Nyx's Sinners - 1 - Ax [SOUS CONTRAT D'EDITION]

~ Chapitre 2 ~

Ax

Je jure en découvrant Circé allongée dans mon lit. Nue, bien évidemment. Cette femme n'a aucun respect pour elle-même, et bien qu'elle essaie de me mettre le grappin dessus depuis quelques années, j'ai toujours refusé ses avances.

— Casse-toi, dis-je en me retenant de la sortir de ma chambre par les cheveux.

Circé quitte mon lit pour s'approcher de moi avec une démarche aguicheuse qui ne me fait absolument aucun effet. Elle passe ma main sur mon torse et je ne peux retenir une grimace face aux ongles, enfin ce sont plus des serres, qu'elle arbore.

— Tu es sûr ? tente-t-elle en battant des cils, comme si cela allait me faire changer d'avis. Tu pourrais avoir besoin de te détendre un peu.

— Déjà fait, alors habille-toi et sors !

Visiblement, ma réponse ne lui plaît pas puisqu'elle s'écarte vivement, une grimace déformant ses lèvres.

— Très bien, comme tu voudras, ajoute-t-elle en enfilant un kimono transparent qui ne cache évidemment rien de son corps.

Alors qu'elle quitte ma chambre, marmonnant des insultes au passage, j'en profite pour sortir une clope et l'allumer. Installé sur le rebord de la fenêtre, je regarde mon lit comme s'il allait me cracher à la gueule puis secoue la tête en prenant une nouvelle bouffée de nicotine. Mon téléphone vibre sur le bureau, près de la porte, mais je ne bouge pas pour aller voir de qui il s'agit. Au lieu de ça, je me tourne vers la fenêtre et observe la nuit. Comme le club-house est éloigné de la ville, nous n'avons pas la pollution lumineuse et il est possible d'observer les étoiles.

Depuis l'annonce de mon lien de parenté avec Harlow, j'ai beaucoup discuté avec elle. Notamment de la passion de sa mère pour les étoiles. Je me souviens de Léandra, vaguement, mais j'ai quelques souvenirs d'elle et de nos sorties nocturnes lorsqu'elle était encore avec mon géniteur. A l'époque, je n'avais que cinq ans, mais c'est comme si c'était hier.

— Et là, tu vois, c'est la constellation de Cassiopée, dit-elle d'une voix douce.

J'écoute attentivement Léandra. J'adore quand elle me montre le ciel et qu'elle me dise le nom des étoiles tout comme j'aime bien qu'elle s'occupe de moi. Lorsque papa est avec nous, il est plus calme et ne crie pas sur moi, et puis, Léandra est gentille. La dernière fois, je lui ai demandé si elle était ma maman, mais elle a répondu non et j'étais triste. Je veux qu'elle soit ma maman, parce que c'est nul de ne pas avoir de maman. Papa dit que ma maman était une pute, mais je ne comprends pas ce que ça veut dire donc je dis oui avec la tête, pour qu'il ne se fâche pas. Je n'aime pas quand il se fâche, parce qu'après il dit des choses méchantes qui me donnent envie de pleurer. Et je ne veux pas pleurer, je veux être fort, comme lui.

— Paxton, tu m'écoutes ? demande Léandra en tournant son visage vers moi.

Non, je ne l'écoute plus et ça semble la rendre triste, du coup, je baisse les yeux. Je ne les relève seulement lorsque je sens ses doigts sous mon menton.

Paxton...

— Désolé, m'excusais-je en triturant mes doigts.

— Pourquoi es-tu désolé, mon ange ?

Je ne suis pas un ange, c'est elle l'ange. Papa dit que je suis un sale gosse, même si je n'ai pas bien compris ce que cela voulait dire.

— Parce que je ne t'écoutais plus, dis-je du bout des lèvres.

— Mais ce n'est pas grave, mon grand, me répond-elle en souriant. Je parle trop parfois.

— J'aime bien quand tu parles. J'aime quand tu me racontes l'histoire des étoiles.

Le sourire de Léandra s'agrandit et je sens mes lèvres s'étirer, tout en me caressant la joue, elle m'attire vers elle. Je pose ma tête sur son épaule et l'écoute me raconter l'histoire d'Orion.

— Orion était un chasseur géant qui se vantait de pouvoir tuer n'importe quel animal. Mais alors qu'il chassait avec Artémis, la déesse de la chasse, ils furent surpris par un scorpion. Orion tenta de le combattre, mais le scorpion était trop fort, alors il décida de plonger dans l'océan et de former une barrière naturelle. Apollon, le frère jumeau d'Artémis, demanda à sa sœur de tuer le monstre. Mais Orion et le scorpion étant trop loin, Artémis ne pouvait pas les distinguer l'un de l'autre. Alors quand elle décocha sa flèche, cette dernière toucha Orion et non pas le scorpion. Se rendant compte de son erreur, Artémis plaça son image parmi les étoiles, ainsi que celles de ses chiens, Sirius et Procyon, qui forment les constellations du Grand Chien et du Petit Chien.

Toujours allongé à ses côtés, je sens mes paupières se fermer doucement.

— Pourquoi papa a choisi ce nom de route ? parviens-je à demander avant de m'endormir.

— Je ne sais pas, mon ange. Je ne sais pas.

Des coups donnés à la porte me sortent de mes rêveries. Je me retourne lorsque cette dernière s'ouvre et je suis surpris de trouver Rule. Le visage de mon bras droit et meilleur ami est fermé, signe qu'une merde va encore nous tomber sur la gueule. Je jette ma cigarette, qui s'est complètement consumée durant mon retour en enfance, puis me tourne entièrement vers mon meilleure pote.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? questionnais-je

Je porte encore la serviette que j'avais quand je suis sortie de la douche, mais cela ne semble pas déranger Rule qui s'avance dans la chambre et referme la porte derrière lui. Le sergent d'arme arbore aujourd'hui une crête violette alors qu'hier elle était verte.

— Tu ne regardes jamais ton portable ? grogne-t-il avec mauvaise humeur.

— Il est sur le bureau, dis-je en haussant les épaules.

— Une info vient d'arriver.

Je me tends à cette annonce. Il n'y a que deux raisons pour que Rule vienne me déranger alors qu'il est presque trois heures du mat'. Le club ou elle.

— Qu'elle genre d'info ?

— Elle est de retour, lâche-t-il comme si nous parlions de la pluie et du beau temps.

— Tu es sûr ?

Rule acquiesce avant de reprendre :

— Certain. Grey l'a aperçu sur les caméras de vidéosurveillance du Terpsichore.

Putain, je le savais ! Je savais que je n'avais pas eu une putain d'hallucination.

— Il y a autre chose ? demande-je d'une voix qui se veut détachée, bien que Rule ne soit pas dupe.

— Il a réussi à tracer le portable qu'elle utilise. Il est chez Hécate en ce moment même.

Avant même que je n'ai pu demander l'adresse à mon sergent d'armes, il me tend un papier. Je le déplie et enregistre l'adresse sur mon téléphone.

Me foutant que mon pote soit là, je me dirige vers ma commode et m'habille en quatrième vitesse. Je veux des réponses, et je me fous qu'il soit quatre heures du matin parce qu'avant le lever du jour, je les aurai.