Chapitre 1

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Un soleil blanc pointait le bout de son nez dans une rue ou les âmes n'étaient pas encore éveillées. Des camions autonomes ramassaient les poubelles mises la veille sur les trottoirs. Quelques animaux errants tentaient de voler les dernières ordures tombées. Les personnes levées à l'aube pour travailler venaient tout juste de sortir de chez eux.

C'est une sonnerie cinglante qui réveilla la jeune femme. Son réveil avait toujours eu des disfonctionnements de sons très désobligeants. Elle l'éteignit aussi vite qu'il lui était donné de faire. Elle ne ressentait pas la moindre fatigue ni la moindre somnolence malgré l'heure précoce. Elle se leva de son matelas et se dirigea devant son miroir. Elle tourna la tête à gauche et à droite en se reg regardant, pour vérifier ses oreilles. Tout semblait en ordre. Elle vérifia également son ventre. Rien d'étrange non plus. Elle faisait ça tous les matins depuis que les pièces métalliques avaient doublé de prix.

Elle sortit de la pièce sombre et se dirigea vers la cuisine. Elle alluma la lumière et appuya sur plusieurs boutons juste au-dessus de cet interrupteur. Plusieurs appareils se mirent alors en route. Le grille-pain. Le four. La machine à laver. Seule la cafetière ne semblait pas vouloir se mettre en route. Elle s'approcha de la machine et la fixa pendant quelques secondes. Elle abattit sa main deux fois de suite dans un bruit sourd. La cafetière démarrait enfin.

- Bonjour Kaya.

La jeune femme se détourna de la cafetière pour regarder la personne qui venait d'entrer dans la pièce.

- Bonjour Monsieur Ivanov. Avez-vous bien dormi ? répondit elle.

L'homme lui lança une réponse, mais la jeune femme ne l'écoutait qu'à moitié. Elle lui apporta un café et du pain.

- J'ai vu que tu n'avais pas nettoyé notre garage hier soir. Tu le feras ce matin.

La jeune fille acquiesça et sortit de la cuisine. C'est vrai qu'elle n'avait pas nettoyé le garage hier soir. Ses bras lui faisaient des caprices et refusaient de lui obéir. Elle avait décidé par elle-même de ne pas effectuer ce nettoyage. Elle échouait rarement à ses tâches. Il faut dire qu'elle était payée une misère par Monsieur Ivanov. C'était un fonctionnaire du gouvernement, un homme froid et très peu bavard. Il avait acheté Kaya il y a maintenant 3 ans. Il avait besoin de compagnie et d'une personne à qui confier les tâches barbantes comme le ménage, la cuisine... Kaya était un peu son "homme-à-tout-faire". Au début, il ne l'a pas payer pendant 3 mois. Elle n'osait pas le lui faire remarquer, car les androïdes qui ne plaisent pas à leur propriétaire sont revendus aux marchands avec une mauvaise lettre de recommandations pour les futurs acheteurs. Autrement dit impossible de retrouver un nouveau propriétaire et ces androïdes finissent à la casse.

Désormais, elle avait un petit salaire versé toutes les fins de mois. Mais même avec cette somme, elle ne pouvait pas se payer de réparations internes dignes de ce nom. Chaque jour, elle se voyait tomber en lambeaux. Il lui arrivait parfois de réparer elle-même son bras, sa jambe, sa main. Ses compétences dans le domaine avaient des limites.

Elle se dirigea vers le garage et lorsqu'elle ouvrit la porte de celui-ci, une forte odeur d'huile la prit au visage. Son maître n'avait pas jugé utile de lui mentionner qu'une fuite du chauffage central s'était produit dans les derniers jours. Kaya avait des aptitudes de mécanicienne. Mais avec le peu d'outils qui lui était mis à disposition, il lui était difficile de réparer pleinement toutes les pannes.

Elle s'approcha du chauffage central et inspecta l'engin, essayant de trouver la source du problème. Au vu de ce qu'elle voyait, cela n'allait pas être chose aisée. Le ventilateur de la machine était entaché d'huile de moteur et les conduits électriques, complètement déconnectés du panneau d'alimentation interne. Elle ne voyait qu'une seule solution : racheter un nouveau radiateur. Cela reviendrait moins cher que de dépenser l'argent de Monsieur Ivanov en pièce détachée.

Seul problème, Monsieur Ivanov n'aimait pas dépenser son argent. Kaya espérait qu'il l'autorise à racheter un nouvel appareil. Elle retourna donc à la cuisine et s'assura qu'il n'était pas en train de travailler ou faire quelque chose de plus important que de l'écouter parler. Il lisait le journal du matin qui était livré à la porte tous les matins. Elle se lança.

- Monsieur Ivanov ?

Il ne leva même pas les yeux de son journal et se contenta de tourner la page suivante bruyamment.

- Qui y a-t-il ?

- Excusez-moi de vous dérangez, j'ai bien peur que la panne du chauffage central dépasse mes compétences en réparation.

Il leva les yeux vers elle et soupira.

- Pourquoi venir me dire ça ?

- Et bien, poursuivit elle, j'espérais que vous m'autorisiez à en acheter un nouveau aux docs, cela vous coûtera beaucoup moins cher que de perdre votre temps à acheter des pièces détachées qui ne tiendront pas longtemps.

Un silence s'installa. Il se leva de son siège et ouvrit un tiroir avec une clé en hauteur qui n'était pas à la portée de Kaya. Il en sortit une petite pochette et en tira quelques billets. Il lui tendit.

- Tiens, c'est ton budget. Il serait préférable que tu ne dépenses pas tout bien sûr.

Elle le remercia et prit dans ses mains les billets. Elle se dirigea dans la pièce qui faisait office de chambre des domestiques. Elle attrapa un manteau et se rejoignit la porte d'entrée de la maison. Elle utilisait un manteau malgré le fait qu'elle ne ressentait pas les morsures du froid. Les androïdes n'étaient pas forcément les espèces les plus appréciées en ville. Elle préférait donc passer le plus discrètement possible dans les dédales des rues.

Une fois à l'extérieur, elle se dirigea vers les docs. C'était un immense marché couvert où l'on pouvait trouver à peu près tout. Depuis que la contre-bande avait été punie de mort, les docs étaient devenues un lieu beaucoup fréquentable au plus grand bonheur de Kaya. Les contrebandiers avaient la sale réputation d'attaquer des androïdes domestiques pour les dépecer et les revendre en pièce détachée.

Kaya referma son manteau sur elle en croisant ses bras pour couvrir autant de parties possibles de son corps. Elle baissa la tête et marcha tout droit. Les docs étaient à 20 minutes de marche de la maison de Monsieur Ivanov.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 12, 2022 ⏰

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