Lollipop, celle qui ose

17- Te fuir

Je me réveille la tête encore dans le guidon. J'ai pleuré toute la nuit, jamais je n'aurais imaginé un tel scénario. Il m'a menti, M.M s'est joué de moi. J'avais tellement envie d'y croire... Enfin, si je suis honnête avec moi-même, j'y ai véritablement cru. J'espérais au fond, que rencontrer l'amour sur une appli pouvait être possible. C'était utopique, quelle idiote que j'ai été! Les contes de fée sont pour les gosses et pas pour les grosses ! Vous avez déjà vu, vous, une héroïne grosse ? Moi non, ça ne doit pas être pour rien! J'aurais mieux fait d'accepter la proposition de sex-machine pour boire un verre et plus si affinités ou même d'un autre. Tiens d'ailleurs, Francky qui aimait mes gros seins, m'avait recontacté par la suite pour savoir si j'appréciais qu'on me suce les orteils. Il a tenté sa chance après tout et il a eu raison, comme le dit si bien l'expression : « qui ne tente rien à rien ». En plus ça aurait été une expérience originale à raconter dans un prochain article ou même sur scène. Au lieu de ça, il a fallu que je craque sur les abdos saillants et l'attrait du défi de M.M. Fichu tentateur trop sexy pour moi ! Marco semblait me correspondre sur beaucoup de points ! Lui mon M.M, un homme qui paraissait parfait mais qui m'a délibérément dissimulé la vérité en cachant sa situation maritale. Comment ai-je fait pour m'amouracher de ce type vous demandez-vous ? C'est simple, l'espoir fait vivre et j'en suis la parfaite illustration. J'ai voulu y croire et par conséquent, je me suis faite embobiner. Il faut croire que je n'ai pas appris de mes erreurs et je dois bien admettre que je n'ai finalement pas tant changé que ça depuis Joe...

Je me lève et quand je passe devant le miroir de la chambre, je pousse presque un cri d'horreur ! Des traces de mascara ont imprimé mes larmes sur mes joues, mes cheveux sont ébouriffés, quelle vision anarchique de moi-même ! Comment ai-je pu croire une seule seconde lui plaire vraiment... Je me démaquille histoire de limiter les dégâts et essaye au mieux de dompter ma crinière de lion avant de partir dans la cuisine. J'hume cette bonne odeur de nourriture sucrée qui vient chatouiller mes narines. Au moins, j'ai de quoi me consoler ! Tant pis pour les kilos, je ne suis plus à ça près de toute façon et je n'ai personne à qui plaire. De plus, je serais encore plus crédible pour mon personnage de scène.

- T'as une mine affreuse, chérie !

Paul est assis sur un des tabourets du bar avec ses chaussettes hautes et un peignoir pendant qu'il savoure son petit-déjeuner.

- Et toi t'as une touche avec tes chaussettes !
- Ok, tu m'en veux pour hier soir ! s'exaspère-t-il alors que c'est moi qui devrait l'être.

J'avais presque oublié qu'il m'avait lâché pour son photographe. D'ailleurs où est-il ? Un petit regard sur ses fesses pour me remonter le moral ne me dérangerait pas. Ben quoi ? La consolation ne passe pas forcément que par des gestes ou des paroles, elle peut aussi être visuelle non ? Bordel, Paul a beaucoup trop déteint sur moi !

- Où est ton apollon ?
- Dans la salle de bain, il nous a fait des pancakes !

Sa voix est enjouée et il me prépare une assiette. Je me pose avec mon café chaud face à lui, de la façon la plus nonchalante possible.

- T'as passé une si mauvaise nuit que ça ?
- Non, tu crois ? Vos gémissements ne nuisent pas du tout au bon voisinage ! Vos gémissements sont tellement discrets qu'on vous a probablement entendu jusqu'à chez la voisine!

Ils ont baisé une bonne partie de la nuit sans aucune pudeur ! Je couvre mes pauvres oreilles pour ne pas entendre Paul me raconter les détails croustillants de sa nuit, Dieu merci, Evan arrive à temps et m'épargne ça. Il se joint à nous un peu plus habillé que la première fois. Dommage ! Le petit-déjeuner se passe dans une ambiance érotico-gênante. Vous avez bien compris que «gênante», c'était plus pour moi que pour eux ! Les deux hommes se roulent des patins ou se donnent des petits noms ridicules ou encore, se caressent en se souriant bêtement. Pitié que ça s'arrête ! Saleté de karma ! J'ai dû vraiment être une horrible personne dans une autre vie ! Habituellement, je ne crois pas forcément à ce genre de chose mais à force, je me demande si je ne vais pas finir par y croire !