Lollipop, celle qui ose

9- Shopping

Une fois arrivée, je dépose le tout dans la cuisine et pars prendre une petite douche. Paul se lève, il est plutôt matinal car il va en général au sport. Il rit en me voyant déjà levée et prête.

— Tu viens avec moi à la salle Lollipop ?
—  Non, je sors justement d'une séance intensive de stretching !

Il sourit et part sous la douche. Pendant ce temps, je prépare le café. Mon coloc me rejoint juste à temps et nous discutons tout en petit déjeunant.

— Alors Lollipop, ta soirée était très chaude ? me questionne-t-il en bougeant machinalement ses sourcils.

Paul est très théâtral dans ses gestes, une diva ! Je lui raconte quelques détails de la nuit :

— On a beaucoup...tu vois ce que je veux dire, je t'épargne les détails hétéros. On a aussi discuté mais j'ai préféré encore conserver le secret.

— Pourquoi tu veux rester à ce point mystérieuse ? C'est un 10/10 côté cul mais aurais-tu peur que ce soit un 0 pointé de tête? me demande-t-il.

— Je ne pense pas mais si tu veux mon avis je ne suis pas très objective. Et puis, vu qu'il fait noir quand je suis avec lui, c'est vrai que j'en sais rien.

Évidemment, j'omets mon pet vaginal qui m'a bien mise mal à l'aise mais je lui confie ma peur :

— Mais ma crainte c'est que peut-être moi, j'en suis un de 0... et que je ne sois pas à son goût.
— T'es folle, tu es sublime ! Et puis si tu ne lui plais pas, tant pis ! Y en a plein d'autres dans la nature !

Je crois que M.M me plaît plus que je ne veux l'avouer. J'apprécie vraiment cette complicité naissante entre nous. Du coup j'aimerais qu'on se découvre encore un peu plus avant de me dévoiler à lui.

J'ai peur de ne pas plaire à M.M. C'est plus facile pour moi de tisser des liens dans l'obscurité car il n'a pas d'a priori physique vu qu'il ne voit pas mon double menton et encore moins mes jarrets. Merci Joe pour cette remarque pertinente de l'époque ! Et encore si c'était la seule... J'étais tellement amoureuse de cet abruti sans cervelle, beau à souhait mais tellement superficiel que je me suis laissée dénigrer. En fin de compte, ce n'était qu'un jaloux possessif qui avait besoin d'une nana peu sûre d'elle pour briller et être rassuré alors qu'il couchait avec d'autres. J'ai mis vraiment trop de temps à m'en rendre compte mais mieux vaut tard que jamais comme on dit et aujourd'hui, je me reconstruis à mon rythme.

— À mon avis, tu lui manques déjà, ce qui veut dire qu'il est sous ton charme, me fait-il en me montrant l'écran de mon portable.

M.M m'a envoyé un message :

< Bonjour ma délicieuse et mystérieuse Lollipop, tu es partie beaucoup trop vite ce matin. Ton corps me manque déjà. À très vite. >

Paul qui est juste derrière moi, c'est permis de lire le message.

— Tu vois, qu'est ce que je disais !

Il a peut-être raison mais chaque chose en son temps, je ne veux pas brûler les étapes !

Plus tard dans la journée, je pars faire du shopping avec Arielle et Paul.
Objectif : trouver une tenue de soirée pour les 50 ans de Sublime.

Nous faisons une tonne de boutiques pour dégoter la robe parfaite. Paul est d'excellent conseil. J'essaie diverses tenues, certaines plaisent plus à ma meilleure amie et d'autres sont plus à mon goût. Ça passe par tous les styles, du plus excentrique au plus classique....

— Trop mémérisant Nicki ! Fais sortir Lollipop de sa cage ! me supplie Paul.

Je crois qu'il n'aime pas mon tailleur pantalon. Pourtant je le trouve sympa et je me sens à mon aise dedans. Au moins, je n'ai pas l'air d'un saucisson comme dans la tenue précédente !

— C'est pour une banquière, ça ! Essaye la jaune ! me suggère Arielle.

Je rentre dans la petite cabine d'essayage et enfile la jaune choisie par ma meilleure amie. Au moment où je passe mes épaules, j'entends un petit crac et n'ose plus bouger. Je commence même à transpirer comme un bœuf, tellement la honte me gagne. Quelle horreur manquait plus qu'ça !

J'ose tant bien que mal appeler mes amis au secours. Paul s'empresse de venir et soupire en regardant la taille.

— Non mais Nicki, arrête de dire que tu mets du 40 !
— Avec la bonne gaine, ça passe !
— N'importe quoi, je te ferai dire que tu mets du 44 et je vais même te donner un 46 vu comme l'avant-dernière te boudinait.

Trahison ! Je le fusille du regard mais ravale ma fierté mal placée. Lui s'en fiche complètement alors qu'Arielle est gênée et s'excuse de son choix.

Le grand blond exécrable revient avec une robe rose à paillettes, très voyante mais à la bonne taille. Ouais, le maudit 46 qui doit m'aller comme un gant ! Je l'essaye et sort de la cabine absolument pas convaincue.

— On dirait une grosse boule à facette !
—  N'importe quoi ! On dirait une star ! s'écrit mon coloc fou de joie.
— Un truc plus simple, s'il te plaît. J'ai déjà pas mal de volume à assumer et toi tu seras bien assez coloré pour deux.

Arielle me ramène une robe noire, brillante, coupe fourreau près du corps. Je l'essaye et là, quand je sors et que je me vois dans le miroir, un gros « Waouh » sort de ma bouche !

—  On prend celle-là ! À l'unanimité ! déclare Arielle.

On choisit des escarpins noirs avec une découpe très sexy qui laisse apparaître la naissance de mes orteils puis une petite pochette classe et un peu bling bling comme le farfelu qui m'accompagnera.

Je passe en caisse et bonne nouvelle, le vendeur est un crush de Paul. Il me fait une jolie ristourne et batifole en même temps avec mon coloc qui joue le jeu à merveille.
Merci Paul ! Qui aurait cru que tes plans culs me serviraient un jour !

Nous faisons une petite pause dans un café car Arielle commence à se sentir mal, elle a besoin de sucre. Elle commande une pâtisserie et un chocolat chaud. Paul l'accompagne et choisit presque la même chose. Moi, évidemment après avoir subi l'épreuve de plusieurs tenues mal ajustées – j'aurais dû emmener une gaine – et presque craqué une robe, je me contente d'un simple café noir et de mes petites peaux autour de mes ongles pour l'accompagner. Vive le régime !

— Ta nuit de folie ne t'as pas assez ouvert l'appétit ? rigole-t-il.
— Quelle nuit de folie ? Nicki ? s'inquiète mon amie.
— Elle était avec M.M, dévoile mon coloc.
— Quoi ? Encore ? Et tu ne m'as rien dit !
— Je ne voulais pas t'inquiéter et puis tu vois bien que je suis saine et sauve ! la rassuré-je.

Elle m'observe mais elle ne me demande pas plus de détails sur ma soirée. Elle voit bien que je me porte à merveille.

— C'est sérieux entre vous ? me questionne Arielle.
— On s'amuse, on prend notre temps mais il me plaît beaucoup.

Elle ne dit rien de plus. Paul change de sujet, il nous parle d'un bar sympa en ville où on pourrait passer une bonne soirée pour l'anniversaire de Flavien. Ensuite il nous raconte ses dernières soirées croustillantes dont celle avec le vendeur :

— Cyril est assez sympa ! Enfin à plat ventre et tout soumis !
— Ah bon c'est ton truc les cinquante nuances maintenant ? rigole Arielle.
— J'ai plusieurs facettes que tu ne soupçonnes même pas, ma chère ! Multiples cordes à mon arc... et puis cinquante s'est trop peu pour moi , Grey ne m'arrive pas à la cheville ! glousse Paul en mimant un fouet.

Oh my god ! C'est donc ça les bruits qui sortent de sa chambre ! Indéniablement, mon coloc avec ses tenues improbables et ses goûts particuliers n'a rien à voir avec Christian Grey !