2⏳ Lenny

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Le monde avait changé autour de moi en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "cacahuète". Drôle d'expression, je sais. Entre le deuil que vit mon meilleur ami, notre proche entrée à l'université et ma nouvelle vie amoureuse, les choses semblent s'enchaîner sans trêve. A peine avais-je annoncé sortir avec Greg à mes parents que ces derniers se sont efforcés de nous séparer par tous les moyens.

Je sais que Greg n'est pas parfait. Loin de là. Mais je mentirais si je disais que je l'étais moi-même. Non, il n'est pas de ces illuminés bien éduqués qui comptent faire des études de droit ou d'économie. Il n'est pas non plus de ces brutes sans cervelles qui effraient les gamins du coin. Il est Greg : grand, peu musclés, sourire un peu béat, souvent perdu dans son monde,... Je crois que c'est ce qui le rend si attachant.

Mes parents m'ont sans cesse répété qu'un jour je finirais avec Gimon, mon meilleur ami. Cela n'arrivera pas. Entre lui et moi c'est différent. Il est comme un frère pour moi, et je n'ai pas pour habitude de tomber sous le charme de mon frère. (Grand bien me fasse.) Ceci ne les empêche pas pour autant de continuer à tout mettre en œuvre pour voir leur vœux s'exaucer dans un futur proche. La première étape sur leur liste : se débarrasser de Greg, le petit ami peu désirable. Retenez-moi, je sens que je vais les étriper.

Bref, tout ça pour dire que l'équipe Gimon et Lenny contre le reste du monde est à l'apogée de sa carrière. Notre dernière mission en date (et d'ailleurs toujours d'actualité) : prouver à mes parents qu'ils ne veulent pas nous voir ensemble jusqu'à la fin de nos vies. Dis comme ça, cela peut paraître ennuyeux à mourir. Détrompez-vous. Je n'avais pas autant ri depuis une éternité. Simuler des disputes ridicules et faire les pires bêtises avec son meilleur ami ne peut être que bénéfique pour le moral. Croyez-en mon expérience.

-Prête ?
-A lancer des cupcakes partout dans le salon pour effrayer mes parents ? Évidemment.
-Parfait, répond Gimon amusé.

Ce dernier attrape un cupcake rempli de glaçage, se le fourre dans la bouche et cours dans le salon où se trouvent mes parents. Je pars à ses trousses avec la boîte pleine de ces petits gâteaux.

-Je t'avais dit de ne pas en manger ! hurlais-je avec mon meilleur jeu d'acteur.

Du coin de l'oeil je peux apercevoir mes parents qui commencent à se poser de sérieuses questions sur la situation, visiblement pas rassurés de me voir avec la boîte de cupcakes pleine à craquer.

-Tu savais qu'il m'en fallait 30 ! Tu as tout gâché !

Je réussi à faire sortir quelques larmes (je m'en félicite sincèrement) et continue de fixer Gimon avec un regard noir. Ce dernier tente de me répondre mais sa bouche encore pleine de gâteaux ne lui permet pas spécialement d'articuler. Je me retiens de toutes mes forces pour ne pas exploser de rire. Plus facile à dire qu'à faire.

-Tu ne m'écoutes jamais ! Je te déteste !

A ces mots, j'attrape un cupcake et le lance de toutes mes forces en visant Gimon. J'aurais aimé vous dire que j'ai eu ma cible mais malheureusement mes talents pour viser sont légèrement absents depuis ma naissance. (Une belle tournure pour avouer que je suis nulle pour viser les gens.) Mon meilleur ami n'a pas eu de mal à l'éviter et le gâteau s'est écrasé sur le mur, laissant une trainée de glaçage avant de retomber au sol.

-Lenny ! s'écrit ma mère en se levant d'un bond du canapé.
-Raté ! me nargue Gimon avec son air satisfait.

Je vous laisse imaginer la suite : j'ai vidé la boîte de cupcakes un peu sur tous les meubles du salon (en comptant le meuble appelé "Maman") en courant après mon meilleur ami qui les esquivait sans difficulté. De leur côté, mes parents tentaient par tous les moyens de m'arracher la boîte de pâtisseries des mains et de me ramener à la raison mais je m'amusais trop pour les laisser faire si facilement.

Finalement, Gimon a été renvoyé chez lui avec une cascade d'excuses de mes parents (il a dû bien en rire) et de mon côté j'ai passé les trois heures suivantes à nettoyer la maison. Après ça, j'ai été privée de dîner et fortement invitée à ne pas sortir de ma chambre. Evidemment, je n'ai pas suivie cette invitation. Aussitôt enfermée, j'ai quitté la maison par ma fenêtre pour rejoindre Greg. Peu importe ce que mes parents pensent ou veulent pour moi : je souhaite tout le bonheur du monde à Gimon avec la fille qui fera vibrer son cœur, le mien appartient déjà à quelqu'un.

Le tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant