Chapitre 22- Joyeux Noël

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Enfin libérée, Maïa se hâta de rentrer chez elle. Bien sûr, elle n'avait aucune photographie du comte, de plus  son envie de partager les secrets du manoir Lewis - Nowey, s'était quelques peu refroidie. Alors elle se contenta de garder les pinces. Parée de petit bijou de technologie, elle n'aurait qu'à les revendre pour s'assurer un mois de loyer tranquille. Elle regarda la robe : celle-ci devait également valoir une petite fortune. Et quant au sceptre, Maïa ravisa son tout premier jugement. Qu'est ce que cela lui coûterait de faire analyser ce joyau ?

Alors elle se changea : troqua sa robe contre un jean ample et un pull chaud aux couleurs de Noël — parce qu'elle n'en avait pas d'autres de propre, bien sûr. Elle attrapa ses clefs, son porte monnaie et partit en quête de la bijouterie la plus proche. Un 26 décembre, ça devait bien se trouver.

En marche, elle s'arrêta devant la vitrine d'une chocolaterie, son ventre gargouilla. Elle se souvint ne pas avoir mangé de la soirée, et poussa la porte, affamée. Une douce effluve chatouilla ses narines lorsqu'elle inspira. Quel délice !

Elle farfouilla dans les étagères en quête de gourmandise, de préférence agrémentée de noisettes quand une main se posa sur son épaule. Elle sursauta, avant de reconnaître sa voix.

— Loïs ! Qu'est ce que tu fais ici ?

Maïa la détailla du regard, elle portait toujours sa dernière robe de bal, et une paire de chaussure toute nouvelle. Ses bras étaient chargés de pâtes d'amande, de bonbons et de miniardises en chocolat. Elle souriait mais Maïa le voyait bien : derrière cette façade, se dissimulait un grand choc.

— C'est une tradition. Collin et moi avons l'habitude de nous acheter des chocolats pour les événements spéciaux... Ou quand ça va mal.

Quand ça va mal. Était-ce un appel de détresse ?

Maïa piocha le premier — Et le moins cher — chocolat de la boutique puis l'accompagna à la caisse. La vendeuse ne semblait occupée dans les réserves, au sous sol.

— C'est moi, ou tu n'as pas très envie de rentrer chez toi ? remarqua Maïa en désignant la jolie robe bleu nuit.

Puisque Loïs baissa les yeux, Maïa comprit qu'elle avait vu juste.

— Je...Collin, mon fiancé, et moi avons l'habitude de ne rien nous cacher alors s'il apprend que j'ai... enfin tu vois.

—  Ton Collin, il t'aime, pas vrai ?

— Oui mais.... bredouilla - t-elle.

— Et il te connaît,  il sait que tu es une insupportable miss-rayon-de-soleil-et-guimauve  ?

— Eh! Rappelle-moi qui a un renne à nez rouge cousu sur son pull ?

Par vengeance, Maïa lui assena un petit coup de coude dans les côtes. Mais avant qu'elle ne puisse répliquer quoi que ce soit, une vendeuse, arriva et les fit payer. A la sortie, une boule de stress se reforma au creux du ventre de Loïs. Plus de détours possibles. Elle allait devoir rentrer à la maison ou bien son fiancé la harcelerait d'appels. Mais Maia la retint :

— T'inquiète pas, Loïs, ce que tu as fait, tu l'as fait pour de bonnes raisons. Sinon les frères de l'apocalypse ne nous auraient pas aidées. Je ne dis pas que tu l'oublieras vite mais au fil du temps, tu apprendras à passer outre. Et Joyeux Noël, on se revoit à l'université !

Elle sourit timidement, puis la salua d'un signe de main tandis qu'elle partit son sceptre en main... Comme une reine.

Dès qu'elle sonna à la porte, Collin lui sauta au cou, la noyant de baisers. Elle passa une main dans ses mèches châtains puis sur sa joue.

— Ça a été ce dîner ? demanda-t-elle en masquant quelques trémolos dans sa voix.

— Hor-rible ! Maman n'a pas arrêté de me demander où tu étais, puis elle s'est emportée dans ses réflexions habituelles, comme quoi, c'était inacceptable, que son dîner valait mieux que n'importe quoi d'autre. Caroline a cassé un vase en verre, et Sylia est partie en claquant la porte après une ridicule dispute avec sa sœur et maman . En fait, finalement, c'était assez drôle.

Dans d'autres circonstances, ces anecdotes auraient beaucoup amusé Loïs, mais maintenant, elle se sentait trop creuse pour rire.

— Et toi, la soirée de tes rêves ?

Les larmes lui montèrent aux yeux. Chose que Collin remarqua aussitôt.

— Ça ne s'est pas bien passé ?

Sans répondre, elle fondit en larmes dans ses bras. D'abord surpris, il l'entraina dans le salon, où un moelleux sofa orné de quelques guirlandes les accueillit.

— Tu veux peut-être me raconter tout ça autour d'un chocolat chaud.

Elle hocha la tête. En plus, les chocolats chaud de Collin étaient exquis.

Puis,  après une longue inspiration, elle raconta sa soirée. Quelques larmes coupèrent sa narration, mais son fiancé l'écouta avec bienveillance. Le discours achevé, il n'ajouta pas un mot et l'enlaça tendrement. Loïs prit cela pour un pardon.

Peut-être qu'il ne prenait pas encore conscience de ce qu'elle avait réellement commis, mais pour l'heure, elle était certaine d'une chose. Il ne l'abandonnerait jamais. Et encore moins le soir de Noël.

Lorsque Rebecca rentra accompagnée de sa sœur, elle  ne sut si le premier être vivant à courir vers elle fut sa mère ou le chaton Paillettes. Cette dernière semblait miauler de bonheur lorsque Rebecca la caressa et que les pompoms suspendues à son pull frolèrent son petit museau.

— Mis queridas ! s'exclama sa mère, trop heureuse. J'étais morte d'inquiétude.

Maria, de nouveau elle-même, la serra dans ses bras. Rebecca lui avait expliqué toute la situation qu'elle n'avait crue qu'à moitié. Sa petite sœur avait haussé les épaules : elle serait bien obligé de la croire lorsque tout le monde lui reprocherait son comportement de zombie. Mais pour l'heure, mère et fille avaient une fête de Noël à célébrer et une bonne dizaine d'empanadas à terminer.

Le bonheur, en somme !

Un Masque de neige et de sang (Terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant