Regarde-moi.

Chapitre 23

Je repasse côté passager et rattache ma ceinture. Je cale ma tête tandis que mes paupières se ferment malgré moi. Pour une montée d'adrénaline, c'en était une!
Mon pouls ralentit de plus en plus au rythme de ma respiration et je m'abandonne complétement au sommeil.

Mes yeux s'ouvrent seuls tandis qu'une horrible douleur m'arrache à mon sommeil. Je sursaute en voyant mon petit doigts enfler à vue d'œil, et Morgane penchée au dessus de moi. Je recule d'un coup sec mais ma ceinture me coupe la respiration.

- T'es cinglée ou quoi? hurlai-je.

- De rien.

- Je devrai te remercier pour m'attaquer dans mon sommeil peut être?

Morgane fronce les sourcils avant de laisser échapper un rire moqueur.

- T'attaquer? Si j'avais envie de t'attaquer je l'aurais fait quand tu étais réveillée. J'ai pas peur de toi.

Cette fois-ci c'est à mon tour de froncer les sourcils d'incompréhension.

- Je viens de te remettre l'os en place. Ton petit doigt était déboité, c'est pour ça qu'il avait commencé à bleuir.

Alors c'était ça, l'affreux bruit de craquement?

- Et tu pouvais pas attendre que je sois consciente pour le faire?

- Tu aurais sûrement refusé.

- Et puis... pourquoi tu m'aides hein?

- Parce que je ne veux pas que tu fasses foirer la mission, je te l'ai déjà dit. Et je ne t'aide pas, je m'aide moi. Je n'ai aucune envie qu'au moment de viser l'ennemi ton doigts cassé en fasse des siennes. Tu pourrais me blesser par inadvertance.

Moi qui doutais sur son égocentrisme...

- Maintenant tu sais que les coups sont inefficaces contre Mr. Banner. On y est tous passé. 

Est-ce que Shawn aussi s'est cassé le doigt en frappant Mr. Banner? J'imagine sa tête... Non. Je n'imagine rien du tout.

- Bon, maintenant que t'es pleinement consciente, prends ton sac et suis moi.

Je viens juste de remarquer que nous étions garées dans un parking. Je remarque également que le soleil commence à se lever, ce qui veut dire que j'ai dormi quelques heures. Je lève les yeux vers l'enseigne du bâtiment devant moi. Un motel... bien sur. J'étais pas au courant qu'on ferait une pause. De toute manière, tant qu'il y a un lit, ça me convient. Je défais ma ceinture et attrape mon sac à dos avant de descendre et de rejoindre Morgane qui se dirige vers l'entrée du motel. C'est mieux que ce que j'imaginais. Au moins, il n'y a ni toile d'araignée,  ni mouton de poussière, et le gars de la réception n'a pas l'air si flippant. 

- Nous avons appelé plus tôt pour réserver une chambre, annonce Morgane.

Le vieil homme nous regarde tour à tour avant de taper quelque chose sur son ordinateur. Il lève les yeux sur nous et retire le cure dent de sa bouche pour parler.

- McDrivent et Barten?

Nous hochons la tête en même temps. Il se lève de son bureau après avoir attrapé une petite clé et nous dépasse en direction d'un escalier. Nous le suivons jusqu'au premier étage où il s'arrête devant une porte en bois, décorée du chiffre 3.

- N'oubliez pas de me remettre la clé avant de partir.

Sur ces mots, l'homme tourne la clé dans la serrure avant de tourner les talons sans un mot de plus. Quel accueil... tant de convivialité émanant de lui. C'est à m'en réchauffer le cœur.