Lollipop, celle qui ose

7- Les orgasmes féminins

Quelques jours sont passés, Evelyne me fait demander à son bureau, je pense qu'elle va me parler de mon article. J'espère qu'il lui a plu ! Je me suis beaucoup inspirée des messages échangés avec mon Monsieur Mystère et de mes nouvelles expériences.

Je toque et rentre dans le grand bureau de la rédactrice en chef. C'est une pièce assez spacieuse et lumineuse avec une baie vitrée. Evelyne est confortablement assise dans son fauteuil et me sourit. Je crois que c'est bon signe, enfin j'espère! Elle ne m'invite pas à m'asseoir, je reste debout un peu mal à l'aise mais elle m'annonce très vite :

— J'ai fini de lire votre article et je dois dire Nicole que vous m'avez époustouflée....

Elle parle de moi ? Wow, elle vient vraiment de dire le mot époustouflée ?!

— ...je trouve que vous avez très bien traité ce sujet tabou. Vous avez combiné un sujet de société avec une pointe d'érotisme et d'humour. C'est un cocktail étonnant mais ça fonctionne, poursuit-elle.

— Merci Evelyne, je suis ravie que mon sujet vous plaise.
— Continuez à m'épater, vous irez loin, Nicole !
— Vous pouvez m'appeler Nicki.
— Je préfère Nicole, c'est tellement plus classe et c'est votre prénom, je me trompe peut-être ? me dit-elle d'un air des plus guindés.

Elle me fait signe de prendre congé et Esmée rentre juste à ce moment-là avec des papiers. Je retourne à mon petit bureau.

Nicole plus classe, vraiment ? Affreux oui !

Je déteste entendre mon prénom. Il me vient de ma grand-mère paternelle, mamie Nico, absolument pas féminin ! Nicole n'est franchement pas plus harmonieux à l'oreille que les surnoms comme « Nico » ou encore « ni colle ni stylo », oh celui là, je l'ai entendu un paquet de fois dans la cour de récréation ! Quelle horreur ! Le pire, c'est que mes parents hésitaient entre soit Nicole soit Pélagie donc franchement je ne m'en sors pas si mal après tout.

Je rêve d'être un jour à la place d'Evelyne mais c'est un poste qui se mérite. Tout le monde ne peut pas devenir rédactrice en chef ! Eh oui, c'est une compétence qu'on acquiert avec l'expérience et beaucoup, beaucoup de travail fructueux.

À la pause déjeuner, j'accompagne Paul à notre petite brasserie préférée. Ici, ils font les meilleurs croque-Monsieur de tout Paris et en plus, c'est à deux pas du magazine. À table, je lève mon verre d'eau, évidemment il me faut encore les idées claires pour mon après-midi de travail et porte un toast :
— À mon prodigieux article sur les orgasmes féminins !
— Evelyne a aimé ?
— Elle a adoré et pour reprendre ses mots : je l'ai « époustouflée avec ce cocktail  étonnant qui fonctionne. »
— Waouh, quel compliment. À ton article !

Il trinque avec moi, nos plats arrivent et nous continuons d'échanger sur notre boulot tout en mangeant.
— Alors des nouvelles de ton fantasmagorique Monsieur Mystère ? Vous allez vous revoir ?
— Je lui ai envoyé un message en lui proposant de remettre ça et il m'a répondu qu'il en serait ravi mais pour l'instant, je n'ai pas plus de nouvelles.
— Où est ma Nicki ? T'aimerais vraiment le revoir ?
— Pourquoi tu crois que je ne devrais pas ?

Est-ce que c'est une mauvaise chose de remettre le couvert ? Je devrais peut-être répondre à d'autres invitations mais à part lui, personne n'a suscité autant mon intérêt. J'aime sa façon d'écrire et il a ce truc qu'il arrive à réveiller en moi, ce petit démon de Lollipop !

— Tu peux mais tu sais, c'est bien d'expérimenter d'autres choses et d'autres personnes. Enfin ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas une appli pour des relations sérieuses !
— J'avais compris Paul mais il sait titiller mon intérêt...et puis il me plaît bien...enfin du peu que j'ai vu.

Il me sourit, je ne sais pas si il comprend mais nous continuons sur d'autres sujets autour d'un café et nous retournons à nos postes. Dans l'après-midi, je reçois un message de M.M : 

< Bonjour ma mystérieuse Lollipop, serais-tu disponible ce vendredi ? >

Il ajoute plusieurs emoji coquins comme l'aubergine, l'abricot et la langue comme si sa demande n'était déjà pas assez explicite. Je ne peux m'empêcher de rire toute seule. Paul me regarde au loin, je lui montre mon portable et j'articule pour qu'il comprenne : « M.M ». Il agite son pouce et articule un « super ». Mon weekend est maintenant booké !

Dans la soirée, je reçois un dernier message de lui me confirmant l'heure et le lieu. C'est le même hôtel sauf qu'il n'a pas pu réserver la suite mais il a tout prévu, il sera dans le lit, nu prêt pour moi et je pourrai prendre mes aises dans la salle de bain vu que la chambre classique est configurée d'un petit couloir qui accède à la salle de bain et plus loin au lit. Il ne verra donc rien.

J'ai hâte d'y être. Nous n'établissons pas de vrai protocole, nous ferons au feeling mais il aimerait que nous en profitons aussi pour discuter de nos fantasmes respectifs dans le but de les mettre en pratique par la suite.. Et puis le noir est là aussi pour exacerber nos limites et aller un peu plus loin.

Je me demande ce que je pourrais lui avouer ? Qu'il m'attache ou que je l'attache ? Ou parler de sodomie ? Un acte que je n'ai pas vraiment pratiqué, enfin c'est plutôt un mauvais souvenir avec un ex ! Je ne parle pas de mon dernier, non, je parle d'un autre, l'avant dernier pour être plus précise. Pendant l'acte, durant un aller-retour, il est sorti et a forcé la zone arrière.

Ouille ! Oui ! C'est ce qu'on appelle une sodomie ratée !

Je sais qu'on dirait presque le stand-up de Blanche Gardin « La première fois que... » mais c'est beaucoup moins comique !

En tout cas, l'idée de réessayer avec un homme plus doué me plairait bien, surtout depuis mes recherches pour mon article. Il paraît qu'il accompagne à merveille l'orgasme clitoridien et que certaines femmes n'arrivent presque plus à jouir sans qu'on leur stimule cette zone. Cette idée réveille en moi Lollipop, l'aventureuse diablesse ! L'affamée de sexe ! Mumm!