Regarde-moi.

TOME 1: Chapitre 1

Il est 21h30. Il devrait être rentré depuis 1 heure. Aiden n'est jamais en retard. Je sens déjà mes yeux virer au noir tant je m'inquiète. Je me dirige vers la salle de bain pour voir mon reflet. Mes pas s'accélèrent au rythme de mon pouls. J'avais raison. Mes yeux sont noirs corbeaux. Je me passe de l'eau froide sur le visage et essaie de reprendre le contrôle de ma respiration. Mes yeux reprennent lentement une teinte bleuâtre avant de retrouver complètement leur couleur d'origine.

La plupart du temps, ils sont bleus, alors j'imagine que c'est leur couleur naturelle. Mais pas d'un bleu turquoise à faire pâlir le ciel, non, plutôt d'un bleu transparent, comme l'eau. Je me regarde une dernière fois dans la glace avant de m'attacher les cheveux.

Je n'ai aucune raison de m'inquiéter. Personne n'est plus prudent qu'Aiden. Et personne ne manie les armes aussi bien que lui.

Je sors de la salle de bain, un peu moins inquiète, et me dirige vers les décombres qui me servent de chambre.

Au moment même où je pénètre dans la pièce je suis arrêtée par des coups à la porte. Je sens tout de suite mes yeux devenir verts de soulagement. Aiden est rentré. J'avais tellement peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. Je me précipite de hâte vers l'entrée pour lui ouvrir avant de me stopper d'un coup.

Aiden a toujours ses clés sur lui.

En une fraction de seconde tous les scénarios de kidnappings et de meurtres possibles et imaginables défilent dans mon esprit. Ils nous ont retrouvé. La société des Z nous ont retrouvé. Ils ont tué les membres de ma famille un par un ils s'en sont pris à mon frère, et maintenant c'est mon tour.

Alors que je suis pétrifiée par la peur, de nouveaux coups se font entendre.

- Mademoiselle Lein! Crie une voix d'homme.

Des frissons descendent le long de ma colonne vertébrale à l'entente de la voix grave. Ce n'est pas Aiden. Et ils connaissent mon nom.

- Mademoiselle Lein, reprend une autre voix. C'est votre frère qui nous envoie.

A peine ses mots me sont parvenus que je m'immobilise.. Ils essaient sûrement de me prendre par les sentiments. Aiden connaît les règles. Ils n'auraient jamais risqué nos vies en dévoilant notre refuge à qui que ce soit. Autrement il m'aurait prévenu. A moins qu'il ne soit pas en capacité physique de me prévenir... Je chasse immédiatement l'image d'Aiden ligoté dans un sous sol, se vidant lentement de son sang de ma conscience. Impossible. Seulement... mon instinct me pousse malgré tout à imaginer le pire. J'avance prudemment dans le couloir avant de m'arrêter devant la porte. Il faut que je sache. Je sors en trombe de ma chambre avant de mettre mes lunettes à verres teintés à défaut des lentilles qui ne filtrent pas le changement de couleur de nos yeux. Je passe rapidement par la cuisine et cale un couteau dans ma chaussure. On est jamais trop prudent. Je pose délicatement la main sur la poignée avant de déverrouiller la porte d'un geste sûr et me décale instinctivement sur le côté. Je compte cinq secondes dans ma tête comme me l'a appris Aiden. Si ils avaient voulu tenter quelque chose, ils l'auraient déjà fait. Lorsque j'estime que la voie est libre, j'ouvre entièrement la porte et tombe nez à nez avec deux hommes de plus d' 1 m 90. Je recule d'un pas, par réflexe et sens mes yeux noircir d'angoisse. L'un des deux tient une enveloppe dans la main, et sans m'adresser un mot, il me la tend. J'hésite une seconde avant de la prendre et de la retourner, pour y découvrir mon prénom, écrit avec soin par nul autre que mon frère.