Lethal Love | +18🔪

[02]

Las Vegas, Nevada.

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Stella

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Un peu plus de deux heures plus tard, alors que tout le monde salue le pasteur Anthony et part de l'église, sauf quelques personnes, je me retrouve debout à marcher vers le devant. Une main vient de poser sur mon épaule droite et je me retourne en faisant face à l'homme religieux. Ce dernier porte une sorte de robe blanche et dorée qui fait ressortir ses cheveux bruns et ses yeux marrons. Un sourire vient naître dans le creux de ses lèvres et il se contente de me regarder.

- Tu es la nièce d'Ashton, n'est-ce pas ?

- Oui, Stella, Stella Reese, je réponds en fuyant son regard.

- Bienvenue dans la maison du seigneur, tu y seras en sécurité. Ton oncle m'a confié que tu viendrais sûrement et laisse-moi te dire que je suis vraiment honoré de ta présence.

- Je ne sais pas ce que je fais ici. Je ne crois même pas en Dieu, à vrai dire, je ne crois plus en rien du tout, j'ai perdu espoir il y a bien longtemps.

- Si tu es d'accord, j'aimerais te parler en privé. Je ne veux pas que nous soyons dérangés.

Je hoche doucement la tête et le pasteur Anthony se met doucement en marche. Nous passons trois portes, un escalier et une quatrième porte avant d'arriver dans un petit jardin caché de tous. Ayant toujours aimé la nature et le jardinage en général, je me sens un peu plus à l'aise que précédemment et l'homme m'invite à m'asseoir. Quelques minutes passent et aucun de nous deux ne parle, contre toute attente le silence n'est pas pesant, il est léger, calme et il me procure une certaine satisfaction. Le pasteur se met à sourire avant de poser sa bible sur la table et de se lever afin de faire je ne sais quoi.

- Je - j'ai une question, Pasteur.

- Premièrement, nous sommes entre nous, et je considère ton oncle comme mon meilleur ami, appelle-moi Anthony. Vas-y mon enfant.

- Merci. Comment faites-vous pour ne pas perdre la foi ?

- « La foi ne rend pas les choses faciles, elle les rend possibles. » Luke 1.37. Ce n'est pas évident surtout avec la noirceur de certaines âmes, mais Dieu est amour, et je sais qu'au fond de moi, il fera les choses justement.

- Vous avez toujours cru en Dieu ?

- Non, j'ai quarante-six ans, ma famille est originaire des quartiers pauvres de Chicago et lorsque j'avais ton âge, j'étais accro à l'héroïne et au crack. J'ai rencontré une sœur dans l'hôpital où j'étais et elle m'a offert son amour pour Dieu. Une fois que j'allais mieux et bien j'ai fait mon possible pour devenir pasteur et ainsi aider les âmes tourmentées comme je l'étais, répond Anthony en touchant les roses parfaitement rouges. Elles sont sublimes...

Je ne réponds pas car je ne peux pas. Comme un homme tel qu'Anthony a pu être héroïnomane, accro au crack et devenir un homme de foi, d'église et pour finir de confiance.

- Tu sais que ça ne sera pas facile et le chemin de la guérison, de la confiance en toi. Également trouver la force de te pardonner sera très compliqué, long. Il y aura des embûches et des cailloux sur ta route, mais si tu crois réellement et que ta confiance est sans limite, alors tu y arriveras. Tu sais que Jésus est mort pour nos péchés ? Si tu souhaites réellement y arriver, tu dois déjà te pardonner à toi-même.

- Je ne sais pas si je suis digne d'être pardonné. J'ai fait beaucoup d'erreurs et de mal autour de moi. J'ai l'impression que tout ce que j'ai vécu est ce que je mérite... Comme toute cette souffrance ou l'alcoolisme, je le mérite. Je n'ai jamais cru en Dieu et pourtant j'ai ce sentiment que c'est lui qui me punit en ce moment même pour tout ce que j'ai fait.

- Ashton m'a raconté un peu ce que tu avais vécu et je dois dire que pour la plupart des choses, nous sommes identiques. Stella, si on m'avait dit il y a plus de vingt années de cela que je deviendrais pasteur et que j'aurais une communauté qui m'admirait, jamais je ne l'aurais cru. Grâce à Dieu tout est possible. Tu dis ne plus croire en rien et pourtant te voilà dans une église en train de te confesser à moi et ta vision de ce monde. Pour moi, cela signifie simplement que tu es brisée, perdue et que tu ne sais plus quoi faire, tout ce que je peux te dire, mon enfant c'est que tu ne dois pas perdre espoir. Notre père à tous récompense toujours ceux qui le méritent et toi, tu le mérites.

- Je ne sais pas si je mérite le pardon. Peut-être que « l'enfer » est la seule issue possible pour moi.

- Stella, tu t'es fait plus de mal à toi-même qu'aux autres. Certes, tu as commis des erreurs, mais tu as vécu des traumatismes et la mort de tes parents en est le commencement. Personne ne peut sortir indemne de ce genre de situation, même le plus pieux des Hommes. Tu n'as tué personne, tu n'as volé personne, tu n'as détruit personne sauf toi. Tu as fait des erreurs qui sont repérables, tu as le droit au pardon et à la rédemption.

Le pasteur Anthony se met à regarder sa montre et il revient s'asseoir auprès de moi. Pour ma part, je ne réponds toujours pas. Ce dernier prend ma main dans la sienne avant de plonger son regard dans le mien.

- On m'attend, peux-tu revenir demain ? J'aimerais te faire rencontrer des gens différents et je pense qu'ils pourraient t'aider sur la foi, le pardon et l'amour.

- Pas de soucis, Pasteur Anthony.

- Passe le bonjour à ton oncle, à demain !

Ce dernier me raccompagne jusqu'à la sortie de l'église, il me salue encore une fois et alors que je pars pour rentrer chez moi, une grosse voiture se gare près de moi. Le moteur se coupe, les portes s'ouvrent et plusieurs hommes en sortent. Ils sont grands, tatoués, et ils sont habillés différemment. Quelque chose de sombre, dangereux et interdit émane de ces inconnus. Lorsque l'un d'eux se tourne vers moi, ses yeux croisent les miens et j'ai l'impression de voir le diable en personne durant une fraction de seconde. Des frissons parcourent mon corps tandis que mes mains se remplissent de fourmis, mon cœur bat la chamade à mesure que cet homme s'éloigne de moi. Qui est-il ? Il ne semble pas me remarquer car son regard se pose sur le pasteur, un sourire sur ses lèvres rouges et quant à moi je continue ma route, chamboulée.