Le rendez-vous

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Le soir-même, tout le monde s'était apprêté de sa plus belle tenue. Les élèves étaient tous euphoriques à l'idée de passer la soirée entre amoureux pour certains ou entre amis pour d'autres. Tout prétexte était bon à la fête.

Marta avait quitté l'appartement bien plus tôt dans l'après-midi, ce qui avait laissé amplement le temps à Joachim de préparer la décoration et le repas.

Clotilde, de son côté, avait eu tout le temps libre pour se torturer l'esprit. Elle était prise entre un mélange d'appréhension et de culpabilité. Les choses étaient différentes maintenant, elle ne voyait pas Joachim dans le dos de Guillaume mais malgré tout elle n'arrivait pas à s'enlever de la tête qu'elle était en train de faire une énorme connerie.

Cependant sa curiosité, et surtout son irrepressible besoin de revoir Joachim, étaient bien trop forts pour qu'elle ignore ses sentiments.

Elle s'était préparée la boule au ventre, l'estomac noué. Elle n'était même pas sûre d'être capable d'avaler quoique ce soit à ce fameux diner tant elle était nerveuse.

Elle avait parcouru son dressing de long en large, changeant d'avis sur la tenue à mettre au moins 10 fois avant de finalement opter pour un simple, mais élégant, pantalon taille haute en tailleur noir et un chemisier rouge en soie. La coupe lui allait à merveille et épousait parfaitement les courbes de son corps. Elle avait laissé ses boucles soyeuses détachées, et s'était légèrement maquillée pour l'occasion. Elle n'était pas le genre de femme superficielle qui avait besoin de se mettre en valeur pour que les hommes la remarquent. Sa beauté naturelle et son charisme éblouissaient la foule à chaque fois qu'elle entrait dans une pièce. Elle captivait le regard sans le moindre effort.

Peu de temps avant l'heure du rendez-vous, elle reçut un message de Joachim où il indiquait le bâtiment et le numéro de l'appartement. Cela avait un côté mystérieux et on se saurait cru dans un film à l'eau de rose, ça en était presque romantique.

Elle ne sut comment, ses jambes fébriles d'anticipation la conduisit jusqu'à la porte de l'appartement.

Elle avait hésité longuement avant de se décider d'aller plus loin. Quand elle comprit assez rapidement que le lieu de rendez-vous était en fait un appartement dans la résidence estudiantine de l'institut, elle fit presque demi-tour sur le champ. Mais à quoi diable pensait-il? Si quelqu'un la voyait?

Le calme et l'absence de monde au sein de la résidence l'avaient cependant convaincue de s'aventurer plus loin. Ça, et le fait qu'au point où elle en était il était un peu tard pour reculer.

Elle prit son courage à demain, prit une profonde inspiration et frappa doucement à la porte. Son coeur battait à vive allure, si fort qu'elle pouvait sentir les battements cogner dans ses tympans.

Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit et son regard croisa celui de Joachim. Dieu qu'il était beau.

Ils restèrent un long moment sur le seuil de la porte, chacun perdu dans le regard de l'autre, à parler un langage silencieux que seuls eux en avaient la traduction.

Un claquement de porte raisonna dans les couloirs et les ramenèrent tout deux à l'instant présent.

"Rentre, je t'en prie." Joachim dit-il finalement.

"Tu aurais pu me prévenir que c'était l'appartement de ta soeur..."

Clotilde avait vu juste direct. Joachim se sentit soudainement mal à l'aise.

"Je sais, je suis désolé.. Mais t'en fais pas, personne viendra nous déranger!" Sourit-il, rassurant.

Il la débarassa de ses affaires tel un gentleman et tandis qu'il accrocha son manteau au porte-manteau, elle en profita pour laisser son regard s'attarder sur lui.

Il revint vers elle quelques secondes plus tard et elle ne tenta même pas de détourner son regard.

"C'est toi qui a fait tout ça?"

"Euh, oui. Ça te plaît?"

"C'est très joli."

"Tout comme toi. Tu es ravissante."

Clotilde sourit, sans un mot. Elle tourna la tête vers la table et détourna le sujet.

"Alors, qu'est-ce qui est prévu au menu?" Plaisanta-t-elle, décrochant alors un sourire à Joachim.

La soirée se déroula sans encombre. Ils étaient rapidement passés au diner, parlant de tout et de rien, prenant des nouvelles l'un de l'autre.

Joachim avait expliqué qu'il avait pas mal galéré sur certains chantiers ces derniers mois à cause de la météo capricieuse et que la proposition d'Antoine de revenir travailler à l'institut lui avait éviter certainement des soucis financiers.

Clotilde, quant à elle, était restée très vague à son sujet. Prétextant simplement qu'elle était trop débordée avec les élèves et les cours pour avoir du temps pour elle.

L'ambiance retomba alors quelque peu, et elle pouvait sentir que la discussion devenait quelque peu gênante.

"Je... Je ne veux pas te faire de mal en parlant de ça ce soir, mais il y a une question que je me pose depuis que je suis revenu." Joachim tenta-t-il.

"Quoi donc?"

"Toi et Guillaume, c'est- c'est à cause de notre histoire que ça s'est terminé?"

Il ne regrettait en rien son aventure avec Clotilde, bien au contraire. Mais il s'en voudrait terriblement de savoir qu'il pouvait être la cause de son malheur.

Clotilde ne put retenir un léger rire sarcastique.

"Non. Enfin, je ne sais pas." Elle soupira, "effectivement je n'ai pas très envie de parler de ça ce soir tu vois."

"Je comprends."

Un silence s'installa entre eux. Clotilde se rendit compte qu'elle avait peut-être été un peu trop sèche dans sa réponse et elle regretta immédiatement. La discussion avait jeté un froid.

"Guillaume m'a trompée."

"Oui, je- j'avais cru comprendre que quelque chose n'allait pas au réveillon de Noël."

"Du reste il est parti pour vivre son histoire d'amour avec elle au grand jour." Dit-elle sur un ton presque reprocheur.

"Je suis désolé."

"Vraiment?" Demanda-t-elle sur un ton amer.

"Oui, vraiment." Joachim tendit son bras et prit sa main dans la sienne. "Tu mérites un homme qui sache voir la chance qu'il a d'avoir une femme comme toi à ses côtés."

"Je n'y suis pas pour rien non plus dans cette histoire... Je l'ai trompé en premier, je te rappelle."

"Je sais. Et même si ça n'excuse pas tout, tu avais tes raisons. Il ne te regardait plus." Joachim avait les yeux rivés sur leurs mains entrelacées avant de lever son regarde vers elle. "Pas comme moi je te regarde."

De nouveau, ils échangèrent un regard complice. Puis, Joachim attrapa son portable sur le coin de la table et commença à chercher quelque chose. Clotilde le regarda dubitative.

"Qu'est-ce que tu fais?"

Soudain, une douce mélodie se fit entendre.

"Danse avec moi."

Le retour de JoachimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant