Regarde-moi.

Chapitre 12

Soudain, son regard se pose sur un point derrière moi. Une étincelle traverse son regard tandis qu'elle affiche un sourire machiavélique.

- Embrasse Shawn.

Je me retourne instantanément. Shawn se tient à l'entrée, les mains dans les poches, le regard dans le vide comme plongé dans ses pensées.
Ce doit être une erreur, elle ne peut pas me demander ça, j'ai sûrement dû mal entendre.

- Pardon?

Morgane hausse les sourcils innocement et répète.

- Tu n'as pas le droit de me demander ça, c'est...

Elle sait pertinement que je vais me ridiculiser. C'était donc ça son but. Me demander d'embrasser Shawn pour me regarder me faire repousser et me prendre la pire honte de toute ma vie. Comment est-ce que j'ai pu croire une seule seconde qu'elle était sincère?
Le groupe entier me fixe du regard, et Rachelle me murmure des excuses que je suis seule à entendre. Si elle ne m'avait pas forcé à participer au jeu rien de tout ça ne serait arrivé.
Morgane se racle la gorge et me regarde d'un air impatient.
Ne voyant aucune autre issue, je me lève doucement et regarde une dernière fois derrière moi avant de me diriger vers l'entrée. J'entends déjà Morgane taper dans ses mains.

- Que le spectacle commence, murmure-t-elle.

J'avance doucement mais sûrement vers Shawn. Il n'a toujours pas remarqué ma présence. Qu'est-ce que je ne donnerai pas pour pouvoir remonter le temps...
Une fois devant lui, il lève enfin la tête.

- Désolée.

Il fronce les sourcils et s'apprête à prendre la parole mais je ne le laisse pas faire.
Je le prends par le col de sa chemise et dépose un rapide baiser sur ses lévres avant de me retourner. Soudain, je me sens tirée en arrière et me retrouve plaquée contre son torse.

- Qui a dit que j'en avais fini avec toi?

Sur ces mots il se penche vers moi en m'attrapant par la taille et reprend notre baiser. Il me tient fermement le bras ce qui m'empêche de me dégager, mais je dois avouer que c'est la dernière chose que je voudrai faire. Quelques secondes s'écoulent avant qu'il ne décide de se séparer de moi. Il me libère enfin et me lance un clin d'oeil.

- Maintenant tu peux partir, murmure-t-il un sourire amusé sur le visage.

Encore sous le choc de sa réaction, j'ai du mal à reprendre mes esprits. Je jette un oeil vers le groupe et vois qu'ils me fixent tous bouche bée. D'ailleurs ils ne sont pas les seuls. Tous les élèves de la salle commune m'observent étrangement. Prise de cours, je décide alors de faire la seule chose qui me semble la plus adaptée à la situation. Je sors en trombe de la pièce et cour de toutes mes forces jusqu'à épuisement. Je n'arrive pas à croire que... Je continue de courir pour éviter de penser à ce qui vient de se passer.
J'ignore comment j'ai fait mais j'atteris dans un jardin. Le genre de jardin qui se mesure plus en hectar qu'en mètre.
Ça m'arrange, au moins ici je suis sûre de ne croiser aucun regard curieux. Et encore moins celui de Shawn. Mais qu'est-ce qui lui a pris? Il ne pouvait pas agir normalement, me repousser, et qu'on en parle plus? Je dois avouer qu'une partie de ma conscience a clairement adoré ce moment mais... la partie la plus raisonnable n'est pas du tout de cet avis. Moi qui voulais me faire la plus discrete possible dans cette école... je viens officiellement de devenir la nouvelle attraction de l'Academy. Si seulement Aiden pouvait être là.
Je continue de marcher sans réellement savoir où je vais tout en réflechissant. Je prends la peine de me retourner à intervalle régulier pour m'assurer de ne pas perdre le bâtiment de vue. Lorsque je juge la distance que j'ai parcourue assez importante pour éviter toute présence inoportune, je m'arrête et m'assoie contre un cerisier. Je me laisse aller contre l'arbre et essaie de ne plus penser à rien mais je suis vite rattrapée par les évenements de tout à l'heure. Je n'arrive pas à me sortir Shawn de la tête. Enfin, c'est plus sa réaction qui m'obsède. Rachelle n'a fait que me mettre en garde à son sujet, me répétant qu'il avait tendance à effrayer, à se montrer cruel... et le voilà qu'il s'amuse avec moi. Je ne sais pas du tout comment interpréter la situation. Je pousse un long soupire d'exaspération et ferme les yeux. En y repensant, c'est vrai que je n'ai pas dormi depuis... depuis avant hier. Ce n'est que maintenant que je suis seule que je prends consience de ma fatigue. Je suis exténuée. Tellement d'éléments se sont enchaînés si rapidement...
Je glisse petit à petit de l'arbre jusqu'à être complétement allongée sur l'herbe. Je sens mes paupières s'allourdir de plus en plus jusqu'à... quelque chose cloche. J'ai comme l'impression qu'un souffle s'écrase sur mon visage, comme si quelqu'un respirait devant moi... J'ouvre immédiatement les yeux pour constater que Drake se tient à moins de dix centimètres de mon visage. Je m'écarte rapidement en me félicitant intérieurement pour ne pas avoir retiré mes lunettes le temps d'une sieste. Drake se recule également sans pour autant me quitter des yeux. J'ignore pourquoi mais il ne m'inspire pas du tout confience contrairement à ce que pourrait affirmer Rachelle. C'est donc sur la défensive que je décide de prendre la parole.

-Est-ce que tu m'as suivit? demandais-je, assez agressive.

Un demi sourire vient étirer ses lèvres tandis qu'il me répond.

- Techniquement, c'est moi qui devrait te poser cette question.

Je le regarde en fronçant les sourcils , ne voyant pas où il veut en venir.

- Tu es assise à ma place. C'est ici que je viens me réfugier quand je veux m'isoler des autres.

- Et pourquoi voudrais-tu t'isoler? dis-je toujours peu convaincue de sa sincerité.

- Moi je ne cherche pas à savoir ce que tu fais ici. Tu ne devrais pas non plus.

Drake:1 Elynda:0
Ne sachant plus quoi ajouter pour alimenter la conversation, je décide de me lever pour m'éloigner, quand je l'entends crier dans mon dos.

- Au fait! Évite de te promener dans les parages une fois la nuit tombée!

Quoi encore? Après les portes qui s'ouvrent seules, les examens d'innitiation et les parties de chasse à la belle étoile, il manquerait plus que des vampires qui attaquent les élèves au coucher du soleil!

Je comprends que j'ai pensé tout haut lorsqu'il affiche un sourire mauvais .

- J'appelerai pas ça comme ça...

Je décide de l'ignorer et de rentrer dans le bâtiment. Heureusement les couloirs sont vides. Je ne suis confrontée à aucun élève, jusqu'à ce que j'arrive devant les escaliers. Une petite métisse à lunettes dévale les marches à un allure impressionnante sans relever la tête. Je m'écarte juste à temps pour éviter une catastrophe. Arrivée en bas des marches la fille double de vitesse et disparait dans les couloirs sous mon regard intrigué. J'essaie de faire abstraction de ce qui vient de se passer et m'apprête à monter les escaliers à mon tour lorsqu'un objet au sol attire mon attention. En me rapprochant je découvre une clé assez imoressionnante. Je mettrai ma main à couper qu'elle est faite en or pure. Elle est parsemée de gravures anciennes qui m'ont l'air très familières. Je me demande quelle porte cette clé ouvre-t-elle. Je tends le bras pour m'en emparer mais un choc électrique me stoppe immédiatement dans mon élan. Je pousse un gémissement de douleur à cause de la brûlure à ma main.

- Je crois que c'est à moi.

Je sursaute de suprise en entendant une voix dans mon dos et me retourne instantanément. La petite métisse se tient fermemant devant moi, un bras tendu dans ma direction. Je mets une fraction de seconde pour comprendre qu'elle parle de la clé.
Je m'écarte pour la laisser passer et la regarde saisir la clé sans m'adresser un regard. Elle s'éloigne à nouveau mais je ne peux m'empêcher de fixer la main avec laquelle elle tient la clé.
La main indemne.
Sans aucune brûlure.