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25 décembre 2016, Forêt d'Oakheart

Il faisait nuit dans la forêt. Seule la lune, dans toute sa splendeur, illuminait les arbres qui avaient perdu leurs feuilles depuis quelques semaines déjà. Il n'avait pas neigé en ce jour de Noël. Et les bois étaient bien silencieux.

Seuls quelques bruits vinrent couvrir le chant des hiboux. Des pas.

Dans la nuit, une femme était en forêt. Une bien étrange balade nocturne. Ses cheveux blanchis par l'âge reflétaient la lumière de la lune, les faisant presque paraître argentés. C'était Christiane.

Elle avançait le long du sentier menant à sa destination. Les branches craquaient sous ses bottes d'hiver alors qu'elle serrait fort contre elle les pans de son gros manteau. C'est qu'il faisait froid cet hiver.

Frissonnant malgré le fait qu'elle ait prévu des vêtements chauds, Christiane paraissait pressée. Les sens en alerte, elle ne cessait de regarder furtivement dans tous les sens. A droite. A gauche. Encore derrière. Elle avait peur d'être suivie. Elle craignait d'être découverte lorsqu'elle ferait ce qu'elle s'apprêtait à faire.

« C'est la dernière fois », s'était-elle répété avant de sortir, puis en fermant sa porte, ainsi qu'en grimpant dans sa voiture et même en s'arrêtant près des bois, en attrapant son sac et enfin, en se mettant en marche.

— C'est la dernière fois, se chuchota-t-elle à nouveau.

Mais même les étoiles ne la croyaient pas.

Elle se faufila dans les buissons. Cette voie, personne n'empruntait, à part elle et son mari, avant qu'il ne décède quelques semaines auparavant. C'était d'ailleurs son travail qu'elle était venue finir.

Elle savait qu'elle aurait pu payer quelqu'un. Elle en avait largement les moyens. Mais elle préférait rester discrète et ne compter que sur elle-même. C'était bientôt fini.

Christiane se débattit avec les branches et les ronces pendant quelques temps avant de trouver l'arbre. Un petit ruban rouge était attaché sur une branche basse et lui indiquait qu'elle était toute proche. Elle tourna à droite. Trois grands pas. Puis à gauche. Neuf enjambées. Puis à nouveau à droite. Deux petits pas.

Elle y était.

Elle sortit une clé de sa poche et se baissa. Elle tâtonna dans la broussaille avant de trouver une trappe. Elle se dépêcha de défaire le cadenas qui la maintenait fermée, puis se glissa dans l'ouverture avant de refermer derrière.

« C'est la dernière fois », se dit-elle à nouveau dans sa tête.

Christiane descendit prudemment l'échelle qui la mena devant une vieille porte en métal. Du mouvement se fit entendre derrière. C'était le bruit de chaînes qui s'agitaient.

— Laissez-nous partir, supplia une frêle voix.

Christiane déverrouilla la porte qui grinça terriblement en s'ouvrant. Elle posa son sac au milieu de la pièce et s'affaira à en sortir le contenu : un bidon rouge, une boîte d'allumettes et un poignard. Des hoquets de surprise résonnèrent autour d'elle mais elle en fit abstraction. Bientôt, tout serait fini. Elle oublierait cette histoire et irait vivre plus riche et heureuse que jamais.

— Ne faites pas ça, je vous en prie !

Mais elle n'en avait rien à faire de leurs supplications. Elle ignora leurs visages, ne les laissa pas s'imprimer dans sa mémoire, alors qu'elle les aspergeait un à un d'essence. Ils pleuraient tous. Elle se contenta de les compter mentalement. Un, deux, trois, quatre, cinq, six. Puis elle prit ses affaires, referma la porte métallique sans même la verrouiller. Elle ne servirait plus à grand- chose après ça.

Christiane craqua une allumette et la jeta par la petite ouverture. Une flamme gigantesque embrasa presque immédiatement la pièce. Elle prit le temps de voir le feu valser devant ses yeux puis partit sans un regard en arrière. Sans aucune considération pour les cris d'agonie. Ni même pour l'odeur pestilentielle qui lui vint aux narines.

De retour dehors, elle eut à peine le temps de souffler que des lumières l'aveuglèrent.

— Ne bougez plus ! ordonna une voix. Et mettez vos mains en évidence !

« Mince », pensa Christiane. Elle recula et fit semblant de trébucher. Cela lui permit d'attraper son poignard. Elle allait se battre jusqu'au bout et faire le plus de dégâts possibles.

Un policier s'approcha d'elle et lorsqu'il lui toucha le bras, elle lui planta son arme dans l'épaule. L'officier hurla.

— Elle est armée !

L'information passa parmi les policiers qui la menacèrent de leurs armes à feu. Mais Christiane n'en avait rien à faire. Plutôt mourir que de finir en prison. Elle se releva en furie et voulut s'en prendre à un autre officier. Avant qu'elle ne puisse faire plus de mal à quiconque, un tir déchira la nuit.

Puis, tout s'éteignit.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 08, 2022 ⏰

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