Chapitre 3

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« C'est l'intention qui compte. » Une phrase que j'ai beaucoup trop entendue. Bien sûr, j'ai l'intention de sauver l'humanité. Mais si nous ne faisons rien, nous courons à notre perte. La question est : que devons-nous faire ?

Dix heures venaient tout juste de sonner lorsque Jeanne toqua à la porte de la petite demeure d'Ayden qui s'ouvrit après un court moment sur celui-ci. Le jeune homme l'accueillit chaleureusement et semblait soulagé qu'elle se soit bien présentée. Le rendez-vous qu'il lui avait donné paraissait à l'adolescente tôt pour un samedi matin, mais elle l'avait accepté sans rouspéter, le sort du temps lui paraissant plus important que de faire la grasse matinée.

Lorsqu'elle passa le seuil de la porte, la jeune fille observa un salon humblement meublé. Ce fut cependant vers un couloir percé de quelques portes que le garçon l'entraina. Il en ouvrit la première, laissant place à un lieu meublé de trois grandes bibliothèques, d'une table de travail et d'un grand sofa olivâtre. Sur le mur, une immense carte du monde était épinglée. Jeanne ne pouvait s'empêcher d'admirer l'attention avec laquelle tout avait été positionné.

─ Tadam ! Notre refuge pour la journée ! clama le propriétaire des lieux.

Sur ces mots, il se saisit des deux ordinateurs portables situés sur le bureau et lui en tendit un.

─ Il y a des informations sur notre don sur Internet ? s'étonna la jeune fille.

─ Ha mais certainement! C'est grâce à ça et au livre sur la table qu'on a établi notre théorie : tu sais que, lorsqu'un objet est vieux, il devient défectueux. Eh bien, on croit qu'il y aurait quelque chose qui serait comme... maître du temps. Une sorte d'énergie tangible qui est usée et qu'on pourrait d'une certaine manière réparer, qui serait cachée quelque part sur notre planète. C'est notre idée, pour l'instant.

L'adolescente acquiesça, malgré elle pessimiste. Ils étaient censés trouver une boule d'énergie située quelque part sur Terre et un moyen de la réparer. L'enjeu semblait énorme et, pour le moment, insurmontable.

─ Eh bien, fit-elle en clignant répétitivement des yeux, au travail !

Alors que le garçon s'installait sur le fauteuil, Jeanne préféra le professionnalisme du bureau, autant pour conserver ses distances avec le jeune homme que pour être plus apte à s'appliquer dans sa recherche.

La jeune blonde songea longuement à ce qu'elle allait taper dans la barre de recherche. Comment pouvait-elle écrire quelque chose et espérer tomber sur une énergie régulatrice de temps décrite vraisemblablement ? Elle finit par se résoudre à feuilleter le livre dont l'Intemporel lui avait parlé et dont les pages jaunies et remplies d'une écriture cursive s'effritaient sous ses doigts.

Il ne lui fallut que quelques secondes pour plonger dans le fantastique monde de son auteur. Jeanne réalisa après quelques pages que le bouquin était le journal d'un anicien Intemporel qui avait noté toutes ses expériences en lien avec son don à l'intérieur. À quelques reprises, il faisait mention d'un certain « régulateur temporel », sans pour autant décrire ce dont il s'agissait. Plongée dans l'univers du narrateur, l'adolescente fut soudain interrompue par une voix derrière son épaule.

─ C'est intéressant, non ? Mon père l'a trouvé chez un antiquaire il y a quelques années. Il a été écrit il y a environ cent-cinquante ans.

Émerveillée par cette découverte et par le riche contenu dont il était rempli, Jeanne leva sur son homologue des yeux brillants, oubliant toute son amertume pour lui.

─ Je l'adore ! s'exclama-t-elle. Il raconte tellement bien ce que je vis ! Ça vient tellement souligner ce que tu m'as dit ! Je... c'est super.

L'intensité du regard qu'ils échangèrent alors lui coupa le souffle. Jamais la jeune fille ne s'était à ce point laissée avaler par l'océan que représentaient les iris du garçon. Comme dans un rêve, elle le vit faire un pas vers elle et lui placer un index sous le menton pour l'empêcher de détourner le regard.

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