Peter Parker et les Defenders

Il s'appelait Peter Parker

Le silence régnait dans le bar. On n'entendait que le bruit des verres qui tintaient, l'horloge, et les raclements de gorge. Il devait être trois heures du matin, mais ils n'en étaient pas sûrs, car il y avait eu tellement de bagarre que c'était un miracle si l'horloge fonctionnait encore. Jessica ne prenait même pas la peine de boire dans un verre. Ils ne se regardaient pas, se contentaient de rester pensifs. La tragédie les touchait tous. Certains plus que d'autres.

- Comment il s'appelait ? demanda Frank vers trois heures quarante.

- Peter Parker, déclara Jessica. Seize ans, brun, yeux noisettes, génie, grand cœur.

Ils ne demandèrent pas comment elle savait tout ça. Peut-être que le garçon avait enlevé le masque en sa présence, peut-être qu'elle avait enquêté. Ils hochèrent simplement la tête. A nouveau, le silence, les bruits de boisson. Il n'y avait pas grand chose à dire. Ils ne le connaissaient pas. Pas tellement, du moins. C'était simplement Spiderman. Un justicier qui sauvait les chats dans les arbres, qui adorait faire des gâteaux, qui riait et ensoleillait la nuit de ses semblables. Un homme -non, un enfant- qui portait le poids du monde sur son dos, mais qui ne se laissait jamais abattre. Il y avait toujours une personne à sauver, un criminel à arrêter. Et quand les nuits étaient vraiment calmes, il s'asseyait sur un toit, les jambes pendantes dans le vide. Et il admirait les étoiles. Une fois, alors que le reste de la bande l'avait rejoint, se reposant et appréciant la compagnie des autres (mais personne ne l'aurait avoué), il leur avait dit une phrase, qui les avait marqué. "Chacun a besoin d'aide. Être un justicier, ce n'est pas aider la ville, ou la protéger. C'est une façon de se reconstruire. Un homme heureux ne sort pas la nuit pour aider les autres. Un homme malheureux devient un justicier pour oublier sa douleur." Et puis, il était parti. Et il était revenu la nuit suivante, comme si de rien n'était.

- Qu'est-ce qu'ils disent ? demanda Luke.

- Disparu, répondit Matt. Pas de corps, pas de mort officielle.

Luke hocha la tête, et tendit son verre à Jessica, qui le resservit. Spiderman n'était officiellement pas mort. C'était ridicule. Tout le monde avait vu l'épée, et la chute, et le démon. Spiderman ne pouvait pas être vivant. C'était mathématiquement et médicalement impossible. Les habitants s'acharnaient pour le retrouver, assurant que non, il n'était pas mort. Il y avait des battues, des théories de complots, des idées de voyage dans le temps. C'était stupide. Certains racontaient que Spiderman était simplement en train de se cacher parmi le peuple, et qu'il finirait par revenir.

- Il avait de la famille ? demanda Danny.

- Une tante, dit mollement Jessica.

L'horloge indiquait quatre heures vingt-cinq. La nuit était bien avancée, et bientôt, ce serait le matin. Aucun d'eux ne voulait bouger. Ils ne voulaient pas dormir. Ils n'avaient pas peur des cauchemars, mais de revivre cette grande bataille.

Spiderman sauta sur Matt, l'entraînant vers le sol. Ils atterrirent sur une benne à ordure. A l'endroit où ils se trouvaient plus tôt, il n'y avait plus qu'un cratère.

Matt but son verre d'un seul coup, pour oublier. Arrêter d'y penser. Ce n'était pas de sa faute. Ce ne pouvait pas être de sa faute si Spiderman s'était luxé l'épaule en ralentissant la chute. Ce n'était pas à cause de ça qu'il n'avait pas pu arrêter la lame qui plongeait vers son ventre.

- Ils veulent faire un deuxième Spiderman, articula Frank.

- C'est impossible, contredit Danny.

- Je sais.

Le jeune homme était sur tous les fronts. Il avait ce rôle d'assurer les arrières de l'équipe, de mettre en sécurité les civils et de vérifier qu'aucun méchant ne s'échappait du périmètre de combat. Malgré tout, il se retrouva assiégé par ces petits lézards (de la taille d'un enfant de 12 ans). Leur venin était très dangereux, il causait des brûlures très graves. Spiderman avait son costume assez endommagé, qui laissait voir de belles blessures.