.1.

501 25 12
                                    



Je m'appelle Shun et je ne sers à rien.
C'est généralement de cette façon que je me présente aux gens. Juste parce que c'est vrai. J'ai fait des études ennuyeuses à en crever, pour faire un travail qui n'a pas plus d'intérêt que les études. J'habite dans un immeuble monotone, dans un quartier vide de toute forme de vie. Seule la boulangerie apporte un peu de mouvement à cet endroit, et encore. Je n'ai pas d'amis proches, une famille absente... Ma vie est plate et sans intérêt. Alors oui, je m'appelle Shun et je ne sers à rien.

Le ciel est dégagé en ce beau samedi matin, le soleil brille mais il fait très froid. Climat typique d'un matin de décembre. J'avais enfilé mon manteau pour aller jusqu'à la boulangerie. Juste pour aller acheter du pain, comme d'habitude. C'était, en quelque sortes, mon rituel du samedi matin. Je poussais la porte en verre, presque heureux de revoir tous ces gens que je voyais uniquement le samedi matin.

Mais cette fois-ci, au beau milieu de ces gens, se trouvais quelqu'un que je n'avais jamais vu. Normalement, il n'y avait que les habitués de cette boulangerie qui venaient ici à cette heure-ci. C'est pour ça que cet homme avait retenu mon attention. Il était grand. Blond. Avec de beaux yeux tout fins. Il faisait calmement la queue devant le comptoir. De là où j'étais, je pouvais apercevoir ses goûts originaux en matière de cravate. Mais ça lui rajoutait beaucoup de charme.

Je continuais à le mater ouvertement en faisant la queue. Puis ce fût à son tour de passer. Il ouvrit la bouche, s'adressa au vieux boulanger, et là... Sa voix. Mais sa voix... Elle résonnait dans ma tête comme une berceuse. Elle était à la fois assez douce et assez rauque pour atteindre la perfection. Seule sa voix avait réussi à me faire rougir.

Mais le temps que je reprenne mes esprits, il avait déjà payé son pain et passait la porte de sortie. J'étais paniqué. Non, je ne pouvait pas le laisser partir. Je voulais l'aborder. Mais j'aurai l'air bien con si je l'aborde comme ça. Il me fallait une excuse. Et je la trouva. Une pièce était restée sur le comptoir. Il l'avait oubliée. C'était parfait. J'attrapa la pièce et sortit de la boulangerie en courant. Il n'était pas parti bien loin, heureusement. Je me dirigea vers lui et tendit la main. Mais je m'arrêta.

Il va me trouver bizarre non ? Et puis j'ai l'air si nul à côté de lui. On peut sentir son charisme à des kilomètres.

Je fis demi-tour à contre-cœur, la pièce toujours dans ma main.

Je vais la garder en souvenir, c'est pas grave.

Puis je repensais à toutes les moments incroyables de ma vie que j'avais pu louper juste parce que je n'osais pas aller vers les gens. Juste parce que je pensais qu'ils allaient me trouver bizarre. Non. Ça n'arrivera pas une nouvelle fois. Et surtout pas avec un beau gosse comme lui. Je fis demi-tour à nouveau et me précipita dans la direction qu'avait emprunté mon bel inconnu. Mais je l'avais perdu de vue. Je me mit à chercher dans les environs, mais plus aucune trace du beau blond.

Définitivement désespéré, je m'apprêtais à retourner à la boulangerie. Quand soudain, je le vit. Devant l'arrêt de bus. Il était légèrement penché en avant pour consulter les horaires. J'avoue n'avoir pas pu m'empêche de le mâter une nouvelle fois. Ce n'est pas ma faute s'il transpire le charisme même quand il regarde les horaires de bus. Je m'approcha d'un pas déterminé. J'avais juste envie de fuir mais je ne céda pas à cette envie. J'arriva rapidement derrière lui. Il ne m'avait pas vu. Hésitant encore, je tendis ma main vers lui, me préparant psychologiquement à lui parler. Puis je tapota juste une fois son épaule, pour qu'il me remarque. Il se retourna vers moi. Je vit la scène au ralenti, avec un filtre rose, des paillettes et un air de saxophone. Mon cerveau avait donc déjà fondu. Je me dépêcha de prendre la parole avant de faire un arrêt cardiaque.

Sh : E-Excusez-moi...
J'ai pas l'air con à bégayer.
Sh : Vous avez oublié ça à la boulangerie...
Je lui tendit la pièce.
? : Oh.
C'était définitivement le oh le plus sexy que je n'avais jamais entendu.
? : Merci.
Il tendit la main et j'y déposa la pièce.

Cette conversation pourrait s'arrêter là. Mais c'est hors de question. Quitte à faire un effort de communication autant y aller jusqu'au bout.
Sh : Vous êtes d'ici ?
Il ne m'avait pas lâché des yeux.
? : Je visite juste le coin, je cherche à m'installer ici.
Sh : C'est un beau quartier ici vous verrez !
? : D'ailleurs, sauriez-vous où est la mairie ?
Sh : Elle n'est pas très loin d'ici, il suffit de passer par cette rue puis tourner à gauche au rond-point et... Ou je peux vous y emmener, si vous voulez.
? : D'accord, je vous suis.

Cette situation était inimaginable. Non seulement j'avais réussi à aborder et engager la conversation avec un bel homme pareil, mais en plus je marchais tranquillement, à côté de lui, en direction de la mairie. Rien ne va mais tout va bien. Un silence s'était installé entre nous, silence que je décida de briser.
Sh : Vous ne parlez pas beaucoup.
? : De quoi voulez vous parler ?
Sh : On pourrait commencer par le commencement. Moi c'est Shun, enchanté.
N : Kento Nanami, enchanté également.
Sh :*chuchotte* Un beau nom pour un beau gosse.
N : Pardon ?
Sh : Oh non rien ! Ha ha...

J'étais rouge comme une tomate et prit d'une furieuse envie de me gifler. Pourquoi j'ai dit ça ?! J'espère qu'il a pas entendu. Nous sommes finalement arrivés devant la mairie. C'était un vieux bâtiment bien entretenu. Son architecture ancienne faisait tout son charme. Nanami admirais chaque recoins du bâtiment.
Sh : C'est un des plus beaux bâtiments de cette ville.
N : C'est très joli en effet, j'ai hâte d'emménager ici.
Sh : Nous serons voisins alors ?
N : C'est possible oui.

Il revient planter son regard fin dans le mien. Il me fixait si intensément que je ne pût retenir un frisson. Puis il rapprocha sa main de mon visage. Il attrapa une de mes mèches brunes et y retira quelque chose. Puis il se rendit compte que notre eye contact devenait long et détourna le regard, visiblement gêné. Il retira immédiatement sa main.
N : Désolé, vous aviez une poussière dans les cheveux.

Il détourna rapidement la tête mais pas assez rapidement pour que je ne puisse pas voir ses légères rougeurs. Il avait rougis. Et il était encore plus beau ainsi.
N : Je vais devoir y aller, mon bus ne va pas tarder.
Sh : Oui, ne le ratez pas surtout.
N : Merci beaucoup de m'avoir montré la mairie.
Sh : Si vous revenez, je vous ferai visiter toute la ville !
N : Ce sera avec joie. À bientôt alors.

Il glissa quelque chose dans ma poche avant de filer. C'était une carte de visite. Sa carte de visite. Il y avait son nom, le nom de l'entreprise où il travaillait et surtout, son numéro de téléphone.

Le Beau Gosse de la Boulangerie /Nanami x Male OC/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant