Prince Ou Grenouille ?

.1. lui

La nature. C'est ce que je préférais dans mon pays. L'agréable et fraîche brise du vent, les forêts verdoyantes à perte de vue, le chant des oiseaux se joignant à la douce mélodie de la symphonie jouée à la radio. Nous ne vivions pas en ville en quelque sorte. Pour certains, notre ville était leur village d'origine et pour d'autres, notre village est leur ville. Cet aspect est un peu compliqué en effet.

La ville étant polluée et trop mouvementée, nous avions aménagé avec ma famille, dans un endroit un peu plus reculé. C'est la campagne comme on l'appelle ici. Quand l'argent venait à manquer, mon père se donnait toujours à fond pour nous offrir ce dont nous avions besoin et pour que nous ne manquions de rien. Mon père, c'est un modèle pour moi; il a toujours été là pour nous même quand notre mère s'en est allée. Malgré sa douleur, que tristement je voyais chaque fois qu'il nous souriait, il s'est toujours montré fier. C'est en partie pour lui que je me bats. Je veux qu'il vive dans de bonnes conditions et toujours le soutenir : c'est mon rôle en tant qu' aînée de la famille après tout.

Le Canada a toujours été ma destination de rêve et voilà que j'y suis. Chloé, quant à elle n'a pas eu trop de difficultés. Sans en être jalouse, je suis fière qu'elle soit ma cousine. C'est mon deuxième soutien. Elle est la cadette et n'a pas souffert de problèmes financiers ni d' insociabilité. Elle avait des amis, de vrais amis sur qui elle pouvait compter. C'est peut-être pour ça que ce mot m'est presque inconnu : amis, parceque j'en avais sans réellement en avoir. Parceque le manque de confiance en moi que j'avais les faisait fuir. Parce que je n'en prenais pas vraiment conscience d'avoir des "amis".
Parce qu'ils ne savaient pas réellement me cerner...pour mieux me détruire.

...

- Chloé c'est bon je suis réveillée. Tu n'as pas besoin de m'agresser les tympans avec ta musique, et puis tu n'as pas cours aujourd'hui ?

- Non Darling, aujourd'hui c'est vendredi et je n'ai pas cours tu t'en souviens ?

- En parlant de cours, aujourd'hui j'ai physique, ce qui veut dire que ? Dis-je à Chloé qui sait déjà où je veux en venir.

- On le sait tous que tu étais nulle en physique au lycée et que tes plus grandes notes étaient situées entre cinq et sept, me répond t'elle en souriant, maintenant va te doucher c'est moi qui suis de corvées et je voudrais pas que tu m'empêche de réaliser mon objectif de ce matin.

- Lequel ? Ne pas t'endormir en écoutant la musique que tu mets toi-même pour travailler ? c'est hilarant, je lance à ma cousine en riant. Et puis, tout le monde n'est pas au courant que j'étais un peu en retard par rapport aux autres en physique; si tu pouvais juste mettre un doigt sur ta petite bouche pour la fermer, je te promets une surprise ce soir.

- Ok à toute, dit-elle en descendant de mon lit, j'attend ma surprise mais ne t'inquiètes pas, tu n'échapperas pas à mon bisou du matin.

- tu sais que je n'aime pas du tout ça, dis-je en faisant la moue, c'est très dégoûtant !
Comme seule réponse, elle m'envoie un bisou volant que je fais semblant d'éviter et elle sort enfin en fermant la porte derrière elle.

Il est temps pour moi de me mettre en mode Flash pour être à l'heure cette fois. J'opte, après réflexion pour un pantalon ample jaune ainsi qu'un t-shirt un peu grand de couleur violette.
Je ne prend qu'une pomme que je mange sur le chemin et me voici arrivée à l'université, toutes mes affaires en main.

Les talons de mes bottines noires font claquer le sol de la cour parsemé de pavés. Cette université est grande et c'est la représentation parfaite du mot "Art"; les murs sont de couleurs bleu ciel et sont si hauts que les oiseaux pourraient y passer leurs vacances. Je lève doucement les yeux et un ciel bleu turquoise que je n'avais pas remarqué s'offre à moi; les nuages forment des arborescences aux figures rigolotes et je m'imagine couchée sur l'un d'entre eux, le calme m'apaisant et mon sourire se décuplant.
C'est fou! J'ai l'impression qu'ils m'appellent, qu'ils me disent de me stopper, de me poser, de cesser ce combat contre moi-même.