La maîtresse

Chapitre 33

Clara 9

C'est dans un silence de mort que je rentre à la maison avec Alex. Elle a remis ses écouteurs sur ses oreilles. Je ne supporte plus son silence, son indifférence. Lorsque nous arrivons à la maison, elle file dans sa chambre. Je pose mon sac sur la table du salon. Je suis désarmée face à sa froideur. Je préférerais qu'elle hurle sa tristesse, qu'elle me dise ce qu'elle a sur le cœur. Qu'elle me bouscule, qu'elle m' engueule. Mais rien, seulement le silence. Je n'ai même pas ôter mon manteau, je suis là debout, j'hésite, aller lui parler ou la laisser tranquille. Que dois je faire ?

N'y tenant plus, je m'élance vers sa chambre telle une furie. Devant la porte je marque un arrêt, la main sur la clenche. Je souffle, je ne sais pas ce que je vais lui dire, j'improviserai, mais il faut percer l'abcès. J'ouvre la porte, Alex est sur son lit, elle a toujours ses écouteurs. Lorsqu'elle m'aperçois, elle se retourne. Ah ! non ma fille, ce n'est pas ton attitude qui va me faire reculer, c'est mal me connaître.

Je m'approche, m'assoie sur son lit, je lui ôte ses écouteurs, elle se retourne me regarde méchamment.

- bon ma fille, je sais bien que tu ne veux pas me parler mais je pense qu'une discussion nous serait salutaire. Tu ne crois pas ?

- non, j'ai pas envie.

- Et bien ce n'est pas toi qui décide, et j'aimerais que tu me dises ce que tu as sur le cœur. Tout sans crainte, j'écouterai.

- J'ai rien a dire d'abord ..

Répond t-elle boudeuse.

- Alex, il faut qu'on se parle, tu es ma petite fille, je t'aime et te voir malheureuse, me rends triste.

- C'est pas vrai, je suis sûre que quand t'es avec Julia et bien, tu t'en fous de moi. Et que t'es pas triste.

- Comment peux tu penser ça ?

Je la prends dans mes bras :

- Ma chérie, tu es ma priorité, tu seras toujours ma petite fille et quoiqu'il arrive, je serais toujours là pour toi. Mais si tu ne me parles pas, si tu ne me dis pas ce qui te rend malheureuse, comment veux tu que je puisses arranger les choses ?

Je la sens se détendre, elle m'enlace à son tour, ses petits bras autour de moi :

- mais je vois bien que depuis que Julia est là, tu prends moins de temps avec moi. Et puis tu es contente de me voir partir avec papa. Comme si je te gênais ..

Lorsqu'Alex prononce cette phrase, je prends conscience qu'elle n'a pas tort. Mais c'était involontaire. Emportée par mon bonheur d'avoir Julia, qu'on puisse avoir un peu d'intimité, je ne me suis pas aperçu que je donnais l'impression à Alex que je me débarrassais d'elle :

- je suis désolée ma chérie si mon attitude a pu te faire penser ça. Mais je ne vois pas Julia souvent. Et quand tu es là .... Comment t'expliquer ?

Je cherche les bons mots mais ce n'est pas simple d'expliquer à ma fille, que ça me pèse d'agir comme si la femme que j'aime était une simple amie quand elle est présente :

- Julia est plus qu'une amie, c'est mon amoureuse. Si j'étais avec un autre monsieur, ça serait plus facile .... Heu plus

- Tu ferais comme papa avec Valérie ...tu l'embrasserais devant moi !

Je la regarde :

- oui, parce que ..

- tu n'oses pas parce que c'est une autre dame ..

- oui voilà, je ne veux pas te choquer ..tu vois que tu sois....

- moi c'est pas ça qui me dérange, j'aimerais mieux que ce soit clair. Parce que si c'est comme a dit Nounou. Tu ne devrais pas te cacher.