Les deux jours suivants -peut-être les cinq autres aussi- passèrent sans que je ne m'en rendis compte. Mon lit fut, cette semaine, un ami de grand taille, il recueillit chacune de mes craintes, chacune de mes larmes ou encore de mes souvenirs. Je ne quitta ma robe de chambre, si bien qu'elle aurait pu se greffer sur ma peau nue. J'avais tout de même pris soin de me nourrir, peut-être pas des meilleurs aliments mais cela me passa au dessus. "Ne fais pas si, ne fais pas ça" Les événements n'avaient cessé de tourner en boucle encore et encore, jusqu'à me retirer des bras de Morphée. Peu à peu, j'essayais de les digérer, de ne pas regretter d'avoir quitter Londres pour une ville qui ne semblait pas m'apprécier. L'idée de retourner auprès de mes parents me frôla puis elle disparut au moment où je reçus un coup dans les côtes. Message reçu. Vous seriez étonné du nombre de fois qu'il s'est manifesté, peut-être deux fois plus qu'ordinaire. La plante de pied du bébé s'était dessinée sur mon ventre, bébé allait être danseur -ou danseuse.
"- Ethan ?"
"- Louisa ?"
"- Clarice ?"
"- Roméo ?"
La recherche du prénom de mon enfant s'avéra plus difficile que je ne le pensais. Je souhaitais éviter de donner le prénom d'un ex petit-ami ou encore d'une ancienne amie pas si amicale que ça. Je noircis plusieurs pages avant divers prénoms et les raisons pour laquelle je ne les choisirais pas. Une liste assez longue finie par prendre forme, la longueur était du à la non connaissance du sexe de mon enfant. Un prénom mixte pourrait faire l'affaire?
"- Camie"
"- Spencer ?"
La boulette de papier tomba juste à côté de la corbeille -sa destination finale-. Dans un grincement, je me retomba sur la montage d'oreiller. Le prénom idéal existe-t-il ?
En fin de mâtiné, mon quotidien -des plus sportifs- fut rompu par des coups portées sur la porte. Dans un premier temps, je vis une femme dos à l'entrée, elle se balançait d'un pied sur l'autre, cigarette au bout des doigts. A ses pieds se trouvaient un colis, le tout entouré de quelques lettres sûrement laissé par le propriétaire des lieux.
"- Je m'en charge. Files t'asseoir, il est hors de question que tu te bousilles le dos à cause de ton courrier."
Elle abandonna son mégot fumant dans un des pots décoratifs, puis elle cracha un petit nuage de fumée avant d'attraper le tout. Je l'entendis juré, à peine avait elle posé la paperasse qu'elle attrapa les gonds des fenêtres et qu'elle ouvrit l'entièreté de la pièce.
"- Dans quel porcherie vis-tu ?"
"- Le lieu-dit Wright, il me semble que tu connais ? Non, s'il te plaît ne touches pas à ça."
"- Depuis combien de temps es-tu coincée dans cette toile de jute ? J'imagine qu'à l'origine, elle devait être blanche."
Elle attrapa les draps du lit et elle les fit voler sur le bord des ouvertures. Son geste fit voler les feuilles noircies de prénom.
"- Bon sang, Roma, si tu revenais au Manoir, je ne serai pas obligée de faire le ménage dans ta chambre."
"- Je ne t'ai jamais demandé de le faire."
"- Ne commences pas à faire ta tête d'oeuf dur. Si tu avais été un de mes frères, tu te serais mangée une tape derrière le crâne."
"- Raison de plus pour ne pas faire partie de votre famille."
Le rire d'Ada fut contagieux, je fus secouée par le mien.
"- A quand remontes ton dernier bain ? Bien sûr, tu es libre d'aimer ce que tu veux mais tes cheveux me semblent plus que huileux et ta tunique de nuit pue. Un petit bain ne peut te faire que du bien."
Elle n'avait pas attendu ma réponse pour ouvrir le robinet de la baignoire. Elle passa en revue le courrier avant de se laisser tomber sur la banquette.
"- Elles ne sont pas très intéressant sauf si tu me caches une passion pour les timbres. Une âme de philatéliste ?"
"- Ton bain !"
L'eau était montée plus vite qu'elle ne pensait, le niveau arrivait quasiment en haut. Sans attendre, j'abandonna mes vêtements et je plongea mon corps dans l'eau fumante.
"- Il me semble qu'il n'y a que le colis qui est intéressant."
La voix de mon amie disparut lorsque je plongea ma tête sous l'eau. Je pris du temps à démêler l'ensemble de ma chevelure, Ada me chuchota l'idée de les couper. Comme toujours, elle finissait par me dire de ne pas le faire - "une chevelure comme la tienne, beaucoup tuerait pour en avoir une ..."-. Cette dernière fut surprise lorsque la robe, qu'elle m'avait tendu, ne permettait pas à mon bidon d'y entrer.
"- Tu la mettais encore deux semaines auparavant. Ton ventre a du faire une belle poussée."
Se fut couverte d'une peignoir-avec une paire de sous-vêtement- que je rejoignis mon amie. Notre curiosité eut raison de nous, je la laissa ouvrir le paquet. Ses mains s'attardèrent sur les ficelles, le papier s'envola rapidement tombant non loin de la corbeille. Je scrutais chacun de ses mouvements, elle finit par l'ouvrir. Son visage se figea une demi seconde, je crus la voir pâlir.
"- Mon dieu."
"- Non, pour une fois écoutes-moi. Ce n'est pas une bonne idée que tu vois ça."
Quelques instants plus tard, Ada essaya de joindre ses frères. Elle jouait avec le cordon du téléphone, signe qu'elle était nerveuse pourtant son visage n'offrait aucune émotion.
"- Bonjour, passez-moi..."
Elle baissa assez sa garde pour que j'ai l'occasion d'assouvir ma curiosité et de découvrir le contenu du colis. Après tout, il s'agissait d'un paquet qui m'était destiné, j'étais en droit de savoir ce qu'il contenait.
"- Tommy, pour l'amour de dieu passes-moi notre frère ainé. Je m'en contrefiche que vous soyez en réunion ..."
Je ne fus -étrangement- pas secouée par une crise d'angoisse, je l'avais senti s'évaporer au fil de mes respirations. Mon estomac se tordit et il menaça de rependre - de façon élégante- son contenu. Je me sentis pâlir à vue d'oeil, tout ce sang, cela me retournait le bide. Au lieu de me faire une leçon, Ada prit soin de moi autant qu'elle en était capable. Elle prenait toujours son temps lorsque je n'allais pas bien, ces derniers temps. Je m'en voulus de ne pas avoir donné de signes de vie les sept derniers jours.
Arthur était apparu comme un héros -aux traits fatigués-, je me retrouva assise sur la banquette arrière d'une de leur voiture. J'étais quasiment certaine qu'Arthur roulait trop vite, les rues me paraissaient flous.
Avez-vous déjà eu l'impression d'être une mouche retenue dans une toile d'araignée. Elle se bat pour partir mais elle finit rendre son dernier souffle dans cet endroit qu'elle voulait quitter. Je me sentais comme cette mouche, je venais de quitter Manoir Small Health pour finalement y retourner...
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Si le sang avait un prix [Peaky Blinder]
Fiksi PenggemarDans l'ombre d'une ruelle, elle se tient contre le mur, une des mes mains posées sur sa bouche pour cacher les petits nuages de fumées formés par sa respiration saccadée. 1 2 3 Elle essaie de se fondre d'avantage contre la froideur du bâtiment. Bie...