« Telle est notre malédiction, d'aspirer sans cesse à l'absolu, de le perdre infiniment et d'y survivre toujours. »
Isabelle Sorente.
Était-je condamné à regarder mes proches se rapprocher puis s'éloigner de moi ? Assis dans l'un des fauteuils de cuir du salon, j'observai une bonne partie des membres de la meute faire des allers-retours dans l'habitation jusqu'à ce que Valério arrive et ordonne aux autres de ne plus venir me déranger. Mes jambes pendaient nonchalamment sur l'accoudoir tandis que mon dos se tordait de douleur sur le second appui. Le brun aux cheveux bouclés était là, à quelques pas de moi. Sous la lumière artificielle du plafonnier, son visage se reflétait sur l'une des deux fenêtres de la pièce. Son regard, rivé sur l'extérieur, ne déviait pas une seule seconde, même lorsqu'il m'adressait la parole.
— Tu crois que nous reverrons Thomas et Amalia cette nuit ? me demanda-t-il, impassiblement.
Je ne voyais rien à l'extérieur, mais au vu de son interrogation, j'imaginais qu'il doutait fort de les croiser à Piccola Londra. En ce qui concernait Thomas, j'étais certain qu'Amalia saurait s'en débarrasser, ne serait-ce que pour une courte période. Pour la Lettre Z, je n'étais pas si sûr de ce à quoi je devais m'attendre. L'angoisse s'emparait de moi. Saura-t-elle m'aimer ? Tentera-t-elle de fuir ou de briser les chaînes ? Aucune certitude. Valério m'observait à travers la vitre lorsque j'eus récupéré mes esprits. Ses épais sourcils noirs étaient froncés, et tout d'un coup, ce n'était plus moi qui paraissait pensif.
— Si c'est la Lettre Z qui te tracasse, ne t'en fais pas.
Je m'en rongeai les ongles.
— Facile à dire pour toi. Et si elle ne comprenait pas les enjeux qui lui étaient confiés ? dis-je amèrement.
— Ne penses pas trop à ça pour l'instant. Mieux vaut attendre le retour d'Amalia pour en savoir plus et quelle stratégie adopter.
Sa voix était cristalline et ses cheveux bouclés couleur ténèbres formaient un halo sombre autour de son visage. Il ne s'était pas retourné, se contentant de me parler à travers la fenêtre comme pour faire le guet de l'autre côté de la barrière. Cela faisait déjà quelques minutes que nous n'entendions plus les autres aux étages mais l'accalmie déserta lorsque Valério tiqua. Je vis ses yeux changer d'expression en une fraction de seconde. Et je sentis une odeur qui m'était déjà connue.
— Il y a quelqu'un devant l'entrée, affirma-t-il.
Il n'eut pas le temps d'en faire plus que la porte claqua, faisant entrer dans l'enceinte de l'habitation deux présences. Aisément, je pus deviner de qui il s'agissait, de ce qui m'attendait derrière le mur. Pétrifié je les écoutai toutes les deux avancer jusqu'au salon. J'étais incapable de me retourner, au point où mon coude s'enfonça durement dans l'accoudoir. Je ne savais pas si mon engourdissement était dû à ma position ou à la terreur qui s'emparait de moi.
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L'Alpha B. Maudit
RomanceLorsque Zélia commence à être traquée par un Supramortel, les questions se précipitent dans son esprit sans parvenir à en déceler les mystères. Seule, elle devra faire preuve d'audace pour ne pas flancher, mais une fois le masque tombé, Basileus lui...