OS de l'Avent

15° Didier Deschamps

16 juillet 2018
Russie

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- Ça va papa? Tu as une petite mine.

- J'ai peut-être légèrement abusé hier soir...

Je soupire en m'asseyant à table tout en me passant une main sur le visage alors que ma femme et mon fils, qui eux ont l'air plus que réveillé, rient tout bas en me regardant faire. J'attrape deux sucres face à moi pour les mettre dans la tasse de café que j'ai prise au buffet avant de venir m'asseoir. Il m'en faudra au moins une ou deux pour me remettre de la journée de hier et affronter celle-ci.

- Je crois avoir vu un de tes joueurs accroché à un sapin ce matin en passant devant l'une des vitres de l'hôtel.

- Après tout ce qu'ils m'ont fait vivre ces deux derniers mois, je t'avoue Dylan que ça ne m'étonne même plus.

Je lâche enfin un petit rire, imaginant très facilement Paul, Ousmane ou bien même encore Lucas dans la situation que me décrit mon fils. Avec tout ce qu'ils ont pu ingérer hier soir, tous autant qu'ils sont, je pense que certains n'ont pas encore décuvé ce matin, voire ne sont même pas allé se coucher.

- Et toi alors mon chéri, ça va ce matin?

Je souris à ma femme tout en reposant ma tasse, pratiquement vide déjà, sur la table. Si ça va ce matin? Je crois que ça ne peut pas aller mieux qu'actuellement. En revanche, si je réalise tout ce qu'il se passe? Je ne crois pas encore.

Je crois qu'il va vraiment falloir que nous remettions les pieds en France dans quelques heures maintenant pour réaliser tout ça. Ce titre qui est notre depuis hier soir, ce même titre que nous avons convoités tous ensemble durant des semaines, des mois, voire mes des années. Ce même titre qui aujourd'hui fait vibrer à l'unisson, au-delà d'une équipe, tout un pays.

- Ça va...plus que bien même.

- Tu ne peux pas savoir à quel point nous sommes fiers de toi Didier. C'est incroyable ce que tu as accompli avec ces jeunes. Ce parcours incroyable que vous avec effectué tous ensemble. Cette force avec laquelle tu les as emmenés jusqu'à la finale. Tes joueurs, ton staff et tout les français t'en seront à jamais reconnaissants!

- Merci Claude, ça me touche énormément.

- C'est la vérité papa! J'espère que tu te rends compte de tout ça! Même si tu n'étais pas sur le terrain, tu as été le pilier central de cette victoire.

Je leurs souris sincèrement en posant une main sur les leurs pour leur montrer que leur mots me touchent. Au delà de rendre fiers tout un pays, toute une nation, le plus important pour moi c'est de rendre fier ma famille.

Comme pour les joueurs, le rôle de sélectionneur demande d'énormes sacrifices concernant la vie privée et personnelle. Je m'en veux parfois d'être loin d'eux, de louper des moments importants comme des anniversaires ou autres évènements. Et tout ce que je fais, en dehors de le faire pour moi, je le fais principalement pour eux, pour qu'ils soient fiers et qu'ils voient que ce n'est pas pour rien que je me retrouve parfois loin d'eux.

- C'est quoi le programme de la journée maintenant?

- Déjà, il va falloir que j'arrive à faire en sorte que tout le monde aille faire ses valises, et ça c'est loin d'être gagné.

- Tu sais, vu l'envie qu'ils ont d'aller célébrer tout ça avec leurs supporters en France, je pense qu'il ne va pas falloir le leur demander dix fois!

- Tu marques un point.

- Et du coup après?

- Une fois toutes les valises prêtes, on va prendre le bus pour rejoindre l'aéroport et rentrer en France. Quand on aura fait ça déjà, on aura passé une bonne partie de la journée!

- J'ai tellement hâte de voir l'effervescence que ça doit être en France!!

Je souris en reprenant ma tasse en main pour finir mon café tout en échangeant un regard avec Claude, sûrement emprise du même souvenir que moi. Elle était déjà à mes côté il y a 20 ans quand nous avons vécu ce même moment.

Je me souviens encore de cette impatience qui nous imprégné tous. De nos coeurs battant à tout rompre au fur et à mesure que le bus se rapprochait des Champs-Elysées. Et surtout, surtout de cette marrée humaine qui nous a accueilli à notre arrivée. Je n'en reviens toujours pas du monde présent ce jour-là. Le bus a mis des heures pour rejoindre le palais de l'Elysée, nous mettant plus qu'en retard pour notre dîner avec le président.

Mais tout cela nous importait peu. Ce que nous voulions nous, c'est la cohésion avec nos supporters, voir la fierté que nous leur avions apporté en remportant ce premier titre. J'espère sincèrement que mes joueurs pourront connaître ça à leur tour tout à l'heure quand nous allons descendre, à nouveau, 20 ans plus tard, ces Champs-Elysées.

- Par contre, ça va être le feu de pouvoir manger avec le président!

- Je te signale que tu y as déjà mangé il y a 20 ans Dylan!

- J'avais deux ans papa, tu crois réellement que je m'en souviens? Et puis pour l'Euro y a deux ans je n'avais pas pu venir.

- Tu auras intérêt de bien te tenir! Ne va pas nous faire honte.

- Maman, tu crois sincèrement que c'est moi qui vais leur mettre la honte? Tu as vu les énergumènes qu'il a dans son équipe papa? Il n'a pas besoin de moi.

J'acquiesce les dires de mon fils en hochant la tête avant que nous nous mettions à rire tout les trois. Il a raison, je suis a peu près sûr qu'au moins l'un des 23 brelos de mon équipe va arriver à faire l'imbécile à l'Elysée, et je peux approximativement parier sur les mêmes que ceux que j'imagine suspendu à un sapin dans la cour de l'hôtel.

- Papa, je serais toi, je ferais attention...

- Pourquoi?

Sans que je ne comprenne, je vois progressivement mon fils et ma femme se lever pour s'éloigner de la table. Je me retourne pour voir ce qui peut bien leur arriver, mais je n'ai pas le temps de réagir que je me retrouve, une fois de plus, asperger de champagne, comme au moins quatre fois durant la soirée.

- Et pour Didier allez, allez! Et pour Didier allez, allez!

- Vous êtes sérieux les gars là?

- CHAMPION DU MONDE!!

Je ne peux même pas arriver à m'énerver contre eux, même si je vais devoir retourner me changer une énième fois. Heureusement d'ailleurs que je n'avais pas encore enfilé mon costume pour le repas à l'Elysée. Mais d'un côté, je ne peux que les comprendre. Ils sont champions du monde. NOUS SOMMES CHAMPIONS DU MONDE.

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Et voici notre quinzième petit cadeau du calendrier de l'avant! Sur Didier Deschamps

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