Une vie normale ? (LRDF) [En Pause]

Chapitre 10 :

Brume se leva d'un bond et sauta sur sa professeure, prête à défendre son amie. Honnêtement, elle n'avait pas trop réfléchi, son sang n'avait fait qu'un tour lorsqu'elle avait bondi instinctivement pour protéger Flora. Mais avec une force surprenante, Claira/Jolie l'envoya bouler d'un simple coup de patte contre le bureau de bois. Le coin heurta durement sa tête, Brume se roula en boule sous le choc et le noir apparut. Elle eut tout juste le temps de penser qu'elle avait quand même eu sa dose d'inconscience quand elle glissa dans le noir, aspirée.

*

«Je n'y crois pas... Tu es sûr ? ... C'est quand même incroyable... Bien sûr, ça nuira à notre réputation... Hors de question, Tsunami ! Ce n'est pas sa fau... Elle a essayé d'aider Flora ! ... Arrête tes théories complotistes !» protestait une voix lointaine. Brume cligna des yeux, ankylosée. Elle tenta de se redresser avec peine, puis finit par abandonner. Ses yeux étaient embués, elle avait l'impression d'émerger d'un sommeil particulièrement profond et particulièrement cauchemardesque, une grosse migraine lui martelait la tête, elle avait l'impression qu'elle était bourrée de parchemin en bouillie. Elle était comme immobilisée.

La dragonnette argentée lâcha un soupir, ce qui lui arracha une grimace de douleur. Elle mobilisa toutes ses forces pour retenter un redressement. Elle réussit à se hisser sur quelques centimètres, mais finit par relâcher tout et perdit la moitié de sa hauteur en grognant un peu.

Elle tenta de recoller les morceaux de souvenirs éparpillés. Mauvaise initiative. Je vois un souvenir revenir, un souvenir que j'aurai préféré oublier... Attends c'est qui cette dragonne qui a attaqué Flora ? Sérieux, j'ai même pas été capable de déranger d'une griffe cette gringalette ? Oh, je suis ridicule... Je parie que c'est ce fichu bureau qui m'a expédié ici. Ça doit être l'infirmerie, hélas...

«Brume d'Argent ! Vous êtes enfin réveillée ! J'ai cru que vous alliez ne jamais reprendre connaissance, soupira quelqu'un à côté d'elle. La convalescente sursauta et tourna brusquement la tête, geste qui lui arracha un petit cri de douleur. Elle grimaça, puis regarda plus doucement cette fois-ci. Une dragonne sombre comme nuit noire se tenait à côté d'elle, un morceau de tissu humide à la patte. Elle étendit celui-ci sur le front de sa patiente et commença à l'examiner.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi je suis là ? Depuis combien de temps je suis ici ? mitrailla celle-ci, en se laissant faire.

- Eh bien, tu as été assommée. Tu es restée dans cet état vingt minutes, si ça te rassure, répondit l'Aile de Nuit en s'affairant. Loin d'être rassurée- bon, en réalité, elle avait eu peur de s'être évanouie plus longtemps, donc une petite part d'elle était soulagée-, sa patiente continua à l'ensevelir de questions jusqu'à ce que l'infirmière la menace de la bâillonner. Alors la dragonnette se mit à bouder. Mais ses enfantillages ne durèrent pas bien longtemps : quatre dragons- encore eux...- venaient de faire irruption dans la grotte-infirmerie. L'Aile de Nuit qui s'occupait de Brume les fusilla du regard mais s'éloigna, les laissant discuter.

- Bon. On avait dit : prochain accident, tu sautes. Mais apparemment, ce ne serait pas ta faute si tu attires les problèmes comme des œufs d'hippocampes à un papa hippocampe. Alors, tu restes ici, toujours sur la sellette bien sûr, annonça sombrement Tsunami avec un air renfrogné.

- Ah. Euh... Brume hésita. Elle était censée répondre quoi ? Elle détourna le sujet : Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Il vaut mieux qu'on te montre... soupira Argil.

- Enfin... remarqua Comète d'une petite voix.

- Clara était pas Claira, pour faire simple, expliqua Sunny.