Chapitre 8

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Oh mon dieu! L'enveloppe de Aiden est toujours dans mon pantalon!

Je lâche immédiatement ce que je tiens et me précipite vers la porte. Comment est-ce que j'ai pu laisser quelque chose d'aussi important dans une poche de pantalon. Aiden avait pourtant insisté dans sa lettre sur le fait que je ne devais Ô grand jamais m'en séparer.
Je me gifle intérieurement pour avoir fait preuve d'une telle bêtise.

J'essaie de me souvenir du chemin que Rachelle m'a indiqué pour me rendre à la laverie mais l'angoisse m'empêche de me concentrer. Elle avait dit... aile gauche et... voilà! Deuxième étage!
Une fois devant les escaliers, je monte les marches quatre à quatre en tenant ma serviette. Arrivée au deuxième étage je cours de toutes mes forces en priant pour qu'il ne soit pas trop tard. Je parcours les couloirs les uns après les autres pendant dix bonnes minutes, quand je tombe enfin sur une plaque marbrée où Aile gauche est gravé dessus en lettres dorées. Quel soulagement de savoir que je ne suis pas perdue. À partir de là, ça ne doit pas être très compliqué.

Je ralentis le pas pour pouvoir lire les inscriptions sur les portes et m'arrête lorsque je trouve la laverie. Je pousse la porte en bois à double battants et y entre.
Tous mes espoirs sont balayés lorsque je vois le nombre de paniers à linge alignés. Je m'avance vers le premier que je vois devant moi et commence à en explorer le contenu. Rien. Enfin je veux dire rien, mis à parts les tonnes et les tonnes de jupes, pantalons et blazers bordeaux, de chemises blanches et de collants transparents.
Au bout du quatrième panier je me laisse tomber sur le sol, épuisée. Je n'y arriverai jamais. Je me relève pour me diriger vers la sortie quand un vêtement noir au sol attire mon attention. Personne ne porte de noir dans cette école. À moins que... je me jette littéralement sur le tissu et m'en empare. Mes épaules s'affaissent de soulagement lorsque je reconnais mon pantalon. Je rentre ma main dans la poche de droite et récupère l'enveloppe. Intacte. Encore une fois je m'en sors de justesse.
Je pose mon pantalon dans un des paniers et sors.

Je descends les premiers escaliers devant moi qui me mènent au premier étage de l'aigle gauche. À partir de là je devrai réussir à me repérer. Je traverse le couloir en marchant pour me remettre de ma petite course de tout à l'heure, et remarque que les portes qui se suivent sont numérotées exactement de la même manière que celles de l'aile droite. J'en déduis donc que ce sont des chambres d'élèves.

En arrivant au bout du couloir des éclats de voix me parviennent de la chambre 19. Je m'arrête et me rapproche un peu plus pour essayer d'écouter mais je n'intercepte que des bribes de voix. La personne doit être au téléphonne. Je plaque mon oreille contre la porte et attends. La personne s'est arrêtée de parler. Au moment où je m'apprête à m'écarter, la porte s'ouvre brusquement et je tombe à la renverse sur quelque chose de dur. En rouvrant mes yeux, je prends conscience que ce quelque chose, est en fait quelqu'un.
Un regard gris mélangé d'étonnement et de curiosité se pose sur moi et nous restons à nous fixer ainsi pendant une longue minute, avant que je ne prenne conscience de la position dans laquelle nous nous trouvons. Je suis quasiement affalée sur l'inconnu, vêtue d'une serviette de bain qui couvre moins de la moitié de mon corps, et de lunettes de soleil. Je comprends mieux son regard, il doit me prendre pour une folle! Je m'empresse de me relever en m'appuyant sur mes avants bras, mais la pression exercée sur mon épaule m'arrache un cri et je retombe aussitôt sur son torse. À en juger par le sang qui commence à couler le long de mon bras, je viens juste de déchirer mes points de suture.
Je sens deux bras puissants me soulever mais à peine suis-je sur mes pieds, je sors en trombe de la chambre et rassemble les dernière forces qu'il me reste pour courir jusqu'à l'aile droite, en tenant fermement d'une main ma serviette, et de l'autre, l'enveloppe.

Une fois devant la salle de bain je vérifie que personne n'est à l'intérieur pour y entrer. Je referme soigneusement la porte derrière moi avant de m'y adosser pour reprendre mon souffle. Oh mon dieu! Pourquoi est-ce qu'il a fallut que je me ridiculise devant un appolon pareil? Je ne pouvais pas tomber sur un pauvre maigrichon à lunettes à la place?! Je me souviens encore de son expression ahurie lorsque je suis tombée sur lui. Je me souviens aussi de son teint bronzé, de ses cheveux bruns, de son corps parf...
Je me reconcentre sur la réalité et m'habille aussi vite que je peux en laissant mon épaule blessée découverte et appuie la serviette dessus. Je range soigneusement l'enveloppe dans une des poches de mon uniforme, encore une fois, trop petit pour moi et sors de la salle de bain après avoir nettoyé les traces de sang derrière moi.
Je me dirige vers ma chambre et tape à la porte en priant pour que Rachelle y soit toujours. La porte s'ouvre brusquement et je me recule juste à temps pour éviter de revivre l'épisode humiliant de tout à l'heure. Rachelle pose son regard sur la serviette ensanglantée que je tiens sur mon épaule avant de revenir vers mon visage.

- Mais qu'est-ce que tu faisais?!

Elle parle tellement fort que je ne serai pas étonnée que l'école entière entende notre conversation.

- Je t'ai laissé entrain de t'habiller et toi tu reviens trois quarts d'heure plus tard, l'épaule en sang!

Je sors la première chose qui me passe par la tête, et qui s'avère être au passage, la plus idiote.

- J'ai glissé.

-Tu as... tu vas me dire que te relever du sol t'a prit autant de temps?! On vient de rater la première heure de cours!

Bien évidemment, une fois que j'ai commencé, je ne peux plus mettre fin au flot d'imbécilités qui sort de ma bouche.

- Je me suis évanouie?

Raté. Ça sonne plus comme une question qu'une affirmation et je dois me mordre la lèvre pour éviter d'empirer mon cas.

- Impossible. Je suis passée à la salle de bain pour te chercher mais tu n'y étais pas, dit-elle en me regardant droit dans les yeux comme pour deviner si je mens.

- Quelqu'un m'a trouvée et m'a enmené à l'inf... à la chambre de guérison mais je me suis échappée.

À bout d'arguments, et sûrement à bout de nerfs, Rachelle me tire par le bras et descends les escaliers si vite que j'ai peur de basculer en avant. Elle m'accompagne à la chambre de guérison, où une vieille dame (différente de celle qui m'a cousu la première fois) me recoue rapidement, un air désaprobateur sur le visage, bien qu'elle reste muette.
Rachelle, qui m'attendait sagement assise dans son coin et perdue dans ses pensées se relève immédiatement lorsqu'elle comprend que l'infirmière en a fini avec moi.

Toujours sans rien dire, nous traversons les couloirs de l'école avant de nous arrêter devant une porte où sont gravés sur le bois les mots salle de classe avancée en lettres dorées.

- Prête pour ta première heure de cours à l'Elite Academy?

Regarde-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant