Chapitre 1 : luxe, calme et volupté

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La douce brise effleurant son visage, portant des sacs en bout de bras, il se dirigeait vers l'hôtel qu'il avait réservé. Il était enfin de retour, après toutes ses années. Ce jeune garçon avait vécu son enfance dans cette immense ville, mais, par une mutation subite de sa mère, il n'y avait plus remit les pieds. Il s'en rappelait parfaitement. Ce jour-là, il rentrait à peine de l'école, le soleil se couchant sur cet enfant de 12 ans. Sa mère était face à lui, pleurant à chaudes larmes tout ce qu'elle avait dans son corps. En entendant la porte claquer, sa mère avait levé les yeux. Elle lui avait dit qu'ils partaient pour un long voyage, le soir même. Les billets d'avion avaient déjà été réservés par la boîte dans laquelle sa mère travaillait. Il était donc parti à l'arrache, n'ayant pas le temps de dire au revoir à ses plus fidèles amis. Mais il savait qu'il ne les oublierait jamais et ne se pardonnerait pas de les avoir abandonnés ainsi, du jour au lendemain. Il s'était promis de revenir afin de prononcer ses plus plates excuses, bien qu'il fallait encore qu'il ait de quoi les joindre.
Alors, ainsi était-il là, âgé de 21 ans, dans sa ville natale. Il avait suivi un cursus pour devenir animalier, ayant toujours aimé du plus profond de son cœur ces petites boules de poils. Il n'avait cependant pas d'école dans son secteur pour cette professionnalisation alors il s'était dit que, s'il devait bouger, il retournerait à Tokyo, sa ville natale. Hélas, pour lui, il était bien plus aisé de dire que de faire. Il n'avait ni d'appartement, ni de travail pour adoucir les fins de mois de sa mère pour cause que les loyers de cette ville étaient relativement élevés. Il fallait donc qu'il trouve rapidement de quoi subvenir à ses besoins premiers.


Il se posa donc dans sa chambre d'hôtel, mais, n'ayant pas de très grandes activités de prévus, il décida d'aller chez le seul pote dont Chifuyu connaissait encore l'adresse. Étrangement, c'était la seule chose encore lucide dans son esprit de ce temps lointain. Il se dirigea donc vers ce Takemichi, ses écouteurs dans ses oreilles, regardant tout autour de lui, nostalgique de son entourage. En sonnant à sa porte, il attendit moins d'une minute avant que la porte ne s'ouvre dans un grand fracas et qu'une masse se jeta sur lui. Takemichi l'avait certainement aperçu par le judas et voulait vérifier s'il vivait un plein rêve.
Après ces retrouvailles fortes en émotions, les deux garçons passèrent tout l'après-midi ensemble jusqu'à ce qu'ils doivent se quitter. Malheureusement pour lui, Takemichi n'était qu'un seul de ses amis de l'époque et ne lui avait jamais présenté les autres de son entourage. Mais au moins, cette fois-ci, Chifuyu avait pu récupérer son numéro de téléphone.

À défaut d'avoir été laissé par son ami pour la soirée, car ce dernier avait du travail, Chifuyu se résolut à aller dans un bar. Quoi de mieux comme lieu de rencontre que ce type d'endroit ? Il pénétra donc au cœur d'un établissement, dont la devanture n'affichant qu'une lettre en lumière sur deux, l'avait inspiré, on ne sait comment. L'ambiance était atypique, dans un coin étaient positionnés des petits canapés en certainement faux cuir, sur lesquels un couple de personnes s'amusaient à découvrir la cavité buccale de l'autre, d'autres discutaient tandis que certains jouaient à des jeux. À l'opposé, se situait une petite piste de danse, ainsi qu'au fond, le bar. La lumière n'éclairait pas bien ce bâtiment, il n'était pas chose aisée de savoir mettre un pied devant l'autre sans se prendre quelqu'un. Au mieux, seulement, étaient visibles les silhouettes. Il décida donc de limiter un maximum ses déplacements qui le mena donc à aller commander à boire. La serveuse était tout à fait charmante, elle devait avoir son âge, peut-être davantage. Ses traits fins sublimaient son visage, tout comme ses longs cheveux blonds. Il pouvait le dire : elle avait son charme. Il aurait peut-être pu tenter d'avoir son numéro des années de cela, avant qu'il ne découvre sa sexualité. De plus, depuis qu'il était rentré dans ce bar, un homme assis sur les canapés, posé comme en recul de la situation, lui avait frappé dans l'œil, ce dernier l'intéressait davantage. Il remercia donc la serveuse « Emma », d'après ce qu'en disait son badge, pour son verre et se posa de sorte à avoir un visuel sur lui.
À cause de cette fichue lumière, il ne pouvait pas distinguer grand-chose. La seule chose qu'il arrivait plus ou moins à distinguer était de longs cheveux, certainement noirs. Mais, après ces longues minutes de contemplation, il se dit qu'il ne pouvait pas que rester dans son coin toute la soirée, il devait bouger où aller voir des gens. Il alla donc sur la piste de danse et, ayant la discussion facile, il se retrouva en moins de cinq minutes à se demander pourquoi les tortues ne volent pas avec un parfait inconnu. Il fut tout de même légèrement surpris du fait que ce type de conversations l'intéresserait un jour, il était amusé de ce fait. Au bout de deux bonnes heures à danser ou bien à tenir debout pour discuter avec tout bon homme étant prêt à faire de même, ses pieds n'en pouvaient plus : il devait se reposer. Il prit donc place sur un des canapés après avoir réclamé un nouveau verre. Il le savait, ses pensées n'étaient plus aussi nettes qu'au début de la soirée. Il voyait presque trouble et tout tournait dans sa tête. Si demain, il n'avait aucune répercutions de cette soirée, c'était le roi du monde. Il avait donc peu d'espoir.

Tandis qu'il était focalisé de toute part par ses pensées, il sentit un souffle chaud dans sa nuque ainsi qu'une main glissant contre son épaule. Il sursauta, n'étant pas prêt à quitter son monde si brusquement et écouta son interlocuteur :

« Je te vois me regarder depuis le début de la soirée, viens danser avec moi au moins, je ne vais pas te manger, bien que c'est une idée bien tentante... »

C'est donc ainsi que les deux passèrent ensemble et flirtèrent jusqu'à bien deux heures du matin, heure à laquelle le bar devait se fermer. Les deux, voyant que le courant se passait plus que bien lors de cette soirée, décidèrent de prolonger ce temps dans l'appartement du plus grand. La tension sexuelle entre les deux était plus que palpable et en devenait limite perturbante : qu'est-ce qui les empêchaient de se sauter dessus au prochain coin de rue ? Il préféra donc engager une nouvelle conversation avec celui qui menait la route.

« Viens, on joue à un jeu.
- Ça dépend quoi, répondit immédiatement le noiraud.
- Je ne te connais pas, j'arrive à peine à distinguer tes traits et, rien que ça me déstabilise. Je ne connais pas ton nom et tout ça me va très bien, continuons comme ça. N'en disons pas plus... lui expliqua Chifuyu, énigmatique.
- Très bien, poursuivons alors. »

Suivant les paroles, l'inconnu prit son visage en coupe afin de déposer ses lèvres de manière sensuelle contre celle de Chifuyu, bordel, il embrassait bien. Cet échange ne s'était pas arrêté aussi vite, au plus grand bonheur des deux, ils avaient continué, ajoutant plus de force et de passion à chaque fois qu'ils s'entrechoquaient et ainsi, jusqu'à ce Chifuyu soit entré dans l'appartement de son compagnon pour ce soir. Une fois arrivé, les deux se sautèrent dessus, faisant voler leurs vêtements dans tous les sens, nul doute de ce qui allait se passer ensuite.

Le soleil se levait doucement lorsqu'ils furent exténués par un ultime round, ils n'avaient pas dormi de la nuit. Le faux blond décida donc de reprendre ses affaires et de partir, il ne voulait pas s'imposer chez ce bon inconnu. Il rentra donc chez lui, se posa, dos contre son matelas et réfléchis aux fragments qu'ils lui restaient de la soirée dans sa mémoire. Il y avait une chose dont il se remémorait particulièrement bien : son regard. Il en était sûr, il voulait revoir cet homme.

Une relation épistolaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant