~ Prologue ~

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Un lendemain de soirée comme je les déteste, même si je ne me souviens pas avoir bu plus que de raison. Mon dernier souvenir me ramène à la bière que m'a tendu mon père puis plus rien, ou du moins que de vagues flashs. Mon crâne me fait un mal de chien alors que j'essaie de me souvenir de ce qu'il s'est passé hier soir, si bien que j'arrête.

J'ouvre un œil et constate qu'il fait déjà jour, ce qui me rappelle que j'avais rendez-vous avec Pandore. Bordel de merde, vu la hauteur du soleil dans le ciel, je suis sacrément à la bourre !

Je me redresse et lorsque mes pieds touchent le sol, un violent pic de douleur me vrille le crâne. Je soupire, me maudissant une fois de plus d'avoir trop picolé puis me lève et marche en direction de la salle de bain, mais en me voyant dans le miroir que je constate que je suis à poil. Ce qui n'est pas inhabituel en soit, vu que j'aime être libre de tous mes mouvements. Je hausse les épaules et allume l'eau de la douche avant de m'engouffrer dessous. Je frissonne lorsque la fraîcheur de l'eau touche ma peau, mais cela m'importe peu, après tout, je n'ai pas le temps d'attendre qu'elle chauffe.

Après une douche rapide qui me permet d'éliminer les effluves d'alcool, je retourne dans ma chambre pour prendre quelques fringues. A peine ai-je enfilé mon boxer que ma porte s'ouvre avec fracas. Je me retourne pour voir qui ose pénétrer dans ma chambre de la sorte quand je constate qu'il ne s'agit que de Zéphyr, mon frère adoptif complètement timbré.

— On ne t'a jamais appris à toquer, connard ? grognai-je, déjà las de devoir discuter avec ce dégénéré alors qu'il hausse les épaules.

Comme on peut s'en douter, Zéphyr et moi, ce n'est pas la grande histoire fraternelle. Ce gars est trop bizarre pour être honnête, en plus d'avoir un sacré pète au casque et un regard est digne de celui du Joker.

— Qu'est-ce que tu veux ? demande-je après avoir enfiler un tee-shirt.

— Réunion dans dix minutes.

Fais chier !

Je voulais rejoindre Pandore à son appart afin de me faire pardonner dans les règles, mais il semblerait que je vais devoir attendre encore un peu.

— J'arrive.

Zéphyr hoche la tête en me regardant bizarrement, un éclat dans ses yeux qui ne présage rien de bon venant de lui, avant de quitter la chambre. Une fois la porte fermée, je me mets en quête de mon téléphone et envoie un message à Pandore. Je m'excuse d'avoir loupé notre rendez-vous et promets de me faire pardonner comme il se doit. Je range ensuite le téléphone dans la poche intérieure de mon cuir au couleur du club de motard que mon père a fondé, il y a de ça quelques décennies.

Je quitte ma chambre en prenant soin de bien fermer à clé derrière moi. Je ne fais pas confiance aux brebis et encore moins depuis que je suis avec Pandore. Je ne compte plus le nombre de fois où j'en ai trouvé une allongée, à poil, dans mon lit tout en sachant très bien que je n'étais pas libre. Depuis, je ferme ma porte à clé et je n'ai plus d'emmerdes.

En passant dans la grande salle, je salue quelques régulières ainsi que des nomades de passage puis me dirige vers la chapelle. Tout le monde est déjà présent et mon père est installé dans son fauteuil en bout de table. Kellan Sheridan, alias Orion, est un père de merde mais c'est un bon président. Même si ses idées sont parfois... archaïques.

Je m'installe dans mon fauteuil, près de celui de mon pote Rule, puis tourne toute mon attention vers mon président. Toujours un cigare aux lèvres, Orion tape son marteau sur son socle pour annoncer le début de la messe.

Pendant près de deux heures, nous discutons des affaires du club. Celles légales et celles qui le sont moins. En sortant de la salle, Rule pose sa main sur mon épaule et d'un regard, il me montre le bar.

— Pas pour moi, je passe mon tour, dis-je en sortant mon portable de ma poche. Il faut que j'aille voir Pandore. Me faire pardonner de l'avoir planté ce matin.

— Tant pis pour toi, dans ce cas, répond Rule en se dirigeant vers le bar.

Je fronce les sourcils en voyant que je n'ai aucune réponse de Pandore. D'habitude, elle me répond toujours, ce qui signifie qu'elle doit être vraiment furax. Je range de nouveau l'appareil dans ma poche puis me dirige vers ma bécane, l'autre femme de ma vie, une Harley Iron 883 que j'ai retapé entièrement à neuf.

Alors que je m'apprête à enfiler mon casque, je remarque que mon paternel s'approche dans ma direction. Je soupire tout en attendant qu'il soit à ma hauteur.

— Où est-ce que tu vas ? demande-t-il en croisant les bras sur son torse.

— Chez Pandore.

Ma réponse ne lui plaît visiblement pas. En même temps, accepter les différences n'est pas le fort d'Orion. Je dirais même qu'il déteste ça.

— Quand est-ce que tu vas te lasser de cette pauvre fille ?

Sa remarque me fait serrer les dents. J'aimerais bien le remettre à sa place, mais je sais, pour l'avoir déjà fait auparavant, que ça ne servira à rien. Orion déteste Pandore, bien qu'elle ne lui ait jamais rien fait. D'ailleurs, il a fait sacrément la gueule quand je lui ai parlé de mon idée de lui donner le blouson. Il ne pense pas qu'elle fera une bonne régulière, ce qui n'est pas mon cas.

— Ecoute, j'ai autre chose à foutre que de me prendre la tête avec toi, là, tout de suite. Comme rejoindre ma meuf, par exemple.

Sur ce, je ne lui laisse pas le temps d'argumenter et enfile mon casque avant de faire résonner le moteur de ma bécane. Orion est furax, mais après une pipe d'une des brebis, ça lui passera. Il recule d'un pas lorsque je démarre et l'ombre d'un sourire semble se dessiner sur ses lèvres.

Je ne m'attarde pas plus que ça, et file en direction de chez Pandore. Elle vit en ville, pas très loin du Terpsichore, notre club de strip-tease, mais à mon arrivée, je ne remarque pas sa voiture dans la rue. Ce constat fait naître un mauvais pressentiment en moi, et je me dépêche de grimper les escaliers pour rejoindre son appart. Après tout, elle est peut-être partie faire quelques courses.

Sauf qu'en rentrant dans l'appart, grâce à la clé cachée sous le tapis, mon inquiétude renaît de nouveau. Le lecteur de musique de Pandore, qui est toujours branché à sa chaîne hi-fi, n'est plus là. De même pour la couverture toute pourrie qu'elle affectionne. Je me dirige alors vers sa chambre et mon cœur loupe un battement tandis que j'essaie de me convaincre que ce qui est en train d'arriver n'est qu'un putain de mauvais rêve. Mais lorsque j'ouvre la penderie et qu'aucuns vêtements ne s'y trouvent, je cesse de me mentir.

Pandore est partie. 

Nyx's Sinners - 1 - Ax [SOUS CONTRAT D'EDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant