Chapitre 5

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- Ton frère ?

Yunlan soupira. Il passa une main dans ses cheveux, en secouant la tête. Il regarda autour de lui, jusqu'à voir la trousse de secours sur la table basse. Avec toute la délicatesse dont il était capable, il conduisit le professeur sur le canapé. Il s'installa derrière lui, et commença à nettoyer les plaies.

- Bon, écoutez-moi bien, professeur. Je veux la vérité. On a été honnête ni l'un ni l'autre. Et ce n'est pas comme ça que je veux que notre... Uh... relation commence. Alors tu vas me dire toute la vérité sur ce qu'il s'est passé, dans ta vie, et ces derniers jours.

Shen Wei se rendit quand le coton imbibé d'alcool toucha une plaie encore ouverte.

- Pardon.

- Tu as raison. Je ne peux pas vraiment tout te dire dans le détail. Pas que je ne le veuille pas, c'est juste trop long et compliqué.

Alors, assis sur son canapé en cuir, Shen Wei commença son récit, parfois entrecoupé d'une grimace de douleur, toujours excusée par une caresse sur son bras nu, ou un baiser dans son cou.

Le professeur raconta son passé. Comment sa mère avait fui juste après leurs naissances. Les laissant, lui et son frère jumeau, au sein même de la mafia de Dixing. Comment, à seulement 13 ans, Shen Wei avait cru son frère mort lors d'un raid de la police. Il avait alors fui, changé de ville et de nom, pour tenter d'oublier son passé. Il avait alors vécu à Dragon City de petits boulots et pourboires, lisant tous les livres qu'il pouvait, apprenant le plus de choses possibles sur le monde qui l'entourait. Il avait finalement réussi à intégrer une université, travaillant jour et nuit, jusqu'à ce qu'un professeur le prenne sous son aile. Il avait à peine obtenu son diplôme, qu'il avait appris la nouvelle dans le journal. Le plus gros cartel de Dixing aurait un nouveau chef : Ye Zun. Même avec ses longs cheveux blancs, et son masque, il l'avait reconnu.

Son frère, qu'il croyait mort depuis plus de 10 ans, était à la tête de ce cartel qui avait détruit leur enfance. Shen Wei avait voulu reprendre contact avec lui. En vain. Seule la haine habitait toujours son frère, qui s'est cru abandonné tout ce temps. Pendant des années, Shen Wei s'est senti coupable de toute cette situation, mais ne savait que faire pour l'arranger. Il n'avait jamais osé retourner à Dixing.

Le professeur arrêta de parler. Derrière lui, Yunlan avait fini de le soigner depuis longtemps. Il s'était contenté de frapper Shen Wei de sa chemise, et d'enrouler ses bras autour de lui. La tête reposant sur son épaule, il avait écouté chaque mot avec attention et crainte.

Il n'arrivait pas à croire que ce professeur à l'apparence si calme, douce, et toujours parfaite, ait eu une vie aussi difficile. Il avait envie de le serrer contre lui, et de faire disparaître chacune de ses souffrances par des baisers.

- Tu es retourné le voir, c'est ça ? Tu as échangé ces marques sur ton corps contre ce produit miracle pour me soigner ? Xiao Wei... Pourquoi ?

Yunlan s'était retourné vers le professeur pour le voir. Il caressa doucement son visage. Shen Wei ferma les yeux, se laissa aller contre cette main chaude qui le troublait et le calmait.

Il ouvrit les paupières, pour voir l'expression si douce de Yunlan. Mu d'une impulsion soudaine, Shen Wei attrapa le gangster face à lui, et plaqua leurs lèvres.

Le baiser n'était ni doux ni tendre. Il était bien au contraire empressé, une bataille menée par les deux hommes, désespérés de comprendre le trouble de leurs cœurs.

Yunlan ne savait plus s'il voulait arracher ses vêtements et détruire son corps, ou s'il voulait l'entourer et le protéger. Ses mains se serrèrent sur les cuisses du professeur, alors qu'il goûtait ses lèvres dont il rêvait inlassablement. En lui, c'était une véritable explosion de bonheur. Il souhaitait ne plus jamais arrêter.

Shen Wei perdait la tête. Il voulait lui montrer toute l'affection qu'il lui portait déjà, lui faire comprendre que, pour lui, chaque coup reçu valait la peine. Il y mit tout le désespoir dont il était capable. Chaque mouvement de lèvres était un cri de son cœur déchiré.

Lorsqu'il reprit ses esprits, Yunlan était allongé sous lui, soupirant, leurs hanches collées, des marques rouges sur son cou offert.

Shen Wei recula soudainement, se retrouvant assis sur les hanches du gangster.

- Je... Je suis désolé.

- De quoi ?

La voix de Yunlan était grave, ses lèvres rougies par les trop nombreux baisers.

- Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je suis désolé, je n'aurais pas dû perdre le contrôle comme ça.

Le professeur passa une main nerveuse dans ses cheveux. Yunlan attrapa sa mâchoire, et l'embrassa férocement. Il mordit sa lèvre inférieure, introduisit sa langue entre ses lèvres rouges. Au bout de quelques minutes, il relâcha le professeur. Ce dernier, étourdi par le manque d'air, le regarda plusieurs secondes.

- Ne t'excuse jamais de perdre le contrôle avec moi. Crois-moi, tu ne le perdras jamais assez vite pour moi.

Yunlan sourit, tout en caressant sa joue, pour le rassurer. Shen Wei prit le temps de calmer son cœur affolé avant de se relever.

- Tu as faim ?

Le gangster hocha la tête. Shen Wei s'habilla rapidement, et se dirigea vers la cuisine. Yunlan décida qu'il était aussi temps pour lui de parler. Il se colla au dos de son voisin, la tête sur son épaule, suivant tous ses mouvements dans la cuisine.

Quand le professeur sentit les deux mains entourer son ventre, il voulut se libérer. Mais la voix grave dans son oreille l'en dissuada. Il se mit donc à cuisiner avec un véritable petit koala attaché à lui.

- Mon parcours est un peu différent du tien. Mon père est un lieutenant de la police très connu et respecté. Il voulait arrêter tous les gangs de la ville, ne rentrait presque pas à la maison. Un jour, ma mère et moi sommes sortis faire des courses. Un homme l'a prise en otage, et a demandé à mon père de libérer son chef. Mon père a refusé. Il a voulu tuer l'homme, mais a touché ma mère à la place. J'étais là, j'ai tout vu. Après ça, mon père a été encore moins présent pour moi. Je suis à mon tour entré dans la police, et j'ai intégré un programme spécial. On enquête sur des affaires de gang, en faisant croire qu'on en est un nous-même. J'ai eu quelques ennuis plus jeune. Alors vu mon casier, mon style et le passé de ma famille, ils se sont dit que je serais le plus crédible pour être à la tête de ce gang.

- Je suis désolé, fut tout ce que Shen Wei trouva à dire.

Il serra quelques secondes la main posée sur son ventre. Il continua de cuisiner, plongé dans ses pensées. Leurs histoires étaient semblables et pourtant à l'exacte opposé. C'était certainement ironique de voir d'où ils venaient et ce qu'ils étaient tous les deux devenus aujourd'hui. Mais assez étrangement, il n'aurait rien voulu d'autre que de sentir ce souffle dans son cou.

o0o0o0o

Ce chapitre est un peu plus court que les autres, mais il me semblait quand même important d'expliquer un peu le parcours de ces deux-là x)

J'aimais bien l'idée d'en faire le contraire de ce que l'on attendait eux.

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Mon ange [Guardian - FF]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant