J'étais pétrifiée de terreur. L'homme qui m'avait fait enlevée était là, juste devant moi, il me regardait fixement. Ses yeux aussi sombres que la nuit semblaient m'analyser entièrement. Je ne pouvais pas me lever, il me bloquait contre le fauteuil. Je me reculais alors jusqu'à heurter le dos du siège. Au bout de quelques instants qui me parurent durer plusieurs minutes voire heures, il se retourna, prit le premier livre qu'il vit et s'assit en face de moi. Il commença son livre pendant que tremblantes de peur, mes mains rouvrirent le roman que j'avais entamé. Nous lûmes pendant une bonne heure, puis il sortit de son histoire pour me regarder et me demander :
- Aimez-vous votre chambre ?
Il me parlait, de sa voix grave, pendant que tremblante, j'essayais de contenir le cri qui menaçait de m'échapper. Le regardant, un petit hochement de tête vint répondre à sa question.
Il me fixa encore quelques instants puis, replongea dans sa lecture. Souvent, je sentais son regard sur moi mais, lorsque je relevais les yeux, il paraissait immergé dans son roman. Au bout de deux longues heures, il se leva et sortit en me souhaitant une bonne nuit. Une fois qu'il fut dehors, je redécouvris comment respirer car la peur m'avait paralysée. Mes mains cessèrent de trembler et mon cerveau se remit en marche. Je me levais et regagnais ma chambre au pas de course. Me pelotonnant dans la couette, je réussis à m'endormir après un long moment. Le lendemain, le jour était déjà bien entamé lorsque je me suis éveillée. Je ne voulais pas sortir de la douce chaleur du lit alors je rabattais la couette sur mon visage. C'est alors que l'on frappa. Je me faufilais sous le lit, craignant l'apparition de mon ravisseur pendant que quelqu'un poussait doucement la porte. Tous mes sens étaient en éveil lorsque je vis passer une paire de talons à coté du lit. Surprise, je décidais de passer légèrement la tête hors de ma cachette. Je découvris alors une femme d'une quarantaine d'années, les cheveux blonds réunis en un chignon parfait, vêtue d'un chemisier vert dont les manches viraient vers le blanc et d'un pantalon blanc qui marchait tranquillement dans ma chambre. J'allait discrètement me repositionner dans ma cachette quand elle se retourna et me vit. Me souriant, elle s'approcha en me parlant : « Comment vas-tu ? Je suis Madeline, ta nouvelle baby-sitter. » Elle parlait avec un très léger accent allemand, mais ce qui retint mon attention, c'était ses yeux, aussi bleu que le ciel. Me voyant silencieuse et immobile, elle continua : « Le maître a dit que tu étais méfiante, mais n'es-tu pas contente de trouver entre ces murs la compagnie d'une personne qui ne t'a pas enlevée ? »
Voyant l'indéniable intérêt de garder Madeline dans cet pièce, je sortis de ma cachette et me redressai lentement. « Alors, le maître a dit que tu t'appelles Tina, reprît-elle, mais puisque une partie de ta vie a disparue de ton dossier scolaire, je suppose qu'il s'agit d'un faux nom !
Tu peux donc me dire ton vrai prénom ! »
-« C..Co..Comment ? »
-« Tu crois vraiment que je puisse me retrouver au service d'un des plus grands trafiquants d'Europe avec l'expérience d'une simple domestique ? Apprends donc qu'ici, l'habit ne fait pas le moine, mais plutôt qu'il le cache. Personne n'est ce qu'il prétend être. Pas même toi ! »
« Je m'appelle Tatiana. »
« Et bien voilà, tu vois quand tu veux ! Maintenant, Tatiana, rentre dans cette salle de bain et quand tu auras finis te te préparer, sort et habille toi des vêtements qui seront sur ton lit. On va te sortir de cette cellule ! » Je lui obéis docilement et, une fois lavée, je m'entourai d'une serviette avant de sortir. Madeline était sortie et elle m'avait laissé une robe en laine et un collant. Je me sentais aussi bien dans ces habits que sous ma couette. Je rapportais le livre que, par réflexe, j'avais rapporté de la veille. Lorsque je vis le fauteuil où s'était assis l'homme masqué, je manquais de suffoquer. La peur d'hier était toujours présente et elle s'était amplifiée. Mes mains tremblantes chercher quelque chose pour me retenir de tomber et des larmes s'écoulèrent silencieusement de mes yeux. Mes jambes flageolantes n'arrivèrent pas à bouger jusqu'au fauteuil le plus proche et je m'écroulai puisque mes membres avaient perdus toutes force. Alors, j'entendis Madeline ouvrir la porte de ma chambre et m'appeler. Je lançai alors un cri pour la faire venir. Elle accourut et s'agenouilla à mes côtés : « Chut, ça va aller, ne t'inquiète pas Tatiana ! » Je me blottie contre elle et pleurai un long moment, sa voix aux tonalités germaniques me rassurant un petit peu. Au bout d'une grande inspiration, je me relevais et Madeline en fit de même. Elle me prit la main et sans un mot, me fit sortir de cette horrible pièce et de ma chambre. Je me retrouvai dans le couloir où j'étais arrivée. Madeline m'entraîna dans un escalier où je n'avais jamais posé le pied. Elle continua sur ces marches pendant deux étages et sorti dans un couloir similaire à celui dont nous venions. Elle choisit la troisième porte de gauche et, après m'avoir lancé un regard joyeux, elle l'ouvrit en grand.
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Stockholm Syndrome
RomantikCe matin là, j'étais très en retard mais, étonnamment, je n'ai pas loupé le bus. Ce matin là, en cours de russe, l'alarme retentit. Ce matin là fut le dernier de ma vie normale. ➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖ Laisser moi vos commentaires pour connaître vos avis...