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Elle était fatiguée. Elle ne voulait pas quitter son lit aujourd’hui. Vu la douleur qu’elle ressentait dans son bas ventre, elle savait que sa journée serait foutue d'avance.

— Pourquoi je ne suis pas un garçon ? Râlait-elle en enfouissant son visage sous la couverture. Les règles c’est trop de la merde.

Elle avait beau agir et s’habiller comme un garçon, elle avait bien conscience qu’elle n’en était pas un.

— Shizuka ! Tu vas être en retard !

La porte de sa chambre s’ouvrit pour laisser entrer un jeune homme plus âgé. Long et musclé, le nouveau venu soupira en tirant la couverture de la jeune fille qui se retrouva à découvert.

— Shizuka !
— Fiche-moi la paix, Kaede ! Je n’irai pas en cours aujourd’hui.
— Va dire ça à nos parents pour voir.

L’adolescente claqua sa langue.

— T’es tellement pas mignonne. Râla son grand frère. Normal que maman soit d’une humeur de chien à chaque fois qu’elle te voit.
— Si elle ne m’aime pas, elle pourrait le dire au lieu d’être tout le temps de mauvaise humeur.

Chizome Shizuka et Kaede. Des enfants d’un couple de procureurs. Leur mère aurait souhaité que ses enfants suivent le même chemin. Malheureusement, Kaede avait préféré se lancer dans la peinture et Shizuka préférait se déguiser en personnage de manga, d’animé ou de jeux vidéo.

Bref, ils étaient tous les deux considérés comme de gros échecs dans la famille. Heureusement qu’ils étaient deux, de cette façon ils pouvaient se soutenir et s’entraider.

Lorsqu’ils descendirent dans la salle à manger, un silence malaisant y régnait. Leur parent prenait déjà le petit déjeuner. Le frère et la sœur se firent discret et commencèrent à manger en silence.

— Il faut vraiment que tu fasses quelque chose pour tes cheveux. Soupira la mère sans regarder Shizuka.
— Je les préfère courts, comme ça je n’ai pas besoin de me casser la tête tous les matins. Lui répondit Shizuka ayant deviné qu’elle parlait d’elle.
— Une jeune fille de ton âge devrait mieux prendre soin de son apparence. Ajouta le père.

Un silence prit à nouveau place. La mère fut la première à finir de manger et se leva. Elle eut quelques difficultés à se lever à cause de son ventre bien arrondi.

— Chérie, tu devrais peut-être te reposer. S’inquiétait le père. Le stress n’est pas bon pour le bébé.
— Pourquoi ne pas me materner aussi pendant que tu y es ? Dépêche-toi où on va être en retard.

Ils se préparèrent à la hâte et quittèrent le foyer sans un mot. Pas même une « bonne journée » pour la forme.

— C’est le moment où je retourne au lit. Annonça Shizuka les pouces levés.
— J’envie ton insouciance.
— C’est parce que t’es un artiste. T’es trop sensible. T’as beau t’être mis à la musculation, tu restes un introverti.

Avant, sa mère l’avait toujours forcée à s’habiller correctement. Elle avait les cheveux longs et tout. Pour les sorties, elle portait des robes. C’était juste en apparence, car une fois sa mère partie pour le travail, elle échangeait ses robes contre des sweats confortables, ses chaussures à talons contre des baskets montantes et attachait négligemment ses cheveux en arrière. Sa mère avait découvert son stratagème et elle avait fini par faire ce qu’elle voulait avec les remarques désobligeantes de sa mère.

— Pourquoi la vie n’en fait qu’à sa tête ? Dramatisa Shizuka. Ça aurait pu marcher si tu avais été une fille et moi un garçon.
— Revoilà le fameux discours. T’as douze ans maintenant, il faut que tu acceptes le fait que tu sois une fille.
— Je l’accepte une fois par mois. Je devrai me faire retirer l’utérus comme ça je ne saignerai plus.
— Mais tu t’entends parler ?

MIRAI || Tokyo revengersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant