Ce matin le temps s'est arrêté

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Je quitte la bulle confortable de mon sommeil, après 7 heures passées dans l'autre monde.
J'ouvre les yeux pour la première fois aujourd'hui et mon regard se fixe sur la condensation épaisse qui s'est formée sur la vitre.
Il fait nuit noire. Je prend mon courage à deux mains, me lève, descend les escaliers. 6h30 tapantes affichées sur l'horloge du four.
Je m'adosse contre le frigo, je ferme les yeux, sachant que je devrais bientôt affronter le monde.
J'ouvre les yeux pour la 2ème fois de la journée. Je pousse faiblement la porte d'un placard, attrape un gâteau, le porte à mes lèvres. La saveur sucrée ne me dit rien, elle m'écœure presque mais je suis trop fatiguée pour y penser.
Je me sers un verre de jus, le froid du liquide me fait frissoner. Je regarde l'heure, 6h30 tapantes.

Mes sourcils se froncent d'incompréhension, ma main cherche mon téléphone posé à côté de moi.
6h30 tapantes.
Je crois que le temps s'est arrêté.
Cette idée me fait sourire, presque, tant elle est absurde. Mon regard se tourne vers la fenêtre, une légère pluie semble tomber. Ça explique la condensation.
Je pose le gâteau à moitié entamé à côté de moi. Il était trop sec de toute façon.
J'allume la cafetière et me fait couler un deca dans un thermos gris emprunté à mon père.

Un, deux, trois pas pour sortir de la cuisine. Je me dirige vers la table de la salle à manger, enfile mon manteau posé en vrac sur une chaise, met une paire de converses montantes qui traînaient là et sors.
Tandis que je claque la porte derrière moi, mon corps tente de s'habituer au froid ambiant. De fines goutes de pluies atteignent mon visage et mon souffle s'élève dans le ciel dans des voluptes de fumée blanche.
Bientôt, mes oreilles, mon nez et mes joues seront rougis par le froid mais pour l'heure...
Je lève les yeux vers le ciel. L'étoile polaire brille encore. Je reste dans cette position un moment, cherchant à reconnaître quelque constellation.

Je fais coulisser le portail juste assez pour passer et le referme doucement derrière moi. Je commence à marcher, mes muscles encore engourdis d'une lourde nuit de sommeil protestent. La pluie tombe toujours. La lune est toujours à la même place. Et je suis en pyjama dans la rue en plein mois d'octobre.
Je serre mon thermos qui me brûle les mains.
Aucun projet, aucune pensée ne semble traverser mon esprit assez longtemps pour me marquer. Une seule reste cependant, qui s'accroche désespérément dans un coin de ma tête, m'obsède presque.
Je crois que temps s'est arrêté.

Mes pas foulent le sol sans but. Je me demande ce que font les gens. Je sors mon téléphone.
6h30 tapantes.
Je souris.
Je passe devant une petite maison aux volets bleus. Je me demande si les gens qui y habitent sont heureux de cette couleur. Est ce que c'était leur choix ? Aller chez le roi merlin, un dimanche avec les gamins. Comparer les échantillons. Sourire à la blagues du cadet sur une couleur particulièrement imonde et se fixer sur ce beau bleu ciel.
Où est ce qu'ils ont laissé cette couleur par dépit ? Un peu de flemme peut être, d'autre travaux à faire, la fatigue du déménagement...

Quoi qu'il en soit je porte mon café à mes lèvres. Le liquide fumant me brûle évidemment la langue, et ma bouche s'étire dans une grimace de douleur.
Je soupire, sachant qu'il mettrait des années à refroidir et continue mon chemin.

Il n'y a aucune voiture sur la route ce matin. L'humidité aurait forcé les automobilistes somnolent à être encore plus vigilants pour éviter un accident tragique. Ils sont sûrement boulangers ou travaillent dans l'administratif, un petit job de bureau qu'ils détestent, où les minutes succèdent au jour et où seule la promesse des congés permet de tenir le coup des insultes du patron megalo.
Je continue ma promenade. Le bas de mon pyjama est trempé par la pluie. Je frissone, vulnérable au moindre caprice du vent.
Soudain j'aperçois un abri bus à côté d'un lampadaire. Je ne crois pas que je sais où je suis mais je m'assois quand même.
J'enlève ma capuche, protégée par le toit en taule au dessus de ma tête. La lumière industrielle du réverbère m'aveugle et se reflète dans les flaques accumulées sur la route craquelée devant moi.

Je pose ma tête sur la paroi de plexiglas froide à ma droite. Le premier bus est à 7h. Je le prendrais quand il arrivera. Enfin, si il arrive un jour.
Je consulte une dernière fois l'heure.
6h30 tapantes.
Je ferme les yeux en souriant. Je suis contente de ne pas avoir a affronter le monde ce matin. Et je crois que le monde lui même, prisonnier d'un sommeil suspendu, est soulagé de cette parenthèse.
Je respire pour la première fois de la journée. L'air pollué de la banlieue parisienne ne m'a jamais semblé aussi pur.
Je me réveillerai bientôt sûrement, et alors j'écrirais consciencieusement dans mon journal :
Ce matin le temps s'est arrêté

24/09/2021

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Hello les ptits potes 👀 It's me, mAriO 😩🤌 Premier texte de ce recueil, moment émotion j'ai envie de dire 😩
Si vous avez des remarques/corrections/suggestions à apporter laissez un commentaireuh ça me ferait fort plaisir 👀
Anyways, that's all for me
Buh byeee

Recueil de textes ( ͡°Ɛ ͡°)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant