Chère Raki,
Il y a quinze ans, nos vies ont basculé à jamais. C'était en 2004, et ce jour a marqué la fin de notre enfance insouciante. Je me souviens encore du moment précis où tout a changé. Nous avions à peine quatre ans, et l'horreur de cette journée reste gravée dans ma mémoire.
Je me revois dans la cour de notre maison, essayant de te distraire avec nos jeux habituels. Autour de nous, le chaos s'installait. Le bruit des sirènes, les cris des adultes, la panique dans l'air, tout semblait indiquer que quelque chose de terrible allait se produire. Les rebelles se rapprochaient, et l'atmosphère était chargée de peur et d'incertitude.
Le jour de notre séparation, la chaleur du soleil contrastait avec le froid que je ressentais dans mon cœur. Je t'ai pris dans mes bras, te promettant que tout irait bien, mais en réalité, je n'étais qu'un enfant, tout aussi terrifié que toi. Tu pleurais, et tes larmes me brisaient le cœur. Je n'ai jamais oublié l'angoisse dans tes yeux, l'incompréhension de voir ton grand frère te quitter.
Après cette séparation, ma vie a basculé dans un tourbillon de confusion et de désespoir. J'ai erré, seul, à travers des rues inconnues, cherchant un refuge, un endroit où je pourrais me sentir en sécurité. Les souvenirs de toi et de notre maison m'accompagnaient partout, des échos d'une vie qui semblait si lointaine. Chaque pièce vide que je traversais me rappelait notre foyer, nos moments de bonheur, et tout ce que nous avions perdu.
Les premiers jours ont été les plus difficiles. Je me cachais dans des abris de fortune, des hangars abandonnés où je me blottissais sous de vieilles couvertures pour échapper au froid et à la peur. Les nuits étaient longues, peuplées de cauchemars et de regrets. Je revoyais sans cesse ton visage, entendant ton appel désespéré à travers mes rêves. Chaque matin, je me réveillais avec le poids de la réalité, la certitude que tu étais loin, seule, sans moi.
La promesse que je t'avais faite me hantait à chaque instant. Je m'étais juré de te protéger, de veiller sur toi, d'être le frère que tu méritais. Mais les circonstances m'ont arraché à toi, et chaque jour qui passait, je me sentais de plus en plus coupable. J'avais échoué, et ce sentiment d'échec était un fardeau que je portais partout où j'allais.
Je repense souvent à notre vie avant tout cela. Les rires que nous partagions, les histoires que maman nous racontait pour nous endormir, les journées passées à jouer dans le jardin. Ces souvenirs sont à la fois un réconfort et une source de douleur. Ils me rappellent ce que nous avions, ce que j'ai perdu en étant séparé de toi.
Au fil des années, j'ai essayé de reconstruire ma vie. J'ai déménagé dans différentes villes, cherchant du travail, essayant de trouver un semblant de stabilité. J'ai rencontré des gens, certains bienveillants, d'autres moins. Mais aucune de ces rencontres n'a pu combler le vide que tu laissais dans ma vie. Chaque réussite, chaque petit bonheur, était teinté de tristesse parce que tu n'étais pas là pour les partager.
Aujourd'hui, en écrivant ces mots, je réalise à quel point le temps m'a éloigné de toi. Ce n'était pas par choix, ni par manque d'amour. Les circonstances, les aléas de la vie, m'ont emporté dans des directions que je n'aurais jamais imaginées. J'espère qu'en lisant cette lettre, tu pourras comprendre ce que j'ai traversé. Que tu pourras voir au-delà des apparences, comprendre les raisons de mon absence, et peut-être, un jour, me pardonner.
Les souvenirs, les promesses brisées, les regrets, tout cela pèse lourd sur mon cœur. Mais ce qui me hante le plus, c'est l'idée que tu as dû grandir sans moi, affronter le monde seule, alors que j'aurais dû être là pour te guider, te protéger. Mon absence a laissé un vide, et c'est un vide que je ne pourrai jamais vraiment combler.
Raki, si tu lis ces mots, sache que je pense à toi chaque jour. Que tu es, et seras toujours, une partie de moi. Et même si je ne peux pas revenir en arrière, je veux que tu saches que je suis désolé. Désolé de ne pas avoir été là, désolé d'avoir failli à ma promesse. Mais surtout, je veux que tu saches que je t'aime, plus que tout.
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Une lettre pour Ma SOEUR
RandomDésolé pour les fautes Erreur débutant... Ma lettre est aussi longtemps que d'ordinaire car elle relate la vie d'un homme qui s'adresse à sa sœur