Plus les minutes passaient, plus les élèves de leur groupe de sport arrivaient dans le gymnase, des leggings moulants leurs jambes fines et des tee-shirt trop grand rentrée dans le pantalon qui faisaient ressortir leur taille de guêpe. Jules se demandait de plus en plus ce qu'il faisait là, parmi toutes ces personnes (la majorité était des omégas filles) maigres et agréables à regarder, qui n'auraient certainement aucun problème à faire les figures que leur prof leur imposerait.
Jules se sentait complétement débile au milieu de ces lycéennes, lui qui revêtait des vêtements environ trois fois trop grand pour lui - pour cacher ses rondeurs au maximum - et qui en plus de cela, sentaient fort le gel hydroalcoolique. Il n'avait jamais réussi à faire la roue, il n'avait jamais fait d'ATR, sa dernière roulade datait d'il y a cinq ans, et pourtant, il avait choisi gym dans son menu de sport. On aurait pu pensé qu'il n'avait pas eu le choix, mais ce n'était pas la réalité: il était en pleine possession de ses capacités mentales lorsqu'il avait décidé. Parfois, il se mettrait des claques mentales face à son imbécilité.
_ Comment se fait-il que tu sentes l'alcool ? l'interrogea Ophélie, assise à côté de lui.
Ils attendaient que les derniers élèves quittent les vestiaires et viennent s'asseoir avec eux. Leur professeur était toujours assis à ce qu'il lui servait de bureau (une sorte de table, à moitié bancale), entouré des trois garçons qui paraissaient captivés par ce qu'il racontait. Jules se fit la remarque qu'ils ne devaient certainement pas discuter de sport.
_ Mon gel s'est renversé sur mes affaires...
_ Pas de chance, commenta Bella, avec toutefois un sourire amusé sur les lèvres.
_ C'est vraiment pas ta journée, dîtes donc...
Jules haussa les épaules. Il n'eut pas le temps de répondre que leur professeur se tenait déjà au milieu des tapis, mains sur les hanches, ses yeux toisant ses élèves, comme un vautour cherche une proie.
_ Bon, nous allons commencer le cycle gym. J'espère que vous êtes prêts et motivés ! Et comme je le disais toute à l'heure quand nous étions dans le froid, Léo, Enzo et Valentin vont nous accompagner durant quelques semaines, peut-être même jusqu'à la fin de l'année. J'espère que vous serez bien gentils avec eux, d'accord.
Deux alphas et un bêta à peine sortis de l'adolescence au milieu d'une foule d'omégas hormonales, ils ne devaient pas être les plus dangereux, commenta mentale Jules. C'était drôle de voir comment certaines avaient déjà commencer une sorte de jeu de séduction, surtout avec Enzo. Elles le regardaient, faisaient des yeux de biche, faisaient tournoyaient leur cheveux entre leurs doigts. Ce qui était toutefois encore plus drôle à observer était la nonchalance et l'ignorance de l'alpha en question.
Le professeur leur confia d'ailleurs la tâche de faire s'échauffer les élèves. Jules soupirait déjà d'ennui. Après une douzaine d'allers-retours du terrain, d'un bon nombre de demi-sauts et une quantité démesurée de chandelles, l'échauffement était enfin terminé.
Quoiqu'il en soit, Jules priait intérieurement pour que les deux heures qui allaient suivre ne soit pas l'enfer. Après la longue journée qu'il avait eu, il ne voulait pas être confronté à de nouveaux problèmes et avoir de nouvelles prises de tête. Mais, bien évidemment, cette journée était marquée du sceau de la malchance, et leur professeur les fit passer, un à un, pour les roulades avant devant toute la classe. Jules avait, à sa grande fierté, réussit à en faire, même si après il était tombé, parce que, bah oui, il n'a aucun équilibre.
Puis, les élèves durent faire des groupes de trois pour s'exercer à l'ATR. Jules se retrouva bien évidemment avec Ophélie et Bella. Ils étaient dans un coin éloigné du gymnase, si bien qu'ils étaient un peu à l'écart du chahut de la classe. Bella fut la première à passer, et malgré ses contestations "je ne vais pas y arriver" et "je suis trop nulle à ça", elle y parvint parfaitement sans aucune surprise. Ophélie fut la deuxième, et bien qu'elle ne tendit pas assez ses pointes de pieds, son ATR fut plutôt satisfaisant. Puis, vint le tour de Jules et par un chanceux concours de circonstance, leur professeur passait juste à côté d'eux à cet instant.
_ Allez viens, on y va, lui dit-il.
Jules n'eut pas vraiment le temps de réfléchir : il posa ses paumes par terre, lança une de ses jambes bientôt rattrapé par le prof et fut collé contre le mur. Quelques secondes plus tard, il fut de nouveau tête à l'endroit, même si il était un peu confus.
_ C'est bien, commenta leur professeur, continuez à vous entraîner.
Bella et Ophélie firent leur deuxième ATR, chacun encore meilleur que le premier, puis ce fut à nouveau à Jules.
_ Vous m'assurez bien, hein ?
_ Mais oui ! affirma Bella.
Sur cette information, Jules se lança alors, et à mi chemin, Ophélie et Bella vinrent attraper ses jambes et le coller contre le mur. En tous cas, c'était ce qu'elles essayaient de faire, puisqu'elles ne s'étaient pas coordonnées. Jules perdit l'équilibre mais Belle et Ophélie ne lâchèrent pas ses jambes. Au bout de ses forces, ce fut les bras de Jules qui n'en purent plus et sa tête vint cogner durement contre le matelas. Il s'écroula par terre, la tête complétement sonnée. Valentin, le stagiaire, arrivait justement à leur niveau quand Jules tomba. Il s'approcha du groupe et demanda à l'oméga :
_ Est-ce que ça va ?
Pour être tout-à-fait honnête, Jules se sentait complétement honteux de ce qu'il venait de se passer, et les gloussements moqueurs de Bella et Ophélie n'arrangeaient rien. Il n'avait qu'une envie, celle de disparaître. Alors, même si il avait une douleur vive au cou, il hocha positivement la tête.
_ Tu es sûr ? Tu n'as pas mal quelque part ? Tu as la tête qui tourne ou envie de vomir ?
Jules se sentait complétement troublé, mais il ne savait pas si c'était sa chute qui avait causé cela ou bien la présence de Valentin juste à côté de lui. Son odeur était douce à ses narines, comme des mandarines et de la cannelle. Il se sentait vaseux, totalement ailleurs. Il se sentait si mal-à-l'aise que quelqu'un se soucie de lui qu'il priait silencieusement pour que le plus âgé parte.
_ C'est bon, ça va.
Comme pour prouver ses dires, il se releva, et bien que sa vision fut floue pendant quelques instants, il réussit à tenir debout. Valentin le toisa quelques secondes encore du regard, peu convaincu, avant d'acquiescer d'un mouvement de tête. Il s'éloigna, Jules ne voulut plus faire d'ATR, et ils ne se parlèrent plus de la séance.
Toutefois, il est à noter que depuis cette brève entrevue, le cœur de Jules battait plus fort, une douce chaleur inconnue lui avait réchauffé la poitrine et l'odeur de Valentin, qui était pourtant resté à distance de lui, ne le quittait plus. Il ne savait pas ce qui avait provoqué tout cela.
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Comme si le monde nous tombait sur la tête
Teen FictionIl y a des jours comme cela, où on se rend très vite compte que la chance n'est pas de notre côté. Jules, un oméga enrobé de dix-sept, s'était pourtant levé avec beaucoup d'espoir pour cette merveilleuse journée de lundi. C'était sans compter l'alli...