25 décembre 2016, Norbury.
Une famille heureuse se tenait dans un beau salon. Un feu chaleureux brûlait dans la cheminée et un chat était allongé sur le canapé, paisiblement endormi. Juste à côté, il y avait un sapin décoré de guirlandes colorées et, par terre, des piles de cadeaux s'entassaient. C'était Noël.
— Charlie, aide papa à mettre la table, s'il-te-plaît !
— Oui maman, répondit le petit garçon de neuf ans.
Il se présenta devant le comptoir de la cuisine ouverte, d'où son père lui tendit des assiettes. Charlie les prit soigneusement en main, veillant à ne rien faire tomber. Alors qu'il se dirigeait vers la table, il entendit le fameux « pop » d'ouverture de bouteille. Sa mère n'aimait pas l'alcool, alors ils achetaient toujours du pétillant de pomme faisant office de champagne et les deux enfants adoraient en avoir. Ils avaient l'impression d'être des grands, comme dans les films.
— Marcus, chéri, tu nous sers le champagne à tous ?
— Bien sûr, répondit-il à sa femme. Laisse-moi juste aller chercher les coupes dans le garage.
Quelques dizaines de minutes plus tard, toute la petite famille était attablée. La mère, Adèle, avait préparé un canard à l'orange, le plat préféré de son mari. Une belle odeur de festivités flottait dans l'air.
— Ça sent trop bon, maman, se réjouit la petite Héloïse.
— Merci, mon cœur, j'espère que la viande est bien cuite, j'ai eu quelques imprévus tout à l'heure alors j'ai commencé à cuisiner un peu tard.
— Je suis sûr que c'est parfait ! la rassura Charlie.
Ils échangèrent tous un grand sourire.
— Eh bien, vous serez encore plus ravis au dessert car papa vous a préparé une surprise, ajouta Marcus.
Les enfants explosèrent de joie et Adèle jeta un regard interrogatif à son mari. Il ne lui avait rien dit. Mais elle ne s'en fit pas trop, car elle savait qu'il pâtissait à merveille. Le dessert qu'elle avait déjà acheté pourrait bien attendre le lendemain.
Le repas se déroula sans embûches, dans la bonne humeur. C'était Noël, après tout.
Au moment du dessert, Marcus s'éclipsa afin d'aller chercher le gâteau laissé au frais dans le garage afin que la chantilly ne fonde pas. Il n'y avait plus de place dans le frigo, alors il avait dû lui trouver une place à la dernière minute. Il revint avec une belle pâtisserie couverte de cerises et de copeaux de chocolat.
— Une forêt noire ! s'exclama Adèle avec un sourire éclatant. C'est le gâteau qu'on a eu à notre mariage !
Marcus hocha la tête en lui rendant son sourire. Qu'est-ce qu'elle était belle, ce soir ! Ses yeux pétillaient tellement que les bulles de champagne en auraient été jalouses. Ses joues légèrement rosées la rendaient encore plus séduisante. Il lui embrassa la tempe avant de poser le gâteau sur la table. Les enfants sautaient sur place tant ils avaient hâte de le goûter.
Il alla chercher un couteau dans la cuisine et pendant ce temps-là, Adèle rassembla les assiettes.
— Vous avez bien mangé, les enfants ? demanda-t-elle.
— Oui ! répondirent-ils en chœur.
Elle vit bien qu'ils sous-entendaient "et on a encore plein de place pour le dessert !". Elle rit à cette pensée. Ils passaient une merveilleuse soirée et elle était infiniment reconnaissante pour cette famille qu'elle avait fondée avec son mari. D'ailleurs, celui-ci semblait s'éterniser dans la cuisine. Lorsque celui-ci s'approcha avec le couteau et les assiettes à dessert, elle fronça des sourcils. Elle se rapprocha de lui et lui chuchota dans l'oreille :
— Chéri, tu sens l'alcool... Tu ne devrais pas boire, surtout quand les enfants sont là.
— Mais non, ce n'est rien, lui dit-il, c'est Noël.
Elle se renfrogna et se rassit. Il avait raison, il pouvait bien se permettre un petit écart de temps en temps. Adèle avait choisi de ne plus consommer d'alcool, mais elle n'allait pas lui imposer ses convictions s'il restait raisonnable. Marcus finit par servir tout le monde, sauf lui.
— J'ai tellement aimé ton plat, que j'ai trop mangé, expliqua-t-il. Je crois que je mangerai du gâteau après les cadeaux parce que là, je ne peux plus rien avaler.
Les enfants et sa femme le taquinèrent sur le fait qu'il manquait le meilleur gâteau du monde et il rentra dans leur jeu, en mimant des pleurs. Mais bien vite, les rires furent remplacés par le silence. La stupeur.
Charlie fut le premier. Sa tête tomba lourdement sur le côté et entraîna son corps par terre. Il convulsa quelques secondes avant de s'immobiliser net.
Puis ce fut le tour d'Héloïse, qui voulut dire quelque chose, mais qui sombra dans l'inconscience la seconde qui suivit. Elle fut prise de spasmes comme son frère, puis au bout de quelques temps, cessa tout mouvement.
Les lèvres de Marcus s'étirèrent en un sourire triste lorsque ses yeux croisèrent ceux de sa femme. Celle-ci hyperventilait et le regardait en panique.
— Qu'as-tu fait ? parvint-elle à prononcer entre deux inspirations.
Elle voulut se lever mais le monde tournait à toute vitesse autour d'elle. Elle n'était pas alcoolisée, mais expérimentait les mêmes symptômes. Voire pire. Elle peinait à respirer et sa tête lui faisait atrocement mal. Que lui arrivait-il ? Que lui avait-il fait ?
— Tu résistes incroyablement bien au poison, chérie, lui fit remarquer Marcus.
C'était ça. Il l'avait empoisonnée. Il ne fallut que quelques secondes de plus avant qu'elle ne perde connaissance à son tour.
Les enfants et leur mère ne se réveilleraient plus jamais.
Puis, un coup de feu retentit, comme un tonnerre déchirant la nuit.
Le père non plus.
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Panic Room
Mistero / Thriller« Les Enfers sont là, et ils viennent pour vous » Rose se réveille dans une étrange cellule faite de verre. Elle ne sait comment elle a pu arriver là et ne connait pas les trois autres personnes enfermées avec elle. Leur bourreau se fait appeler Had...