- Hem, hem un peu de silence s'il vous plaît !
Je me râcle la gorge bruyamment pour faire taire les derniers récalcitrants. Ils sont tous concentrés sur moi qui suis assise en position du lotus au bout du tapis. Je fais un signe à Clara qui me sourit avant d'éteindre la lumière. La pièce ainsi plongée dans le noir, les enfants lâchent quelques cris de stupéfaction étouffés. Je ris en poussant le bouton de la lampe et éblouis le premier rang avant de m'éclairer par-dessous. Plongés dans l'ambiance je commence mon récit en total improvisation.
- Bien les jeunes, savez-vous pourquoi la citrouille est l'un des emblèmes d'Halloween ?
Je ne leur laisse pas le temps de répondre étant une question de rhétorique. Et tout en attrapant une citrouille lumineuse dans ma main libre, je poursuis mon histoire en la montrant à l'assemblée.
- C'est tout simple, l'origine de cette légende est un couple ! Une jeune fille était dans les champs à contrôler la qualité des cucurbitacées de son vieux père. Elle marchait au travers des saillies les plus droites et les plus longues de la contrée. Ses cheveux auburn dansaient avec les quelques feuilles qui quittaient les arbres de leur plus belle robe automnale. Elle souriait face au vent qui emplissait ses poumons et témoignait par sa délicate odeur d'une pluie fraîche. Son regard s'attardait sur une citrouille qui commençait à pourrir. Elle sortit un fin coutelât pour la déloger du champs et la placer dans sa filoche. Soudain, un son aigü se fit entendre !
Je sifflais comme pour ameuter un troupeau de buffles. Je vois quelques-uns placer leurs mains contre leurs oreilles. Je souris en faisant un clin d'œil en direction de Clara. Nous arrivons au terme de ce week-end organisé par les scouts. En tant que cheftaine elle avait pris la responsabilité de ce petit groupe de pionniers et caravelles. Je l'accompagne gaiement depuis 3 ans maintenant dans quelques aventures. Mon regard se reporte sur l'assemblée.
- Au loin, la jeune fille ne pouvait discerner qu'une forme humaine qui semblait porter un chapeau de cowboy. L'individu lui faisait de grands signes à l'autre bout du champ, pour qu'elle vienne le rejoindre. Hésitante d'abord, elle finit par s'approcher enfin, son coutelât toujours à la main. « Hey la demoiselle ! Tu ne comptes pas me tuer tout de suite j'espère ? ». Confuse, elle rangeait la fine lame.
- Mais non ! Faut jamais faire ça ! Elle va pas pouvoir se défendre c'est le méchant ! De toutes façons c'est toujours comme ça dans ces histoires, la fille est une pauvre cruche ! S'indigne Cassandre, une petite blonde menue de quinze ans qui soupire de désespoir.
J'étouffe un rire et reprends la parole alors que sa voisine lui met la main sur la bouche.
- Qui te dit que ce n'est pas la jeune rousse la méchante ? Reprenons, elle demandait d'une voix claire « Que puis-je faire pour vous aider ? ». Détaillant, l'inconnu, elle trouvait ses traits fins malgré la couche de poussière qui tachetait son teint. « J'ai un peu faim, cela fait 2 jours que je ne me contente que de bouillons et de nuits fraîches, je vois que tu as un champ, pourrais-tu me faire offrande d'une citrouille ? ». Sur ces mots, d'un geste leste le voyageur retirait son chapeau en signe de politesse. Une chevelure noir ébène déferla le long de son dos, c'était une femme !
Je marque un silence sous les « ohw » du public. Une respiration plus tard et mes méninges en action j'essaie de trouver la suite de cette histoire.
- Je vous laisse imaginer jeune gens la tête de la rousse ! Un peu comme la vôtre si vous pouviez vous regarder dans le miroir. Elle balbutiait quelques mots pour essayer de comprendre : « Vous... Vous êtes une fille ? » et l'autre jeune femme qui riait touchait son corps en affirmant « Aux dernières nouvelles, oui ! Eléonore, ravie de vous rencontrer ». Elle lui tendait sa main mais trop décontenancée la seconde ne réagissait pas. Sortie enfin de ses songes, elle s'excusait et se présentait à son tour. Alice, c'était son prénom et elle invitait une inconnue chez son père car la nuit commençait à tomber. A l'époque les gens offraient plus facilement leur hospitalité à ceux et celles qui en avait besoin, du moins en apparence.- Moi jamais je l'aurais fait rentrer chez moi ! Cassandre profite du court silence pour dire tout haut ce qu'elle pense en râlant, oubliant que tout le monde l'entend.
- Mais tais-toi bon sang !
Marine, n'en pouvant plus, détache son foulard et le lui accroche pour un faire un bâillon de fortune. Cassandre se retourne vers sa camarade et lève les yeux au ciel en acceptant sa sentence.
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Scout un jour, scout au secours !
القصة القصيرةPetite histoire fantasque revisitant la légende de Jack'O'Lantern Cet écrit a été réalisé dans le cadre d'un concours spécial Halloween organisé par Cherylin A. Nash & Lou Jazz sur leur super discord ! Merci à vous