Les jours passaient, et la routine d'Adam devenait de plus en plus risquée. Les rues étaient pleines de dangers, et le garçon se retrouvait fréquemment à la limite de la légalité pour gagner un peu d'argent. Il s'était lié d'amitié avec d'autres enfants des rues, formant une sorte de petite famille où chacun veillait sur l'autre. Mais même au sein de ce groupe, la méfiance était de mise. Chacun avait ses propres batailles, ses propres secrets à protéger.
Adam savait que cette vie ne pouvait pas durer éternellement. À chaque coin de rue, il sentait la présence des policiers, des adultes qui n’hésiteraient pas à le prendre pour un petit voyou. Pourtant, chaque fois qu'il tentait de sortir de ce cercle vicieux, une nouvelle urgence, un nouveau besoin le ramenait invariablement sur le pavé. L'argent devenait une obsession, une nécessité impérieuse pour survivre, pour prendre soin de Raki.
Ses grands-parents, malgré leur amour inconditionnel, ne pouvaient pas comprendre les raisons de ses absences, ses comportements de plus en plus erratiques. Ils le voyaient se transformer sous leurs yeux, se refermer sur lui-même, et ils se sentaient impuissants. La douleur de voir leur petit-fils s’éloigner, s’endurcir, les rongeait chaque jour un peu plus.
Un soir, alors qu'il rentrait plus tard que d'habitude, Adam trouva sa grand-mère assise dans l'obscurité, les mains jointes sur ses genoux. Elle l'attendait, son regard fatigué posé sur la porte. Lorsqu'il entra, elle l'observa en silence, avant de murmurer d'une voix douce :
"Adam, mon garçon, tu es trop jeune pour porter un tel fardeau. Nous sommes ici pour toi, pour Raki. Tu n'as pas à tout affronter seul."
Mais Adam secoua la tête. Les mots réconfortants ne pouvaient changer la réalité cruelle à laquelle il faisait face. Il ne répondit pas, préférant monter directement dans sa chambre. Il ne pouvait pas les laisser voir à quel point il se sentait perdu, à quel point il avait peur.
Ce soir-là, allongé sur son lit, les pensées se bousculaient dans sa tête. Il savait que quelque chose devait changer. Il ne pouvait pas continuer ainsi indéfiniment. Mais que faire ? Retourner à l'école, trouver un emploi régulier ? Les options semblaient limitées pour un garçon de son âge, surtout avec si peu de soutien.
C'est alors qu'un nouvel ami du quartier, Malik, s'approcha de lui avec une proposition. Malik était plus âgé, plus expérimenté. Il avait vu la lutte d'Adam et avait décidé de l’aider, ou du moins, c’est ce qu'il prétendait. Il lui parla d'un moyen rapide de gagner de l'argent, sans trop de risques selon lui.
"Écoute, Adam," dit Malik en chuchotant dans un coin sombre de la rue. "Je sais ce que tu traverses. J'ai été à ta place. Mais il y a des moyens de s'en sortir, tu vois. Faut juste savoir saisir les bonnes opportunités."
Adam l'écouta, intrigué. Malik lui expliqua qu'il travaillait pour des types qui avaient besoin de petits services, rien de trop dangereux, juste des courses à faire, des messages à passer. Et la récompense était bonne, bien meilleure que ce qu'Adam pouvait espérer gagner en vendant des fournitures ou en rendant des petits services.
Les doutes envahirent son esprit. Il savait que ce que Malik lui proposait n'était probablement pas légal. Il avait entendu des histoires, des rumeurs sur ces "types" pour qui Malik travaillait. Mais la tentation était forte. La perspective d'obtenir enfin assez d'argent pour subvenir aux besoins de Raki, pour soulager un peu la pression qui pesait sur ses épaules, le poussait à envisager l'inacceptable.
Le lendemain, il se retrouva à errer dans les rues, l’esprit en ébullition. Il marchait sans but, perdu dans ses pensées, tiraillé entre la moralité et la nécessité. À chaque coin de rue, il semblait voir des signes, des avertissements silencieux qui le rappelaient à la prudence. Mais les images de Raki, de sa petite sœur souriante, insouciante, s'imposaient à lui. Elle avait besoin de lui, de tout ce qu'il pouvait lui offrir, même si cela signifiait prendre des risques.
Finalement, il s'arrêta, le regard fixé sur l'horizon. Le soleil se couchait, baignant la ville dans une lumière dorée. C'était un moment de calme, de paix. Mais Adam savait que la tranquillité de ce paysage n'était qu'une façade, qu'une pause éphémère avant que la nuit ne recouvre tout de son voile sombre.
Il prit une profonde inspiration, sentant le poids de la décision peser lourdement sur ses épaules. Était-ce cela, grandir ? Devoir choisir entre deux mauvais chemins, essayer de trouver le moindre mal dans un monde où l’innocence était une monnaie rare ?
La décision n’était pas encore prise, mais Adam savait qu’il approchait d’un tournant. La route qu’il choisirait maintenant pourrait le mener loin, pour le meilleur ou pour le pire. Il ne le faisait pas pour lui, il ne l’avait jamais fait pour lui. Chaque pas, chaque risque, c’était pour Raki, pour offrir à sa sœur une vie meilleure, un avenir plus lumineux que celui qui s’annonçait pour eux deux.
Alors, il se remit en marche, la tête haute, le cœur lourd. Les ombres du choix se pressaient autour de lui, mais au fond de ses yeux, une étincelle de détermination continuait de briller. Peu importe la voie qu’il prendrait, il le ferait avec la certitude que c’était pour elle, pour la seule famille qui lui restait.
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Une lettre pour Ma SOEUR
RandomDésolé pour les fautes Erreur débutant... Ma lettre est aussi longtemps que d'ordinaire car elle relate la vie d'un homme qui s'adresse à sa sœur