se retrouve pas sur le tableau. C'était déjà assez embarrassant de dévoiler ses marques et cicatrices, il ne fallait pas en plus que cette traîtresse capricieuse vienne lui rendre la vie plus dure en s'imprimant sur la toile. Mais qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter ? Il n'aurait jamais dû faire ça. Il n'aurait jamais dû découvrir tant de peau, c'était sûrement trop tard maintenant. Si lui pouvait toujours se rhabiller, la figure sur le tableau serait à jamais dénudée, et sa peau striée des marques hideuses que Vanitas s'était toujours efforcé de dissimuler jusque là.

« Vanitas, regarde-moi. »

Et comme hypnotisés, les yeux de Vanitas vinrent trouver le sourire rassurant de Noé. Il s'était laissé distraire, lui qui avait prévu de ne pas le lâcher de la nuit s'il le fallait... Reposer son regard sur l'artiste qui s'appliquait à la tâche comme jamais eut un effet apaisant immédiat, qui fit s'envoler les doutes et insécurités de Vanitas comme les colombes dont on ouvre la cage. Son visage était toujours chaud, et la chose entre ses jambes toujours honteusement tendue, mais quand il voyait Noé peindre, Vanitas se disait que tout irait bien, que tout était parfait.

Il apparaîssait maintenant évident au regard scrutateur du médecin, que Noé le désirait. Noé avait envie de son sang, et il s'était fait violence de refuser. Depuis combien de temps exactement ? Vanitas ne saurait le dire, bien qu'il savait que le vampire avait toujours été attiré par son odeur. Noé ne semblait pas pouvoir admettre qu'une personne en pleine possession de ses moyens eut voulu se faire mordre, encore moins par un Archiviste. Alors, peut-être que Vanitas n'était pas en pleine possession de ses moyens dès que son camarade était dans les parages, puisqu'il lui faisait toujours tourner la tête et qu'il affolait son rythme cardiaque, mais ce n'était pas une décision que l'humain avait prise sur un coup de tête. Pas entièrement. Vanitas avait longuement réfléchi aux implications qu'un tel acte pouvait avoir, il avait passé de longues nuits d'introspection à se demander s'il le voulait vraiment ou si c'était juste une autre folie de son imagination perverse. Il ne cherchait pas que l'extase chimique de la morsure, c'était la connexion. C'était s'offrir corps et âme au vampire qui partageait sa vie depuis des années. Si Vanitas souhaitait tant aider son ami en lui offrant le sang dont il avait besoin, ce n'était certainement pas par bonté d'âme contrairement à ce que Noé semblait croire. Il voulait se sentir vivant, et cette idée l'obnubilait depuis près d'un an. Une raison purement égoïste, pour un humain purement égoïste.