Prélude

58 2 2
                                    

Assied toi, seul délaissé de tous et de tout. Regarde l'horizon et projette le sur ton corps, sur ton âme. Inspire toi de toi même. Trouve dans ton esprit l'essence du monde et répands sur l'univers la liqueur de ton cœur brisé. Souviens toi que rien n'existerait si tu fermais les yeux.
Lorsque tu auras accomplit la ruine de ton monde, place toi ailleurs, quitte ton trône et vas t'asseoir au milieu des décombres. Regarde ton apocalypse avec d'autres regards, depuis d'autres endroits. N'ait pas peur de la quête, il n'est ni besoin de long voyage ni de grande solitude. Tout t'est un horizon.
Alors, au moment où l'objet de ton étude éclate sur ton être, tu trouves le mot ; crache le. Regarde-le avec haine car il est tiens et qu'il est imparfait. Puis, enrage contre toi même d'être cause de cette imperfection. Laisse toi guider par la colère jusqu'au croisement sublime de la raison et du cœur. Martèle le papier pour faire naître la lumière. Improvise toi poète car il n'y a que toi pour l'être.
Quand tu auras embelli l'imparfait, confronte toi à l'idée que tu écris seulement car tu mourrais de ne pas le faire, n'agis plus que pour toi, n'exige de toi même que de vivre pour toi.
Ne leur en parle pas, de peur qu'ils ne comprennent rien ou qu'ils ne veuillent rien comprendre. Tu auras beau leur expliquer dans le langage le plus clair, ton lien avec le monde, ton rôle dans l'univers est unique. Ils ne comprendraient pas. Écris car seul le papier peut conserver de telles pensées. Comprends qu'ils aiment lire mais écrire t'est essentiel.
Ainsi, dans la solitude d'un instant qui t'es la solitude d'une vie, voûte-toi pardessus ton atelier et perce toi les mains de ta plume, imprègne ton cœur de l'encre de tes mots car le vide serait un supplice plus terrible. Ton esprit à achevé son pernicieux travail, c'est à ton corps de leur offrir l'éternité.
Enfin, le devoir accomplit, cache aux yeux de l'univers que tu es blessé. Ils ne doivent pas savoir que tu es différent, que tu ne comprends pas leur monde et que leurs mots sont à tes yeux milles insultes en un regard et milles caresses en un sourire. Ils ne doivent pas savoir que sans eux tu n'es rien car ils te détruiraient.
Puis rend toi compte que tu n'es que l'amas des fragments de tes rencontres, et vas leur lire tout. Parle leur, quand bien même tu aurais à le faire avec la première venue. Et laisse la te répondre. Laisse la, en un regard, unir à jamais vos univers. Offre lui l'envie d'avoir cœur d'orner chacune de tes nuits. Et laisse la te fuir. Ainsi, sa course enivrante laissera dans ton cou, comme un ultime baiser, qui goûtera la honte et la mauvaise nudité.
Retrouve si tu veux un vieux frère dont tu as été séparé il y a si longtemps. Fais toi miroir de son âme, tu verras ton reflet dans ses yeux. Tu comprendras que rien n'est vrai et qu'à toi seul revient de déterminer ta place dans ce monde. C'est à toi d'établir ta vérité dans celle des autres. Aime les pour ce qu'ils sont, pas pour ce que tu as besoin d'être.

Le Préambule des Tendresses Où les histoires vivent. Découvrez maintenant