Envies meurtrières

Chapitre 2

— Qu'est-ce qu'il y a Sara ? me demande mon coéquipier. 

— Rien, c'est juste que quelque chose me dérange chez cette adolescente. 

— Comment ça, la petite Adaline Miller ? 

— Oui elle. 

— Je sais que tes intuitions te trompent rarement mais... Tu la trouves vraiment suspecte ? Elle est si innocente, son témoignage est resté le même entre ce matin sur le lieu du crime et toute à l'heure chez elle, avec tout de même des différences minimes qui prouvent qu'elle ne récite pas un texte mais qu'elle raconte bien sa matinée. 

— Je sais bien mais... J'te dis pas que c'est notre assassin, mais quelque chose me dérange avec elle. Il faut qu'on vérifie son histoire d'abandon et d'émancipation à 16 ans. Alicia, interpellais-je une nouvelle affectée à notre district ; fais une rapide recherche sur l'adolescente qui a trouvé le corps de ce matin, Adaline Miller s'il te plaît. 

— Bien, je vous mets le rapport sur votre bureau dès qu'il est finit. 

— Je te remercie. 

— Emmett, viens dans mon bureau s'il te plaît. 

Mon coéquipier me suit et il referme la porte derrière lui. Je m'appuie contre mon bureau, tout en réfléchissant. 

— Tu vois, quand on a sonné chez elle, elle sortait de la douche et elle nous a fait rentrer pendant qu'elle allait s'habiller à l'étage. 

— Eh bien ça prouve qu'elle n'avait rien à cacher non ? 

— En bas, peut-être, cependant elle aurait pu cacher une preuve importante à l'étage, mais peu importe ce n'est pas ça que je voulais dire. Quand elle est montée, j'ai fait un rapide tour de la pièce, et il y avait un feu dans sa cheminée, tu as vu ce qui brulait ? 

— Euhm non, me répond-t-il. 

Je souffle doucement en pinçant l'arrête de mon nez. 

— C'était du tissus qui brulait. Ce n'est pas très logique de mettre du tissus comme combustible, encore moins quand tu as des bûches de bois entreposées juste à côté. 

— Effectivement, c'est pas très logique. 

— Bref... Passons à autre chose. Il faut interroger toutes les personnes suspectes d'avoir pu être témoin de quelque chose, et celles présentes aux alentours au moment du crime, on suit la routine. 

— Ça marche lieutenant.

On sort du bureau, puis de l'établissement, la chaleur rejetée par nos expirations contrastant fortement avec celle de dehors affichant zéro degré. Nos pieds s'enfoncent dans la poudreuse quand mon équipier prend la parole me donnant le premier nom de la liste écrite ce matin par personne d'autre que moi-même. 

***

— Les différents interrogatoires n'ont pas donnés grand chose lieutenant, personne ne me semble plus suspect qu'un autre... Peut-être le tueur nous a-t-il déjà filé entre les doigts...

— Non je suis persuadée qu'il est toujours là... Tu peux rentrer chez toi Emett, ta fiancée t'attends sûrement. 

— Vous aussi vous devriez rentrer non ? Vous restez jusqu'à tard au bureau, pensez à vous reposer. 

— Personne ne m'attends chez moi, et l'enquête ne va pas se faire toute seule. Mais merci, je rentrerais pas tard. 

Tandis que nous nous séparons, je réfléchis ; il a raison cette après midi n'a vraiment pas été concluante. On a interrogé près de trente personnes plus ou moins longtemps, et ça n'a strictement rien donné. Soit ils ont un alibi en béton couvrant l'heure du meurtre, soit il sont immédiatement rayés de la liste suites au différents indices présents sur la scène de crime. La plupart des suspects sur ma liste étaient des hommes, tous ont été gribouillés par Emmett sauf deux, les femmes elles n'étaient que six, dont cette Adaline qui est la seule restante. Physiquement elle devrait être directement supprimée de la liste des suspects; liste approuvée par mes supérieurs, mais mes intuitions me trompent rarement, quelque chose me dérange avec cette ado, et je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. 

Je pénètre le commissariat presque vide à cette heure-ci, et me dirige immédiatement vers mon bureau. Je me laisse tomber sur ma chaise roulante après avoir refermé la porte en verre me séparant des quelques collègues restants, puis attrape le dossier posé sur le bureau. 

— Adaline Miller, lisais-je à voix haute. 

"Parents violents ; envers elle et entre eux ; livrée à elle même dès le plus jeune âge. 

Mère et père abandonnent leur fille, Adaline, alors qu'elle à 10 ans. 

Placée dans un orphelinat miteux et reconnu pour la maltraitance qu'ils infligent aux enfants, tout de même encore ouvert et en actif pour manque de preuves, elle s'en enfuit plusieurs fois ; décrite comme enfant rebelle.

L'orphelinat ferme alors ses portes à l'âge de ses 13 ans ; placée dans une famille d'accueille, famille Miller formée d'un père, d'une mère et de jumeaux, des garçons de quatre ans ;  elle demande son émancipation à l'âge de ses seize ans. 

Elle garde son prénom d'origine mais demande aux Miller si elle peut porter leur nom étant donné que son vrai nom à finit par être perdu. Ils acceptent, la loi accepte, elle est alors une Miller. 

Elle leur donne une énorme somme d'argent le jour de son anniversaire, le jour de ses 17 ans (date de naissance exacte perdue, elle a donc décidé qu'elle était née le 24 décembre), ils refusent d'abord les cent millions de dollars, elle insiste, leur disant que c'est pour les remercier pour leur acte de bonté, ils refusent tout de même. 

Du jour au lendemain la somme est encaissée par les parents, et toute la famille déménage sans dire quoi que se soit à personne."

Elle va donc bientôt être majeure, et a eu une enfance assez difficile. Peut-être qu'elle est dénuée d'émotion suite à tous ces évènements, qu'en fin de compte elle les feints et peut-être l'aurais-je remarqué sans réellement m'en rendre compte. Après presque trente ans de métier on remarque ce genre de chose sans aucun effort. 

Alors pourquoi cette explication rationnelle ne semble pas me convenir ?...

Je referme le dossier légèrement agacée, et place mes pieds sur mon bureau, mes bras sous la tête et ferme les yeux, réfléchissant à cette situation.

Il ne nous reste plus que trois suspects, deux homme et cette adolescente. Jeune femme qui devrait être rayée de cette liste de suspects mais qui est toujours là, suite à une simple intuition...

Je me relève et attrape un feutre sur mon bureau. Je me rapproche des vitres servant de cloisons pour mon bureau et commence à écrire les mots "suspects principaux" que j'entoure avant d'écrire les trois noms ; Adaline Miller à gauche, et Léo Sanchez, au dessus de Ethan Hall.

Léo est une homme de trente et un an ; il va régulièrement à la salle, et son alibi ne peut être confirmé par personne. Il pourrait donc avoir tué notre victime, mais je n'y crois pas. Cependant on ne peut pas se permettre de le retirer de nos suspects étant donné qu'il fait partie des seules pistes que nous possédons, pistes bien maigres malheureusement.

Ethan, lui est animateur d'accrobranche, il à vingt deux ans et son alibi ne peux pas non plus être confirmé ; il devait être au travail mais il a appelé pour dire qu'il était trop malade pour venir. Quand on l'a interrogé il ne semblait pas si malade que ça.

Tout les deux auraient assez de force pour poignarder la victime de la sorte, Adaline dans la logique non, pourtant elle m'intrigue.

Il faut que je garde un œil sur elle.

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Publication du deuxième chapitre déjà ^^

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