Don't forget me

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Hanahaki desease

" Tu as fait éclore des fleurs dans mes poumons et, malgré leur beauté, je ne peux plus respirer. "
— Auteur inconnu

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La première fois que c'est arrivé, c'était dans ma tasse de thé.

Il n'y a jamais rien eu de surprenant à boire un thé. En trempant mes lèvres prudemment pour tester le niveau de chaleur du liquide, comme je le faisais chaque matin, je ne m'attendais pas à ce que je me mette à m'étrangler à moitié en avalant une gorgée. J'avais sûrement bu de travers. Du moins, c'est ce que j'ai pensé en reposant ma tasse sur la table tout en me raclant la gorge pour tenter d'effacer ce sentiment de légère brûlure dans ma trachée.

Puis j'ai observé avec stupéfaction les minuscules pétales bleus qui flottaient paisiblement sur la surface de l'eau fumante.

C'était avec ça que je m'étais étouffée ?

Je me suis vaguement demandé comment ces petits pétales avaient bien pu se retrouver dans mon sachet de thé, avant que les impératifs de la vie n'ôtent cet étrange évènement bien assez vite de mon esprit.


La journée suivante, je me suis dit que je couvais sûrement un petit rhume. J'avais passé la journée à toussoter en essayant de dégager un drôle de grain qui me grattait la gorge, en vain.

Puis le soir, je me suis prise d'une telle quinte de toux que j'ai dû courir pour cracher de la bile dans le lavabo.

Des pétales. De nouveau. Bleus, sur l'acrylique blanche.

A ce moment-là, j'ai réalisé qu'il y avait peut-être un problème.


Ça a recommencé avant que je ne me questionne sur ce qui était en train de m'arriver.

Avant de me rendre compte que c'était moi, qui crachait des pétales de fleurs bleues.

C'est la même chose tous les matins, maintenant. Depuis un certain temps.

C'est un peu comme avoir des cendres dans la gorge. Tout le temps. Ça reste collé aux parois, c'est granuleux, ça ne s'en va jamais.

Ça empire.

Et au lieu de cracher du feu, on vomit des fleurs, de longues tiges vertes avec leurs feuilles. Des minuscules pétales bleus que j'ai appris à connaître durant les mois précédents.

D'après les Yamanaka - que je suis allée discrètement consulter après m'être rendue compte que je vomissais régulièrement des fleurs -, la plante que je leur avais décrite portait de nombreux noms. Le grémillet, la scorpione, l'oreille de souris, à cause de la forme de ses pétales. Plus communément, le myosotis. L'herbe d'amour.

Parce que j'ai de l'amour à revendre. Parce que j'ai compris plus tard que cracher des fleurs était une maladie du cœur, qui fatigue à force de battre dans le vide, et qui dépérit doucement de demeurer oublié.

« Ne m'oubliez pas ».

Le myosotis a donné une tangibilité à mon plus grand cri du cœur.

J'en voyais tellement, de ces fleurs, quand j'étais petite. A la fin du printemps, elles envahissaient mon jardin, dépassaient le vert de la pelouse pour la rendre bleue, un peu violette. Ça me fascinait d'observer mes pieds s'enfoncer dans un parterre de bleu. Elles étaient faciles à arracher, ces fleurs. Je les trouvais belles, délicates, si minuscules, d'une jolie couleur, un peu plus profonde que le ciel.

𝕃𝕖𝕤 É𝕔𝕙𝕠𝕦é𝕤 | Kakashi x Reader - RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant