Prologue

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D'aussi loin que je me souvienne, j'étais toujours avec Guillerme. Et étonnement, je me souviens encore de notre rencontre.

C'était à mon premier jour d'école. J'étais rentré dans la classe avec appréhension collé à ma mère et je m'étais mis à pleurer. D'après elle, c'était parce que ma maîtresse de l'époque m'avait pris pour une fille. Et pour cause, j'avais une longue chevelure châtaine parfaitement bouclée, au grand dam de celle-ci qui peinait à les coiffer. Mes cils semblables à ceux d'une poupée en porcelaine, ne m'aidaient pas et mes yeux aux reflets dorés non plus. Et puis je me suis calmé quand Guilherme est venu me proposer qu'on joue ensemble aux briques de construction. On ne s'était pas lâcher de la journée et Guilherme ne voulait pas me quitter pour rentrer chez lui. Il s'est calmé au moment où sa mère lui a expliqué qu'on se reverrait le lendemain. Ce fût le premier jour d'une longue série passé ensemble.

Le souvenir le plus marquant que j'ai avec lui, c'est quand on a gravi le « Sommet du monde » pour la première fois. On devait être en CM2 quand avec nos copains de l'époque, on parlait de cette colline. Il y avait plein de légende sur cet endroit ainsi que la vieille maison de maître qu'il y avait au sommet. La vue y était magnifique. Je me souviens de ses encouragements, de ses « allez Laure ! ». C'était mon surnom, enfin il n'y avait que lui pour m'appeler comme ça, pour les autres, c'était simplement Laurent. Je me rappelle comment on a ri ce jour-là, criant à plein poumons : « Nous sommes les rois du monde ! » l'une des phrases mémorables du film Titanic arrangeait à notre sauce. C'était un film qu'on n'avait pas vu parce que c'était un film d'amour. Beurk. Nous, on préférait regarder des films d'aventure louer au vidéoclub. On les regardait pendant des après-midis pluvieux sur la petite télé cathodique que Guilherme avait dans sa chambre. Je nous revois dans cette petite chambre qui sentait la naphtaline, il n'y avait que nous deux. Pas de Paul ou de Jérôme, ni de Tristan et encore moins de Basile avec qui je ne m'entendais pas super bien. Il était plus l'ami de Guilherme que le mien.

Le dernier souvenir que j'ai de lui, c'est celui d'un après midi de 2008, c'était juste avant les vacances de Noël. Rien que tous les deux à regarder le soleil se coucher, assit par terre sur le « Sommet du monde ». Il commençait à faire froid pour sortir comme on le faisait. On était en troisième et a cette époque, je commençais à éprouver des sentiments pour lui. J'ai préféré les garder pour moi, ne voulant pas gâcher notre amitié si importante... Si fusionnel ? J'aurais peut-être dû lui dire en y repensant, sachant ce qui aller se passer ensuite. Mais a cette époque, je ne pouvais pas imaginer que je l'aimais à ce point. Et puis on m'avait toujours dit que les garçons, ça n'aimaient que les filles. Peut-être que j'ai été égoïste à ce moment-là, mais je n'ai pas pu m'empêcher de lui demander :

« Tu resteras toujours avec moi, n'est-ce pas ? »

Il m'avait souri de ses dents de travers, sa petite fossette droite était marqué et il m'a répondu fort. Parce que chez lui on parlait toujours fort.

« Bien sûr Laure, juré craché ! »

Et a ses mots, il s'était levé et avait craché en contre bas de la colline et en exigeant que je le fasse pour que notre pacte soit sellé. Mon cœur s'était réchauffé. Mais ça n'a duré que le temps des vacances. 

Comme chaque année, il allait au Portugal pour voir sa famille et comme se téléphoner coutait chère, on ne s'appelait jamais. On se retrouvait souvent le dimanche avant la rentrée pour tout se raconter. Seulement ce jour-là, personne n'était venus. J'ai laissé passer une semaine avant de vraiment m'inquiéter. Mon meilleur ami n'était plus là et je ne savais plus quoi faire sans lui. Guilherme était le cerveau de notre duo. C'est lui qui proposer toujours quelque chose à faire pour qu'on ne s'ennuie jamais. Et quand par hasard, je suis passé devant chez lui espérant peut-être l'apercevoir derrière une fenêtre. Ce fut la douche froide. Cette maison, dans laquelle j'avais vécus une grande partie de mon enfance, était à vendre. Ensuite j'ai compris que...

Guilherme était parti...

Guilherme m'avait laissé tomber...

Guilherme n'était qu'un menteur...

Les larmes sont venues. Mon cœur était en miette. Il l'est toujours d'ailleurs. Arriver chez moi en trombe, je n'avais pas pu cacher quoi que ce soit à ma famille. Mon premier ami était parti. Mon premier amour également par la même occasion. Nos amis de l'époque m'ont laissé tomber après son départ. Parce que Guilherme était ami avec tout le monde, pas moi.

Je pense que depuis ce jour, je n'ai plu était que l'ombre de moi-même. Comme le disait si bien maman. Nous étions les deux face d'une même pièce. Moi, j'ai perdu ma face. Et à cause de lui j'ai une pile de problèmes d'ordre relationnel. Heureusement que mon frère a été là à l'époque et que Kyan l'a rejoint lors mes études supérieures. Sinon je n'ose imaginer quelle bêtise j'aurais pu faire.

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