[ OS ] Fortis imaginatio generat casum

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Traduction du titre (latin) : "Une forte imagination produit l'événement."

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« C'était terrifiant. »

Assise sur un fauteuil des plus confortables, face à ma meilleure amie, La Mort, je cogitai, ressassant les images qui tournent encore en rond dans ma tête. J'ai fait un rêve affreux, cette nuit, et il fallait que je le lui raconte.

« Je... voyais, ressentais tout. Sarimée était souillée, son sol regorgeait de sang, j'en percevais sans mal l'odeur ferreuse... Tout était pourpre, sa terre sombre, les murs dorés du Palais, mon trône... Même l'air, me semblait rouge... Tout était... littéralement à feu et à sang. L'Enfer était...- devenait un réel enfer... Et moi... J'étais désorientée, je ne savais plus que faire, plus où donner de la tête. Tout autour de moi semblait se dérouler en accéléré... Et moi, j'avais l'impression de ne pouvoir bouger qu'au ralenti. J'étais dépassée. Dépassée, moi, tu me rends compte ! Ça ne m'est pourtant jamais arrivé ! »

Mon amie hocha lentement la tête, elle semblait triste, étonnamment. Se plongeait-elle tant dans mon récit qu'elle ressentait ce que j'y vivais ? Je n'y prêtai pas attention, et continuai de raconter mon rêve, enfin, cauchemar.

« Flammenmeer... avait gagné, je crois bien... Les Puristes avaient atteint Sarimée, puis Le Loch, et avaient réussi à... exterminer tous les Dignitaryless... Ryan était dans un sale état, tous les Dignitaires étaient tombés... »

La Mort sembla troublée. Je me savais bonne oratrice, mais là... Je commençais à avoir l'impression que quelque chose n'allait vraiment pas. Peut-être était-elle en train de penser à autre chose... Après tout, je la savais du genre à fuir les situations fâcheuses... Les conflits, et les mauvaises ondes, ça n'était vraiment pas sa tasse de thé, et je ne pouvais que la comprendre. Je continuai donc.

« Rien n'allait, là-dedans, rien... Tout était... noir, triste, morne, éteint... Et... rouge, horrible, véritablement traumatisant... Je me sentais... perdue, et incroyablement seule dans la grande salle du trône... Il n'y avait presque plus personne, mais j'entendais encore des cris autour du Palais... Ma demeure, ma belle demeure aux murs ensanglantés... Et puis, soudain... »

Je frémis. C'était encore... si frais, clair, dans mon esprit... Si réel...

« Soudain mes pouvoirs étaient... bloqués, annulés par une force dont j'ignorais la provenance... Et suivait une... une douleur perçante, fulgurante, juste au bas de mes côtes... »

Par réflexe, je posai ma main sur mon estomac.

« C'est comme si... je la sentais encore, ici... La hallebarde qui me transperçait de part en part... Tant de monde avait été tué, mutilé, et pourtant... Elle était incroyablement propre... Elle n'avait pas encore été utilisée. Comme si elle m'avait été... réservée. Comme si elle était faîte pour être exposée façon trophée... avec en sous-titre "L'arme qui a tué la Reine de l'Enfer". Parce que oui... »

Je pris une grande inspiration, tremblant un peu, fébrile.

« ...Elle me tuait. Je me voyais- Non, je me sentais mourir... Je sentais la hallebarde faire le chemin inverse pour quitter mon torse, et mon corps affaibli s'effondrer sur les dalles en or, tandis que je me vidais de mon sang... Privée de mes pouvoirs, j'étais incapable de me soigner... Je sentais mes forces me quitter, des flashs de souvenirs passant sous mes yeux... Je réalisais ce que c'était, que de mourir, et apprenais qu'en effet, on voyait toute notre vie défiler devant nous... Et puis... Plus rien. Tout devenait difforme, puis flou, puis comme néantisé... »

Je me tus quelques longues secondes. La Mort semblait toujours plus abattue, et je ne comprenais toujours pas pourquoi.

« Et alors... Je me réveillais. Tout était fini... J'étais encore...- de nouveau là... Ce n'était qu'un rêve... Mais, dis moi, j'ai besoin de ton avis... Je n'ai qu'une crainte... : Penses-tu que cela puisse être une vision, plutôt...? »

Mon amie, La Mort, releva finalement la tête vers moi. Elle pleurait, énormément, à chaudes larmes. En tremblant un peu, me regardant droit dans les yeux, un beau sourire triste sur les lèvres, elle souffla doucement :

« Évidemment que c'était une vision, Cendre... »

Je ne compris pas pourquoi elle semblait si certaine, mais attristée de la voir si peinée, je me levai pour venir vers elle et l'étreindre.

Mais je lui passai au travers.

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