Noxus à feu et à sang

Chapitre 5

   "Le trône ne fait pas le souverain; ce n'est qu'un fauteuil sur lequel on pose son derrière". Cette phrase prenait tout son sens depuis qu'il avait entreprit ce voyage secret vers le Quartier Général du conspirateur. Il avait voyagé incognito, encapuchonner et vêtu de frusques simple afin de passer le plus inaperçu possible. Mais même lorsqu'il n'était pas ciblé par une révolution, Swain aimait, de temps à autre, s'éclipser le temps d'une journée ou deux pour parcourir les contrées de l'empire. Il se devait de vivre sa patrie, non pas d'écouter ce qu'on lui rapportait.

   La région de la cime-de-fer lui fut décrite comme une zone rurale sans grand intérêt militaire mais ayant désiré se joindre à l'empire plutôt que de l'affronter. Ses habitants, lui avait on rapporté, étaient des rustres, peu coopératifs, qu'il fallait mieux laisser moisir dans leur champs et leurs barques. Pourtant, l'accueil dont avait fait preuve les locaux l'avait laissé sans voix. Il traversait le village de Firnus à la tombée de la nuit quand une petite fille avait attiré son attention. Elle le dévisageait sans ménagement, et cela avait rapidement agacé Swain. Il s'approcha d'elle pour la réprimander mais elle avait prit les devants:

"-Ancien, ancien, vous ne semblez pas d'ici. Vous savez, il n'y a pas d'auberge dans le coin... dit elle d'un ton infantile 

-Je suis bien plus d'ici que tu sembles le croire, morveuse."

   Les nerfs avaient eu raisons de lui. Après les nuits froides, la pluie, le vent et les kilomètres, il était fatigué. Mais l'enfant n'avait pas saisit l'hostilité de sa réponse. Elle avait juste sautiller jusqu'à une maison et avait disparu derrière la porte. Ajustant sa capuche, il s'apprêtait à reprendre sa route. Il ne devait plus rester qu'une cinquantaine de kilomètres jusqu'à sa destination. Il arriverait dans un piteux état. Il sentit qu'on tirait doucement sur sa cape, qui ressemblait plus à des haillons désormais. Il tourna la tête pour découvrir la même gamine. Que diable voulait elle encore?

"-Papa et Maman vous invite à passer la nuit."

   Il se sentait désormais désarmé et honteux de s'être emporter face à ce sourire si innocent et vrai, face à ces paroles si emplis de gentillesse gratuite. Il leva la tête pour découvrir un couple pauvre mais souriant sur le perron de la porte. Il ne put que hocher la tête, se laissant entrainer par la petite fille qui lui avait prit la main. Swain se surprenait lui même à tant baisser sa garde et se justifia intérieurement que "Le trône ne fait pas le souverain; ce n'est qu'un fauteuil sur lequel on pose son derrière". Il allait accepter cet invitation pour vivre tel les habitants de son empire. Serait il digne de gouverner s'il passait son temps dans une tour d'ivoire. Manifestement, le rapport de son général, décrivant les locaux comme de "rustre paysans dont la seule chose forte était l'odeur du purin dans leurs rues", était erroné. Quelle plaie d'être entouré d'incapable; surtout lorsque ceux-ci se pavanent avec un grade de général.

    L'intérieur de la bicoque n'était pas mieux que le reste de la ville. Le mobilier présent était le stricte nécessaire, certains trous dans les murs avaient été rebouché avec de la poix et le feu, où une marmite remplis de soupe bouillait, représentait la seule source de chaleur. Cependant, elle semblait amplement suffisant pour la taille de la maisonnette. Les habitants l'avaient débarrassé de son manteau à frange et il s'était assis à proximité du feu, gardant son gant droit pour ne pas effrayer ces pauvres gens. La petite fille s'était assis à coté de lui d'un naturel troublant pour Swain:

"Comment tu t'appelles, l'ancien?"

En temps normal, il aurait repris un tel manque de contenance. Mais dans la bouche de cet enfant, "ancien" semblait très respectueux.