Si le sang avait un prix [Peaky Blinder]

Chapitre 3

" - Polly, peux-tu répéter ce que tu viens de me dire. Je- Ça ne peut pas être réel, non."

"- Bon sang, Roma..."

La voix de Polly était tremblante, elle témoignait de son état. L'image de son visage figé par la tristesse me parvint et je ne pus retenir mes sanglots. Je devais être forte. Je devais l'aider. Je n'avais quasiment jamais vu Polly dans une situation où ses émotions la submergeaient. Je ne parvins pas à prononcer autres choses que des reniflements peu élégants. Ma mère se tenait dans la cuisine, elle épluchait des pommes de terre tout en écoutant chacune de mes paroles. Je m'appuya contre le petit meuble sur lequel reposait le combiné. Je me força à reprendre mon souffle tout en mettant mes idées en ordre.

" - Je prends le premier train pour Birmingham."

L'échange téléphonique pris fin sur une Polly me remerciant, le souffle court. Une sueur froide prit possession de moi. Tout était vrai.

" - Roma, peux-tu m'expliquer ce qui se passe ?"

La voix de ma mère volait autour de moi sans que je puisse lui répondre.

"- Roma ? "

Ma respiration s'emballa et je ne parvins plus à entendre les paroles de ma mère à présent juste devant moi. 

"- Il est mort. Et le fils de Polly est gravement blessé."

" - De qui s'agit-il ? "

"- John."

Ses bras m'enveloppèrent et me soutenèrent au moment où l'une de mes jambes me lâcha. Elle prit le temps de calmer mes sanglots et me prépara un bain chaud. Ses gestes étaient maternels et semblaient habitués.  Tout ce qu'elle faisait lorsque mes nuits étaient tourmentées par des cauchemars lorsque j'étais enfant. Elle me laissa seule le temps que mon corps ait disparu sous l'eau mousseuse. La douce odeur de lavande frotta dans la salle de bain. Ma peau rougie sous l'effet de l'eau brûlante, mes émotions se mirent au fur et à mesure en place. 

"- Es-tu vraiment sûre de vouloir y aller ? Ne serait-il pas préférable que tu restes avec nous ?C'est une histoire de famille. "

Je verrouilla ma valise après y avoir déposé les derniers vêtements utiles pour mon séjour. 

"- Ton père ne sera pas content de ne pas de voir en rentrant."

"- Soyons sincère que je sois là ou non, il n'est jamais content." 

Ma robe disparue sous mon épais manteau de fourrure, je recouvris mes cheveux sous un petit chapeau brun. Sous son regard maternel, j'attrapa mon bagage sans me retourner.

"- Fais attention, Roma, tu le regretteras."

J'attendis, malle posée à mes pieds, qu'un bus s'arrêta pour prendre nouveaux passagers. Je sentais plus le bout de mon nez. La rue avait été dégagée suite aux grosses chutes de neige ayant eu lieu la nuit du réveillon de Noël. Les enfants jouaient dans les rues, les rires ricochèrent contre les enceintes des maisons. 

Mes doigts furent engourdis par les morsures du froid, je resserra ma prise autour de la poignée de ma mallette. L'arrivée du train fut un grand soulagement, je me surpris à pousser un léger soupir. Billet dans la poche, je trouva place non loin de la fenêtre. Le soleil ne réchauffa pas mon siège, ce dernier étant caché derrière le ciel nuageux menaçant de reprendre une nouvelle fois de rependre, sur la ville, un nouveau manteau blanc. 

Personne ne m'attendit sur le quai. Je ne tarda pas à me rendre au manoir Small Heath, je suivis chacune des instructions de Polly. Je traversa une grande partie de la ville en voiture avant de finir la route à pied, à bout de souffle et chacun de mes membres gelés par la température glaciale. Je fus surprise par la taille du domaine, devant moi s'étendait le manoir des Shelby. La cours était occupée par une file de véhicule surement garée à la hâte. Arrivée devant la porte, je me sentis minuscule face à la grandeur du bâtiment. L'entrée s'ouvrit brusquement, j'eus à peine le temps de descendre une partie des marches du perron. Une bombe brune s'élança en hurlant des injures.