╏ Chapitre 2 ╏

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Assise gracieusement sur la banquette arrière de la somptueuse voiture de Chase, les rayons du soleil déclinant de cet après-midi d'été caressaient et éblouissaient légèrement mon visage. Chase, impeccablement vêtu, se trouvait au volant, tandis que Lewis, imposant et taciturne, occupait le siège passager avant, silencieux depuis le début de notre trajet.

(T/P), pourrais-tu enfin nous révéler notre destination exacte ? s'impatienta Chase, son irritation trahissant un agacement croissant.

Contente-toi de suivre le GPS, Chase, répliquai-je d'un ton tranchant.

Ce n'était pas la première fois que Chase se plaignait en cette demi-heure, menaçant de prolonger son sommeil la prochaine fois. Lewis, quant à lui, observait stoïquement le défilement du paysage.

Ces deux-là m'inspiraient une tristesse indicible.

Lewis, avec son calme glacé, ses cheveux d'ébène indomptés retombant constamment sur son visage, et sa mâchoire carrée rasée de près, incarnait une beauté froide et inatteignable. Chase, en revanche, était un véritable paradoxe vivant. Tantôt exubérant et plein de vie, tantôt replié sur lui-même, il était imprévisible et difficile à vivre. Ses sautes d'humeur rendaient la cohabitation ardue, et seule la drogue semblait lui offrir une échappatoire temporaire.

Je serrais mon téléphone entre mes mains, un sourire espiègle jouant sur mes lèvres en songeant aux deux caractères si distincts de mes compagnons. L'écran affichait le dernier message de Sanzu : "En espérant que tu viennes. D'ici là, passe un bon week-end," accompagné d'un plan indiquant sa localisation exacte. Comment avait-il obtenu mon numéro, cela restait un mystère.

Pour cette occasion, j'avais opté pour une tenue sobre, rehaussée par un blazer coloré que je laisserais probablement dans la voiture, la chaleur automnale rendant son port insupportable.

Le GPS indiquait une arrivée imminente, mais le décor environnant suscitait le doute : immeubles en ruines, rues crasseuses, lampadaires brisés, créant un tableau digne des films les plus sombres. Je commençais à douter de l'exactitude de l'adresse fournie.

Par précaution, une arme était dissimulée dans ma poche. On n'était jamais trop prudent. La possibilité d'une embuscade ne pouvait être écartée, et mourir stupidement à mon âge n'était pas dans mes projets.

(T/P), nous sommes arrivés, m'informa Lewis en ouvrant ma portière. L'endroit est... particulier, ajouta-t-il en scrutant les alentours.

Expirant profondément, je priai intérieurement que cette aventure ne soit pas une mauvaise plaisanterie. Je retirai mon blazer, le déposai sur un siège avant et refermai la portière avec détermination.

Chase et Lewis, en retrait, se tenaient sur leurs gardes, prêts à intervenir. Leur présence constante était un réconfort.

Le bâtiment, une masse imposante et décrépite, se dressait devant nous. Nombreux étaient ceux qui s'aventuraient à l'intérieur sans garantie d'en ressortir indemnes. Une irresponsabilité fascinante. Pensai-je.

À l'intérieur, la surprise fut totale : un luxe ostentatoire contrastait avec l'extérieur délabré. Une ruse ingénieuse pour échapper à l'attention des autorités. L'achat d'un immeuble en ruine pour en faire un QG : une stratégie audacieuse.

Des murmures accompagnaient notre passage, susurrant des interrogations. À première vue, nous aurions pu passer pour de simples criminels prêts à tout détruire avant de fuir dans une Lamborghini garée à proximité, mais nos intentions étaient bien plus subtiles.

Chase et Lewis, maintenant à mes côtés, les mains dissimulées dans leurs poches, étaient prêts à dégainer à tout moment. Cet environnement leur était manifestement déplaisant.

Cet endroit est hallucinant, chuchota Chase. Es-tu sûre que c'est un endroit sûr ?

Non, j'attends juste que...

Soudain, un homme manifestement ivre, et mal éduqué osa poser ses mains sur mes hanches. En temps normal, je me serais retournée, prête à exiger des excuses à genoux, une arme pointée sur sa tempe. Mais Chase fut plus rapide, attrapant fermement son poignet, prêt à le tordre.

Tente encore une fois de la toucher, et je te casse la figure, menaça-t-il.

Bien que Chase parlât doucement, tous les regards se tournèrent vers nous, figés par la curiosité.

Depuis quand les prostituées ont des chiens de garde armés à leur service ? rétorqua l'homme en se tordant de douleur. Absurde !

S'énerver n'était pas une option aujourd'hui. Ignorer cet homme en répondant intelligemment était la solution.

Laissons-le, il ne sait même pas ce qu'il fait, dis-je en rejoignant Lewis.

Une détonation retentit soudainement, et l'homme s'effondra, une balle logée dans son crâne. Personne ne cria, personne ne sembla choqué. Au contraire, un soulagement palpable se lisait sur les visages.

Ce n'était pas Chase qui avait tiré, mais un jeune homme à l'apparence spectrale, cheveux blancs comme neige, cernes marquées sous les yeux.

Lewis, on a trouvé pire que toi en termes de blasé, plaisanta Chase.

(T/P), suivez-moi, dit calmement le jeune homme.

Il nous guida à travers des couloirs luxueusement décorés jusqu'à une pièce semblant être un bureau. Trois chaises d'un côté, une seule de l'autre. Son nom me revint alors : Manjiro Sano, alias Mikey, fondateur de la plus grande organisation criminelle.

Je m'assis, observant mes compagnons. Chase, arborant un sourire satisfait, semblait fier. Lewis restait impassible.

Vous semblez très détendue, débutai-je. Mais vous savez. je ne suis plus aussi forte, courageuse et précise qu'avant. Seule, je ne fais pas le poids.

C'est pourquoi je vous ai fait venir, tous. répondit Mikey. Ensemble, vous êtes redoutables et même si votre activité a été stoppée, vos compétences restent les mêmes.

Chase sourit de plus belle face à cette déclaration. Lewis, lui, restait stoïque.

Je ne m'y oppose pas, déclara Chase. Les mélanges de poudres me manquent.

Même si notre quotidien va me manquer, la décision te revient, (T/P), ajouta Lewis.

Je fermai les yeux un instant, sentant la pression retomber. Ils avaient accepté sans hésitation. J'acquiesçai d'un mouvement de tête.

Très bien, dit-il comme si ma réponse avait déjà été une certitude. Les exécuteurs les plus expérimentés vous montreront les règles du Bonten. Vous resterez ensemble, comme toujours.

Excuse-moi, Sano, mais tu n'aurais pas... ?

Mikey, corrigea-t-il.

Mikey, je cherche quelque chose...

Demande à l'entrée, répondit-il avant de sortir.

Seuls, nous ressentîmes un mélange de crainte et d'excitation. Une nouvelle ère commençait pour nous. De nouvelles responsabilités, de nouvelles rencontres. Et, ensemble, nous étions prêts à tout affronter pour le meilleur comme pour le pire.

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1960 mots

𝑶𝒗𝒆𝒓𝒅𝒐𝒔𝒆 - 𝑺𝒂𝒏𝒛𝒖 𝒙 𝑹𝒆𝒂𝒅𝒆𝒓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant