(TRIGGER WARNING: SEXUAL ASSAULT)
Et puis c'est bien trop dur, bien trop douloureux, de continuer à vivre, de réprimer ses cris, de taire sa détresse et de réduire son âme au silence. Tout s'effondre autour de moi et je ne sais pas si cette fois encore, je parviendrai à rester debout, et le cas échéant à me relever. Je l'ai fait par le passé, certes, mais ai-je jamais été brisée comme je le suis présentement ? Ai-je déjà, été consciente, comme aujourd'hui, d'avoir été hantée par un spectre tout droit sorti de mon enfance tout au long de mon existence ? J'ai toujours prétendu être indestructible, et je n'avais pas fondamentalement tort car, après tout, comment détériorer un élément qui n'est déjà plus ?
A 17 ans, mes yeux se closent et mon souffle se coupe, je revois défiler les images de ce visage. Je ressens ces mains sur mon corps frêle et tremblant, cette boule se former dans ma gorge m'empêchant de protester, ce sentiment de honte, cette frayeur et puis de nouveau ces mains glaciales. A 6 ans à peine, je revois cet homme se pencher sur mois, et je me revois obtempérer, décontenancée et par-dessus tout, silencieuse, comme si cela m'était égal. A 6 ans à peine, je ressens mon innocence m'être arrachée et j'entends cette voix me susurrer que rien de tout cela n'est réellement grave et ne mérite d'être dévoilé. A 6 ans à peine...
J'aurais aimé, bien entendu, trouver les mots plus tôt et parvenir à soulager ces maux avant d'en être inexorablement consumée, mais le temps fait resurgir les souvenirs avec une violence inouïe et chaque instant de solitude me replonge dans ce cauchemar, dont je doute d'avoir réellement été consciente jusqu'à il y a peu.
L'ai-je cherché ? Ai-je proféré des paroles poussant à croire en mon consentement ? Impossible. Comment consentir à une chose qui nous est incompréhensible ? Pourquoi ce souvenir fait-il surface une décennie plus tard ? N'aurait-il pas mieux valu qu'il demeure oublié, donc inexistant ? Si briser le silence ne suffit pas à m'affranchir du sentiment atroce joint à ces pensées, aurais-je mieux fait de me taire pour qu'elles parviennent à me sembler irréelles pour une fraction de seconde supplémentaire ? Peut-être est-ce de nouveau moi qui refuse de me défaire de ma douleur car son confort m'est rassurant tant il m'est habituel ?
Progressivement, je renonce à un jour obtenir une quelconque réponse à ces questions et à parvenir à porter ce lourd secret sans que cela ne me détruise. Je me résous ainsi à souffrir indéfiniment de cette douleur insoutenable à laquelle je suis désormais accoutumée et à tenter de vivre comme, et tant que, je le peux.
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Late Night Thoughts.
PoetrySouvent, tard dans la nuit, lorsque les insomnies se multiplient et que les souvenirs refont surface, je suis prise par une soudaine aliénation, me poussant à agir sous l'impulsion du moment, à écrire, si bien que je me perds dans le flot d'idées qu...