VIENS.

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Il enfila sa veste à la hâte et bondit sur ses deux jambes pour prendre la tangente. C'était dans ses habitudes de se barrer quand il se sentait étouffé, on le lui reprochait tout le temps mais ça ne l'empêchait pas de continuer.

Préparer la tournée n'avait rien d'amusant pour lui. Avant il adorait ce lieu, là où il crachait toute son énergie aux côtés de ses amis les plus proches. Mais là, savoir que sur les dates de LEV, il n'y aurait pas tous ses copains, ça lui mettait un sacré coup. C'était pas envisageable de le faire sans eux. Surtout après avoir enchaîné des festivals tout l'été à leurs côtés.

Il entendit les interpellations des frères Akrour dans son dos mais cela ne fut pas suffisant pour le retenir. Il rabattu la capuche de sa veste sur son crâne et baissa la tête lorsqu'il se retrouva sur le trottoir parisien. Cela l'énervait aussi, de ne pas pouvoir se promener sans qu'on le remarque.

Fuir et marcher pendant des heures étaient les deux réflexes qu'il avait depuis toujours mais depuis une certaine nuit de juin, il avait une nouvelle habitude. Un petit rayon de soleil s'était immiscé dans sa peau. Quelque chose d'assez fou pour lui qui n'aimait pas communiquer à travers un téléphone mais allez savoir comment, Nana l'avait influencé.

"Je suis plus du genre relation épistolaire que Facetime toute la nuit", quelle menteuse pensait-il en souriant.

Alors, il dégaina son iPhone et cliqua sur leur discussion pour lui envoyer un vocal.

De son côté, Nana terminait ses derniers cartons dans cette chambre où elle avait passé six ans de sa vie. Mine de rien, elle en avait accumulé des choses, elle qui était arrivée avec rien qu'un seul sac à dos.

Elle se laissa retomber sur ses fesses en voyant son téléphone vibrer sur le parquet. Elle le pris en main et ne fus pas tant surprise en voyant un message de Ken. Elle avait très peu de personne dans son répertoire et à part lui ou Lilas, personne ne communiquait avec elle. Elle démarra la lecture de la note vocale.

« Parfois j'aimerais juste être personne. J'ai pas envie de préparer cette tournée. J'ai pas envie de voir des milliers de gens qui croient me connaître, qui me demanderont juste une photo et un autographe de merde. Je sais même pas écrire un texte sans faire de fautes et maintenant on dirait que mon écriture vaut de l'or. J'aime pas Nekfeu. »

Elle abandonna son rouleau de scotch et sa paire de ciseaux pour taper rapidement sur son clavier tout en souriant. Elle aimait bien voir qu'il se tournait vers elle quand ça n'allait pas, et même quand ça allait d'ailleurs. En presque trois mois, ils avaient construit une solide relation à travers le téléphone.

« FaceTime ? »

Le rappeur ne se fit pas attendre et répondit aussitôt : « Je t'appelle dans 5 minutes. »

Elle lança son téléphone sur le lit et couru jusqu'à la cuisine pour rapidement se préparer un chocolat chaud, Bulma, son chat, qui n'imaginait clairement pas sa vie sans sa maitresse, courait derrière elle pour l'accompagner. Lorsqu'elle revint dans sa chambre, avec sa tasse bouillante et toujours son chat à ses côtés, Ken avait déjà essayé de l'appeler deux fois et au moment où elle empoigna son téléphone, il la rappelait pour la troisième fois.

Ken - Tu foutais quoi ?

Pour toute réponse, Nana releva sa tasse devant la caméra et il plissa les yeux. Elle la reposa sur sa table de chevet pour éviter la catastrophe : miss maladroite avait tendance à tout renverser partout.

Ken - Donc après le pyjama maintenant c'est la tasse Aristochat...
Nana - Je t'interdis de critiquer ! le prévint-elle en levant son poing devant la caméra

imprévu | ken samarasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant