OS de l'Avent

2° Olivier Giroud

19 Septembre 2021
Turin, Italie

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- Tu t'en sors Salomé?

- Oui, oui, ne t'en fais pas!

Je fais signe à mon collègue que tout va bien, tout en finissant d'installer l'entièreté de mon matériel aux abords du terrain. Il faut que tout soit en place avant que les joueurs n'entrent sur la pelouse pour attaquer leur échauffement.

Depuis trois ans maintenant, j'ai quitté la grisaille de l'Angleterre pour venir m'installer sous le soleil italien en devenant la photographe attitrée du grand club qu'est la Juventus de Turin. Et en plus d'être en charge de prendre les photos des rencontres sportives de nos joueurs, je m'occupe également d'alimenter nos réseaux en photo, en collaboration avec le chargé de communication et un autre photographe couvrant la partie du terrain dont je ne m'occupe pas.

Aujourd'hui a lieu un match important pour cette 4e journée de championnat, la rencontre avec le Milan AC de Zlatan Ibrahimovic. Même si ce n'est que le début de la saison, les joueurs attendent ce match comme n'importe quel autre.

- Il fait une de ces chaleurs ce soir, c'est pas tenable! Je retire ma veste à l'effigie du club pour me retrouver avec le simple tee-shirt des membres du staff du club. C'est beaucoup mieux comme ça!

- Quand tu auras fini de commenter tout ce que tu fais, tu te concentreras! Les joueurs arrivent!

Je lève les yeux au ciel en posant ma veste sur ma petite valise à mes côtés et l'imite en grimaçant avant de me concentrer sur mon appareil dont je règle mon objectif pour pouvoir prendre l'entrée des joueurs sur la pelouse. Les cris des supporters s'élèvent à l'apparition de nos noirs & blancs, tout de suite suivi de sifflets à l'entrée des Rossoneri.

Je ne loupe pas une miette de l'entrée de nos joueurs locaux, mitraillant de photos chacun d'entre eux, sachant très bien que j'aurais le temps de faire du tri à la mi-temps. Je me concentre sur l'échauffement qui débute devant nous, essayant de garder mon attention sur eux alors que mon regard à tendance à être attiré vers l'autre côté du terrain, là où s'échauffe l'équipe adverse. Vers ce regard intense que je n'ai pas croisé depuis trois ans maintenant.

- Oh! Tu rêvasse là!

- Tu... je vais pour lui faire une remarque mais je me contente de soupirer fortement sans rien ajouter, ne voulant pas créer une polémique maintenant.

Les deux équipes rentrent au vestiaire et j'essaye de jeter des coups d'oeil discrets en direction du couloir d'entrée mais mes tentatives de l'apercevoir d'un peu plus près échouent lamentablement. Ça fait trois ans Salomé bon sang! Ressaisis-toi ce n'est pas le moment!

Je secoue vivement la tête et me reconcentre sur mon appareil. Je retire l'objectif de son socle et le remplace par un spécial pour le match, permettant de prendre les joueurs en mouvement sans que les photos ne soient floues.

La musique s'élève dans le stade et c'est côte à côte que les équipes font leurs entrées officielles sur la pelouse. En synchronisation avec mon collègue de l'autre côté, nous prenons chacun de nos joueurs avant de nous tourner vers le terrain où ils sont tous alignés. Mais à ce moment là, je manque de me liquéfier sur place lorsque son regard vient se planter dans le mien.

Je ne me souviens que trop bien de ce même regard qu'il pose actuellement sur moi, me provoquant cette chaleur à la fois autant agréable que douloureuse. Cette chaleur que j'ai tant ressenti il y a de cela longtemps, jusqu'à il y a trois ans pour la dernière fois.