Aussitôt que la nouvelle de son départ s'est répandue, la maison a été envahie par une foule de personnes. Ils venaient de partout, parents, amis, voisins, tous rassemblés pour témoigner de leur soutien. Mais pour moi, cette présence était comme un écho vide, une formalité sans âme. Ils avançaient vers nous, les yeux baissés, murmurant des mots de compassion : "Je compatis à votre douleur." Ces mots sonnaient faux, comme des paroles mécaniques dénuées de sincérité. Où étaient-ils tous lorsqu'on avait besoin d'eux, lorsque notre famille sombrait dans le chagrin et la désolation ?
À chaque pas, à chaque accolade, je sentais la colère monter en moi. Ils n'avaient pas été là lorsque mes grands-parents ont dû hypothéquer tous leurs biens pour subvenir aux soins de ma mère. Ils n'avaient pas été là pour nous soutenir dans nos épreuves quotidiennes. Ils se tenaient là, avec leurs mines désolées, alors qu'ils n'avaient été que des spectateurs silencieux de notre douleur.
Le temps semblait s'étirer, chaque seconde devenant une éternité. Puis, à 12h45, l'heure des funérailles arriva, telle une sentence irrévocable. C’était comme si le monde entier s'était arrêté, retenait son souffle face à l'irréversible.
Soudain, une femme vêtue de blanc apparut dans la foule. Elle avançait avec une grâce silencieuse, ses pas légers comme ceux d'un fantôme. C'était la sœur de ma mère, Kiné. Elle s'approcha de nous, sa main tenant fermement celle de ma sœur. Son parfum se propagea autour d'elle, un mélange de jasmin et de cèdre, embaumant l'atmosphère d'une douceur presque douloureuse.
"C'est l'heure," murmura mon grand-père, la voix étranglée par l'émotion. "Approchez-vous pour faire vos adieux. Priez pour ma fille et pour son mari. Qu'ils reposent en paix là où ils sont, au paradis céleste."
Les gens défilèrent un à un, déposant des objets sur la tombe, des souvenirs, des morceaux de leur affection, ou peut-être de leur culpabilité. Puis, peu à peu, ils s'éloignèrent, se dispersant comme une marée qui se retire, laissant derrière elle les vestiges de sa présence. Mais je pouvais encore sentir leurs regards sur nous, des regards chargés de pitié, des regards qui disaient "les pauvres enfants orphelins..."
Une voix résonnait en moi, une voix qui semblait venir des profondeurs de mon être. "Prends soin de ta sœur, Adam. Elle est maintenant sous ta responsabilité." Cette voix me hantait, me rappelant constamment le fardeau qui pesait désormais sur mes épaules.
"Adam, Adam, mon petit, viens, approche-toi." La voix de mon grand-père me sortit de ma torpeur. J'avançais vers la tombe de ma mère, chaque pas résonnant comme un coup de marteau sur mon cœur. Arrivé au chevet de sa tombe, le monde sembla s'arrêter de tourner. Tout autour de moi s'effaça, ne laissant que ce moment suspendu dans le temps.
D'un geste tremblant, je déposai un bijou sur sa tombe, un dernier hommage, un dernier baiser d'adieu. "Adieu... ou plutôt à bientôt, Maman." Mes pas s'éloignèrent de la tombe, mais mon cœur resta là, ancré auprès d'eux, mes chers parents.
Les questions tournaient dans ma tête, me martelant sans répit. Comment allons-nous vivre sans eux ? Quel avenir nous attendait dans ce monde sans pitié ? Comment allais-je tenir la promesse faite à ma sœur, alors que moi-même, je me sentais si perdu, si vulnérable ?
Tant de questions, et si peu de réponses. Mais les réponses viendraient peut-être dans les pages qui suivront, dans ce récit où les ombres du passé et du présent se mêlent pour éclairer le chemin qui nous attend.
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Une lettre pour Ma SOEUR
RandomDésolé pour les fautes Erreur débutant... Ma lettre est aussi longtemps que d'ordinaire car elle relate la vie d'un homme qui s'adresse à sa sœur