Chapitre 2

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Après leur repas tumultueux du midi, Jules s'était dit qu'il valait mieux pour lui faire profile bas et éviter du mieux qu'il le pouvait toute interaction avec Nina. Souvent, dans l'esprit collectif de la société, les omégas étaient synonymes de pureté, de gentillesse, de naïveté et de faiblesse. Pourtant, et Jules était bien placé pour le reconnaître, il avait l'impression qu'ils étaient tout l'inverse, mais qu'ils cachaient leur vraie nature derrière un voile que personne ne voulait tirer.

Après tout, qui voudrait connaître la vérité sur quelqu'un alors qu'on pouvait se contenter des apparences - apparences qui rimaient avec simplicité et correspondaient aux attentes de la société ?

Nina était le parfait exemple de ce type d'oméga : elle était en surface une fille fragile, qui se languissait d'un chevalier servant, ayant toute une ribambelle de problèmes, bien qu'on ne sache jamais vraiment de quoi il était factuellement question, car comprenez bien, on risquerait de pouvoir trouver une solution. Nina était belle, Nina était mine, Nina paraissait gentille et intelligente. Mais, tel un château de cartes, tout s'écroulerait au moindre coup de vent. Jules attendait patiemment que cette brise se présente.

Ne vous méprenez pas, Jules avait sincèrement fait de son mieux pour que leurs relations soient bonnes, mais de son côté, Nina n'avait jamais fait d'efforts, pire, elle racontait des choses fausses dans son dos. Jules lui avait accordé sa confiance plusieurs fois, et à chaque fois elle en avait profité avant de la briser sans aucun scrupule. L'oméga était certes intelligent, mais il croyait si fort en la bonté humaine, qu'il pensait que sincèrement que Nina était honnête et pleine de bonnes intentions.

Toutefois, il 'évertua à ne pas songer à elle, se concentrant plutôt sur son évaluation l'heure d'après. C'était dans l'une de ses spécialités, qu'il partageait qu'avec Edouard. Jules fit de son mieux, paniqua quand leur professeur leur dit qu'il ne restait que cinq minutes alors qu'il n'avait même pas commencé la deuxième partie (deuxième partie qui était tout de même sur cinq points) et termina finalement son évaluation dix minutes après tout le monde.

Jules ne s'en faisait pas trop, c'était après tout l'heure de la pause, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il devait aller en sport, dans la salle qui se trouvait à dix minutes en bus, qu'il n'avait pas encore pris son sac de sport - sac de sport qui était dans le casier de Bella - et que cette dernière devait déjà être avec Ophélie en direction du gymnase.

Jules se fit la remarque qu'il n'avait vraiment pas de chance aujourd'hui.

Il alla à la vie scolaire, demanda à un surveillant d'ouvrir le casier de Bella pour récupérer son sac de sport. Quelques minutes plus tard, l'oméga était enfin parti pour l'arrêt de bus, quand il prit conscience qu'il n'avait pas sa carte - elle était dans sa veste en jean et non son manteau - et que le trajet qui ne devait durer que dix minutes se changeaient en une marche de vingt-cinq minutes. Au point où il en était, Jules se demandait si il ne valait pas mieux sécher complétement le cours de sport...

Pourtant, il se mit en route. Il n'allait pas se laisser abattre pour si peu. Et puis, peut-être que la marche l'échaufferait pour le sport...

Au bout de plusieurs minutes, Jules était déjà essoufflé : il portait son lourd sac de cours sur les épaules, en plus de son sac à dos, son manteau était plus une gêne qu'autre chose, et lui tenait si chaud qu'il en avait les joues rouges. Son maque lui irritait les oreilles, en plus de l'empêcher de respirer quand il le mettait en classe.

Néanmoins, après vingt-cinq minutes de marche et un détour à cause d'une route barrée et d'une déviation (si cela n'était pas un signe pour qu'il n'y aille pas !), il arriva au gymnase et, à sa grande surprise, tous les élèves étaient encore dehors. Curieux, il s'avança et retrouva Bella et Ophélie dans la foule, qui se tenaient un peu à l'écart.

_ Jules ! Tu es enfin là ! s'écria Bella.

_ Vous m'attendiez ? demanda-t-il en plaisantant.

_ On peut dire ça, répondit Ophélie. Les portes du gymnase sont fermées, on ne peut pas entrer. On dirait presque que le destin ne voulait pas qu'on commence sans toi !

Le concierge du gymnase apparut et leur permit d'entrer. Jules dut se séparer de ses deux amies et alla se changer dans les vestiaires des garçons. Il ouvrit son sac, et se rendit alors compte que tout son tube de gel hydroalcoolique s'était déversé sur ses affaires. Jules se mordit fort la langue pour ne pas laisser échapper un juron.

Il se changea tout de même, laissait sa veste dans les vestiaires, étant celle qui avait pris le plus de dégâts. Au moins, Jules pouvait se dire qu'il était complétement désinfecté. Il alla s'asseoir sur le tapis, attendant que Bella et Ophélie ne se montrent à leur tour. L'oméga observa le gymnase regrettant amèrement d'avoir choisi ces sports-là, quand son regard se posa sur les trois personnes avec lesquelles son professeur discutait.

Tous devaient être de quelques années à peine plus âgé que lui. Le premier était très grand et l'oméga devinait que sous son pull noir se cachait une carrure d'athlète. Ses cheveux étaient bruns, sombres, coupés courts. Il portait son masque, juste sous le nez, ce qui agaçait Jules. Il n'y avait aucun doute, il devait être un alpha. Le second était plus petit d'une tête et avait un tee-shirt bleu marine. Il n'était pas aussi musclé que le premier, et n'attirait pas autant l'attention. Jules paria avec lui-même qu'il s'agissait d'un bêta.

Mais pour le dernier, Jules eut un doute. Il ne ressemblait en rien à un alpha et pourtant, il était persuadé qu'il n'était ni un oméga, ni un bêta. Une douceur et une grâce émanaient de lui, deux choses si rares chez les alphas. Ses cheveux châtains retombaient en grosses boucles lâches sur ses lunettes dorées. Il écoutait attentivement le professeur, alors qu'il donnait les consignes pour la séance.

Quand Bella et Ophélie vinrent s'asseoir à côté de lui, il leur demanda qui ils étaient.

_ C'est vrai que tu n'étais pas là quand le prof nous les a présenté, fit Ophélie. Ce sont des stagiaires qui vont rester quelques temps avec nous. Je crois que le plus grand s'appelle Enzo, le bêta Léo, et le dernier, Valentin, je crois.

Pour une raison inexpliquée, le cœur de Jules rata un battement à l'évocation de son prénom. Il préféra de pas y faire attention, se disant que la journée avait été très longue et qu'il restait encore deux heures à tenir.

Comme si le monde nous tombait sur la têteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant