Chapitre 4 : Malene

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Je n'aime pas les soirées. En fait si, mais pas de la même manière que les autres, c est tout. Moi ce que j'aime c est me balader seule la nuit, ma musique dans les oreilles. Je déteste les musiques que les autres semblent tant aimer. Et sûrement qu'ils en ont autant à mon égard. Mais je m'en fiche.

Ce que j'écoute alors ? En ce moment mon hymne c est Blizzard de Fauve. Elle me fait ressentir tellement de choses cette chanson. De la peur, mais aussi du réconfort.
J'ai peur car je me rends compte que, je suis une bête féroce et un sain. Et la bête qui est en moi me fait peur. Mais en même temps, je réalise que j'existe et que je suis pas si seule. Je rêve de sonner l'alarme et que tous les gens comme moi se réunissent, et qu'on s'aime.

Mais ce que j'ai plus de mal à accepter, c est la colère qu'elle me fait éprouver. Il appelle ça le blizzard, moi j'appelle ça ma maladie. Mon hypersensibilité doublée de tendances bipolaires.

Je pourrais débattre des heures sur les paroles de cette musique, il a tellement raison. "L'ennuie est un crime", j'aimerais tellement réussir à lutter contre. Mais parfois, il me dévore.

Comme ce jour là... où j'aurais rêvé que quelqu'un m'arrête comme il le fait. Que quelqu'un me dise ce qu'il dit dans cette musique. Pour que je ne me sois jamais tranché les veines. Ce jour là, j'ai vraiment failli mourrir. Pour de vrai. Ce jour où ma mère a vu le sang et a dit "putain tu fais chier". Ce jour où on m a recousu, laissant derrière une belle cicatrice.

Je la touche du pouce pendant qu'une larme roule sur ma joue.

Je me laisse aller à cette douce mélodie pendant que je sillonne les bois dans l'obscurité. C est si beau la nuit, ca me fascine. C est comme si elle m'appartenait. J'adore ce spectacle, il apaise mon blizzard.

La musique redémarre, je l'ai mise en boucle. J'ai besoin d'elle pour tenir le coup.

Et comme en coeur avec la musique...

- Ehhh qu'est ce que tu fais ? Arrête!

Je me retourne brusquement. Il est là.
Mon cerveau se met alors à tourner à mille à l'heure. Comment m a t il trouvé? Comment connait il cette musique ? Pourquoi....

Je secoue la tête. Non. C est juste un connard, juste un putain de connard.

Je me met à pleurer de plus belle. Satané d'hypersensibilité. Il s'approche mais je ne le vois pas. Il est près de moi mais je le sens pas. Je suis seule. Mon cerveau aurait il imaginé tout ça? Je tombe à genoux. Je n'en peux plus... c'était trop beau.

Ou trop flippant.

Je décide de retourner à la soirée, peut être qu'au moins, si mon cerveau me joue des tours, ce sera plutôt à cause de l'alcool.
Lorsque j'arrive devant la grande verrière, j'hésite un instant. C'est tellement grand, tellement plein.
Au moment où je m'apprête à avancer pour y rentrer, une main me retient. Je n'ai pas rêvé cette fois, si ?

- Malene, c est moi, c est Jules.

Je ne réponds pas, je ne sais pas vraiment si j'ai envie de lui parler.

- Je suis désolée pour tout à l'heure, dans les toilettes.

Quoi ? Mais pourquoi il s'excuse? On ne se connait presque pas.

- Je veux dire... c est pas moi ça, je suis pas ce genre de type.

Je réprime un rire. Si, il est complètement ce genre de type. Et puis ce n'est pas un drame, il ne m'intéresse pas, c est tout.

- J'aimerais tellement t'expliquer mes raisons...

Je hausse un sourcil. Il est bizarre, si il a des raisons, autant m'en parler. Sinon, je n'ai aucune chance de le regarder autrement.

Je soupire. Et pour la première, je remarque une sorte de tension entre nous. Une tension qui nous lie. Comme si je ne pouvais pas laisser notre histoire - s'il y en a une - s'arrêter là.

Alors je me relève la tête, et sans trop savoir pourquoi, je lui réponds.

- Ce n'est pas grave.

Et sans que je m'y attende, il me prend dans ses bras. Un contact chaud, et électrique. Mieux que des mots, c est comme si je comptais pour lui.

Je glisse délicatement mes mains dans les poches arrières de jean. Jaime bien faire ça. Il se raidit instantanément. Peut-être qu'il n'aime pas.

Mais au moment où je m apprête à retirer mes mains, je sens quelque cbose dans sa poche. Je l'attrape doucement.

- Oh eh ! Jules !

Il se retire presque immédiatement. C'est la voix de Jess.
Elle aime bien tout gâcher, surtout quand il s'agit de moi.

Jules me regarde bizarrement, ou plutôt il regarde ma main. Et c'est là que je l'aperçu. Le truc dans sa poche m'était resté entre les mains. Et ce n'est autre que.... Oh mon dieu ! Une culotte. Je la jette par terre tout de suite.

Et sans plus attendre, je fuis. C'est parfaitement degueulasse.

Je retiens mes larmes quelques instants mais elles finissent par se frayer un chemin entre mes paupières. Elles coulent à flot.

Je suis tellement débile!

Je croyais enfin avoir trouvé un garçon gentil, mais non, c'est toujours le même connard que celui que j'ai vu dans les toilettes.

Un jeu, Une filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant