.5.green...

5 1 9
                                    


Mes semaines sont de plus en plus longues depuis l'appel que j'ai passé à ma famille : Mes soeurs, Catherine et Geneviève exigent toujours des cadeaux plus fous les uns que les autres, allant des nouvelles paires de chaussures, incontournables à la popularité pour la plus grande aux jouets qu'elle regarde à la télé pour la plus petite. Si seulement elles savaient ce que j'endure ici, mais bon, je ne dois pas aimer la paresse. Mes frères, Harry et Arnold quant à eux, sont plus cools et me demandent seulement si tout va bien. Je n'ai pas pu parler à mon père à cause de son absence, c'est dommage !

Matthew. Je me suis rappelée de son prénom quand je l'ai croisé la semaine suivante dans la cour avec une jolie blonde; Il m'a alors poursuivie dans tout le campus pour me raconter  qu'ils ne faisaient qu'un devoir de géographie, mais qu'est-ce que j'en ai à faire de sa vie? Après à la cantine, il m'a dit qu'en fait je lui plaisais et tout le blabla.

On ne se voit qu'une fois et de surcroît la première impression n'est pas la bonne, et ça se dit amoureux ? Parce qu'on est tous d'accord que si quelqu'un te plaît, c'est que tu en es amoureux non? Si ce n'est pas le cas, je n'y comprendrai jamais rien à ces histoires.
Du coup, je suis partie en le laissant en plan, sans réponses.
Deux semaines passées et je ne l'ai plus croisé, ce qui me plaît bien.

Après trois heures de révision suivies d'un réveil douloureux, un petit déjeuner inexistant parce qu'on a plus de provisions et un retard au cours sur les caractéristiques physiques et chimiques de la matière quelques objets, je suis à présent au somum de cette journée chaotique : les rumeurs.

Je déteste que l'on parle de moi, je n'aime pas être remarquée et encore moins lorsqu'il s'agit de mon état financier ou physique.
Je fais le maximum pour vivre dans un pays où je n'ai pour famille que ma cousine et les gens se débrouillent quand même pour médire à mon sujet. Mais le pire c'est que je suis assez timide pour ne rien rétorquer à mes voisines de table à la cantine qui me fixent sans détour avec désapprobation.

- Elle n'a rien à se mettre sous la dent alors elle le prend aux autres! Dit l'une d'elles.

- Je l'ai vu samedi entrain de draguer le caissier de la supérette du coin, c'est sûr qu'elle est vraiment désespérée la pauvre, ajoute une autre le sourire aux lèvres, et assez fort pour que les gens autour se retournent.

Je baisse un peu plus dans mon pot de yaourt saveur fraise, en veillant à bien cacher mon visage avec ma chevelure. Je ne veux pas affronter leurs regards, encore moins la pitié des uns et la méfiance des autres. Si à chaque fois que je fais les courses ça se finit ainsi, on ne va pas aller bien loin.

Je le voyais dans les séries pour adolescents, ce qui se passe dans les établissements scolaires. La tension entre les populaires et les personnes qu'ils jugent  d'inférieures . Je n'ai jamais pensé que j'y serai inclue un jour. Chez moi, tout le monde est à peu près populaire, personne n'est mis de côté que ce soit pour les conflits ou pour la paix. Je suis là "sainte" de l'histoire dans les deux camps, sauf que ici ils se moquent de moi et là-bas, ils m'admiraient.

Après un rapide coup d'œil, les gens se regroupent petit à petit autour de nous, les filles et moi, et après mûres réflexions le mieux serait de se lever à toute vitesse et courir loin d'ici pour directement rentrer à la maison, je n'ai plus de cours de prévu aujourd'hui.
Menant l'idée à l'action, je m'élance, prête à disparaitre. Alors que j'étais presque sortie du groupe, quelq'un me saisit le bras, si vite que je m'étale sur le sol dur et froid.

Je n'ai pas peur, loin de là je ne suis pas le moins du monde effrayée. Au contraire, je suis assez perplexe face à la situation. Je ne sais même pas ce qu'ils me reprochent. Ils n'oseraient pas faire du mal à une personne sans défenses, si? À cette idée, une ombre d'angoisse passe devant mes yeux, me rappelant sans efforts la période où l'on m'a agressée. A croire que je ne vais jamais pouvoir oublier cette histoire.
Je soulève la tête, toujours posée par terre et rencontre le regard de mon agresseur. Ce visage, je le reconnais. Ces yeux marrons, cette chevelure de la même couleur et surtout la boucle qu'il a à son oreille gauche: c'est lui mon agresseur ( cette fois-ci au sens propre).

Prince Ou Grenouille ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant